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Antisudorifiques et déodorants: vos aisselles sous la loupe

Antisudorifiques et déodorants: vos aisselles sous la loupe
Closeup on woman applying roller deodorant on underarm
CentralITAlliance via Getty Images
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Le fait d'utiliser antisudorifiques et déodorants ne touche pas uniquement votre vie sociale, cela influe aussi sur la vie des microbes qui vivent sur votre corps. Des travaux de chercheurs américains montrent en effet que le recours à ces produits change le type et la quantité des bactéries qui peuplent le microbiome des aisselles humaines.

Un texte d'Alain Labelle

Des milliers d'espèces de bactéries peuvent vivre sur la peau humaine, particulièrement dans les milieux humides comme les aisselles.

«Jusque-là, il était difficile d'établir quelles bactéries vivaient au niveau des aisselles en particulier, mais nous avons découvert que l'un des principaux déterminants de leur présence à cet endroit est l'utilisation de déodorants ou d'antisudorifiques. »

— Rob Dunn, Université de la Caroline du Nord

Depuis le dernier siècle, le recours à ces produits est devenu une routine quotidienne pour bon nombre d'humains.

Pour connaître leur impact sur le microbiome cutané, les chercheurs ont recruté une vingtaine de personnes, certaines utilisant l'un des produits, d'autres utilisaient l'autre ou les deux, et certains aucun.

L'expérience a duré 8 jours, pendant lesquels des échantillons microbiens étaient recueillis à quelques reprises.

La première journée, les participants ont suivi leurs routines hygiéniques quotidiennes. De la deuxième à la sixième journée, les participants n'ont utilisé aucun produit corporel.

Pour la septième et huitième journée, ils ont utilisé un antisudorifique. Les chercheurs ont recueilli des échantillons quotidiennement pour déterminer l'abondance de bactéries chez chacune des personnes et les comparer sur l'ensemble de l'expérience.

Les chercheurs ont établi que ceux qui utilisaient des produits corporels le premier jour avaient généralement moins de bactéries aux aisselles, mais qu'elles étaient présentes dans une grande variété. Cette observation ne permettait donc pas de tirer de conclusions.

Au troisième jour, les participants qui avaient utilisé les produits montraient une croissance de la vie microbienne. Et à la sixième journée, la quantité de bactéries était comparable pour tous les participants.

Toutefois, lorsqu'ils ont recommencé à utiliser les produits aux jours 7 et 8, le nombre de microbes s'est mis à baisser considérablement. Donc, les antisudorifiques et déodorants réduisent bel et bien la vie microbienne.

Les auteurs des travaux ont également séquencé génétiquement les différents échantillons pour déterminer si ces produits influaient sur la diversité microbienne dans le temps.

Ce qu'ils ont découvert est intéressant :

Chez les participants qui n'utilisaient pas d'antisudorifique ni de déodorant, 62 % des microbes détectés étaient des Corynebacteria, suivi par des Staphylococcaceae (21 %), puis par une variété d'autres bactéries (10 %)

Chez les utilisateurs réguliers, 60 % de leurs microbes étaient des Staphylococcaceae et seulement 14 % étaient du genre Corynebacteria.

Le saviez-vous?

- Les Corynebacteria sont reconnues pour être partiellement responsables des mauvaises odeurs, mais c'est également celles qui protègent contre les pathogènes.

- Les Staphylococcaceae sont parmi les microbes les plus communs retrouvés sur la peau. Si certains peuvent poser un risque pour la santé, la plupart sont considérés comme bénéfiques pour la santé humaine.

Ces travaux montrent donc que l'usage des antisudorifiques et déodorants réarrange complètement l'écosystème bactérien de la peau.

«Nous ne connaissons pas leurs effets sur la peau et sur notre santé. Est-ce bénéfique? Est-ce nuisible? Nous n'en savons rien.»

— Julie Horvath, Université de la Caroline du Nord

Les chercheurs estiment que ces questions doivent maintenant avoir des réponses. Ils pensent que ces nouvelles connaissances montrent comment les habitudes que nous adoptons, aussi banales soient-elles, peuvent avoir un impact important sur l'évolution des organismes bactériens qui peuplent notre corps.

Les détails de ces travaux sont publiés dans le journal PeerJ.

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