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«Imparfait» d'Alexandre Barrette: pas juste un «bon garçon»

«Imparfait» d'Alexandre Barrette: pas juste un «bon garçon»
Courtoisie

Un gentil garçon, Alexandre Barrette? Plutôt joyeusement immature et insouciant ou, comme le veut le titre de son deuxième one man show, littéralement Imparfait. Or, les imperfections d’un mi-trentenaire au talent d’orateur comique extraordinaire peuvent s’avérer formidablement drôles.

À prime abord, la gueule d’ange d’Alexandre Barrette ne laisse anticiper aucune malice. Taquin sur les ondes de V, l’humoriste dégage l’image de ce garçon adorable à qui on confierait sans craintes son bébé, son chien ou sa carte de crédit.

C’est pourquoi mercredi, dans le Monument-National rempli qui était le théâtre de sa rentrée montréalaise, certains ont peut-être été étonnés d’entendre Alexandre Barrette jaser pornographie… à 20h26, approximativement une quinzaine de minutes après que la structure évoquant une pièce fermée qui lui sert de décor ne s’illumine, pour marquer le début du spectacle.

«Ça fait changement d’Atomes crochus!», a d’ailleurs lancé Alexandre avec panache, deux secondes après avoir décrit crûment le «cadeau» qu’une conquête d’un soir venait de lui offrir.

Vulgaire, direz-vous? Non. Du moins, pas gratuitement. Barrette, qui signe lui-même tous ses textes, parle sans censure de sa vie de jeune adulte et, forcément, ce n’est pas nécessairement toujours bon enfant. Il se permet aussi d’être un tantinet baveux à l’occasion avec le public. Mais ce n’est pas gras, déplacé ou dérangeant. Juste un tout petit peu salé, question de donner encore plus de goût à ce plat déjà fort savoureux. Et sa bouille d’éternel adolescent ravi lui donne le droit de tout dire… ou presque.

De toute façon, Alexandre Barrette n’a pas besoin d’exagérer dans l’humour irrévérencieux, méchant ou absurde pour séduire. Car son talent est naturel. Son œil expert sur son quotidien et son entourage, son sens de la dérision, son intelligence, sa présence, sa capacité de voguer d’un sujet à l’autre font d’Imparfait une prestation extrêmement solide, clairement bâtie sur mesure pour les Y de ce monde, mais qui a le potentiel de ratisser large, très large. Et qui s’impose de surcroît comme étant nettement supérieure à son premier stand up, Alexandre Barrette et personne d’autre!

Fraîcheur et authenticité

Mercredi, l’ambiance «adulescente» s’est rapidement installée, alors que Barrette a salué d’entrée de jeu un certain Mathieu, une blague «que sept personnes ont rie», dixit notre hôte. Drôle d’entrée en matière que cet «inside», mais le reste de la salle ne perdait rien pour attendre.

Premier thème à réflexion d’Imparfait : la notoriété et le fait d’être reconnu. Une poignée de main aux urinoirs, un malaise au salon funéraire, ou se «faire envoyer chier par une dame de 60 ans», tout peut arriver à Alexandre Barrette. «Je fais le plus beau métier du monde», crâne le principal intéressé, avec le même air que celui d’un gamin qui vient de tester un coup pendable.

Une chicane de couple devant Walking Dead (salutations à la comédienne Catherine Brunet, l’ex-copine d’Alexandre, qui devient par la force des choses l’une des vedettes de l’enchaînement), un «top quatre» personnel des plus belles filles au monde, une expérience d’hypnose chez la psychologue, une hilarante lettre d’Alexandre Barrette écrite à lui-même (où il évoque sa coupe de cheveux «d’apprenti homosexuel»… et en profite pour mentionner les diffusions d’Atomes crochus et de Taxi payant), un filleul au nom hollywoodien, un coup de gueule au Spa Le Finlandais, un autre au lait d’amandes («le dernier breuvage à boire avant de se suicider»), des brownies au pot, une compromettante conversation à sens unique par messages-textes, un «micro de la vérité», le rythme est soutenu tout au long de la présentation, et les fous rires le sont tout autant. Aucun numéro n’est trop lent, tous les segments sont bien dosés, on ne s’ennuie jamais.

Attendrissant lorsqu’il parle des bévues mignonnes de sa maman sur Facebook, décourageant lorsqu’il raconte son comportement avec les bébés, et précis comme un chirurgien quand il analyse une assiette de nachos, Alexandre Barrette nous offre un mini tour guidé de sa propre existence pour montrer comment il peut être, justement, imparfait, comme le sont sans doute plusieurs de ses pairs du même âge.

La finale, bien tournée, constitue une sorte de bilan de tout le spectacle, où interviennent les principaux protagonistes des jours imparfaits d’Alexandre. Même Serge Postigo trouve le moyen de s’y faufiler. Allez donc comprendre ce qui trotte dans la tête d’un Alexandre Barrette!

Avec Imparfait, on a le sentiment de renouer avec le jeune Alexandre Barrette efficace et gonflé d’assurance qui, en début de carrière, lisait des lettres pleines d’inconscience à des enfants parrainés par Vision Mondiale. Toujours aussi frondeur, plus expérimenté, sûr de lui et maîtrisé, l’artiste a néanmoins su conserver sa fraîcheur et son authenticité.

Alexandre Barrette présentera Imparfait en supplémentaires à Montréal les 29 et 30 avril et à Laval les 8 mars et 8 avril. Plusieurs autres dates affichent complet. Consultez le www.alexandrebarrette.com.

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