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Le Québec perd-il ses sièges sociaux?

Le Québec perd-il ses sièges sociaux?

Dès l'annonce de l'achat de Rona par l'entreprise américaine Lowe's, les chefs du Parti québécois et de la Coalition avenir Québec sont montés aux barricades pour dénoncer la perte d'un siège social. Mais comment la province se compare-t-elle par rapport au reste du pays?

Un texte de Bruno Maltais

« Nous en avons trop perdu, des sièges sociaux. Tout le monde le dit, tous les commentateurs le disent », a affirmé Pierre Karl Péladeau. « Est-ce que le Québec devient une économie de succursales? Le gouvernement Couillard a-t-il un plan pour nos sièges sociaux? » s'est interrogé François Legault.

La vente d'une entreprise québécoise à des intérêts étrangers soulève des questions quant aux intérêts de la province. Les activités des sièges sociaux ont entraîné une création de richesse de 5,1 milliards de dollars au Québec en 2011, selon un rapport KPMG-SECOR publié en 2013.

« Au cours de la période 2001-2013, les achats d'entreprises hors Québec par des entreprises québécoises ont été beaucoup plus nombreux que les achats d'entreprises québécoises par des firmes non québécoises. »

— Rapport de KPMG-SECOR

De plus, la valeur des achats réalisés par des entreprises québécoises était supérieure à celle des ventes d'entreprises québécoises, note le même rapport.

Érosion des sièges sociaux

En 2014, le Québec comptait 568 sièges sociaux qui employaient directement plus de 50 000 personnes, selon les plus récentes données de Statistique Canada. Le Québec compte 20,6 % des sièges sociaux du pays, et 22,9 % des emplois qui y sont associés. À titre de comparaison, la population du Québec représente 23 % de la population canadienne, et le PIB du Québec représente 19 % du PIB du Canada.

Des entreprises vulnérables?

Ces chiffres ne donnent toutefois qu'un aperçu de la réalité. Au-delà d'un siège social, il faut voir où les véritables décisions d'une entreprise sont prises, souligne Yvan Allaire, de l'Institut sur la gouvernance d'organisations publiques et privées.

Dans une perspective plus large, la faiblesse du dollar canadien pourrait, parmi d'autres facteurs, rendre certaines entreprises canadiennes alléchantes pour des investisseurs étrangers. Or, « on est encore au Canada le pays le plus ouvert aux offres hostiles », soutient Yvan Allaire.

En 2013, le gouvernement péquiste a mis sur pied un Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises pour étudier le maintien et le développement des sièges sociaux au Québec. Son rapport publié en 2014 soulève des inquiétudes quant à la capacité de maintenir les sièges sociaux dans la province.

« Trop de sièges sociaux sont vulnérables aux offres publiques d'achat, alléchantes à court terme pour les actionnaires, mais qui provoqueraient des pertes économiques importantes pour le Québec. »

— Groupe de travail sur la protection des entreprises québécoises

Les offres hostiles ne sont toutefois pas monnaie courante. Selon le rapport KPMG-Secor, les offres hostiles ou non sollicitées représentaient moins de 2 % des transactions pour la période 2001-2013 et elles ont été utilisées autant de fois par des entreprises québécoises que par des firmes de l'extérieur.

Dans une économie ouverte, le Québec tire aussi profit des entreprises étrangères qui ont des filiales dans la province, soutient Christian Bernard, économiste en chef à Montréal International. Selon les données compilées par Montréal International, les quelque 2200 filiales étrangères représentent 1 % des établissements d'affaires dans la métropole, mais 10 % des emplois et 20 % du PIB de la région.

« Le Canada en général et le Québec en particulier ont tout intérêt à ne pas fermer leurs portes aux investissements étrangers. »

— Christian Bernard

« Si on veut que nos entreprises génèrent de la croissance et atteignent des masses critiques qui leur permettent de devenir des moteurs de croissances économiques en sol québécois, il faut absolument ouvrir nos portes et qu'il n'y ait pas trop de contraintes lorsque vient le temps de laisser rentrer en sol canadien et québécois des investisseurs étrangers. »

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