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Alexandre Barrette: le choc des générations (ENTREVUE)

Alexandre Barrette: le choc des générations (ENTREVUE)
Michel Grenier

Le nouveau one man show d’Alexandre Barrette s’intitule Imparfait, mais aurait aussi pu recevoir le titre de Choc des générations. Non pas pour référer à l’ancienne émission de variétés de Gregory Charles, mais plutôt parce qu’Alexandre, dans ce deuxième solo, décortique sa réalité de jeune mi-trentenaire, en la comparant à celle de ses parents au même âge. Et son œil d’humoriste observateur constate que le fossé entre les deux époques est relativement grand.

«Moi, j’ai 34 ans, je suis un jeune célibataire qui fait des spectacles dans les clubs, je travaille de soir, je vis dans un petit appartement, à Montréal. Mon père, à 34 ans, venait de m’avoir, il avait trois enfants, il était marié et avait bâti sa maison en banlieue. Sa vie n’est pas meilleure ou moins bonne que la mienne, et vice-versa, mais je pars de ces différences, et ensuite, j’ouvre sur des thèmes plus généraux», illustre Alexandre.

Lorsqu’il a été annoncé, l’automne dernier, qu’Alexandre Barrette s’apprêtait à repartir en tournée, on nous présentait Imparfait comme un portrait grandeur nature des questionnements de la génération Y, dans lequel l’artiste distillait ses réflexions sur les bonheurs et tracas de la vie. Pas en total désaccord avec ce résumé élaboré à des fins de marketing, le principal intéressé apporte néanmoins des nuances.

«C’est sûr que ça concerne un peu plus ma génération, mais je pense que les gens de l’âge de mes parents vont aussi rire des gags, en y reconnaissant leurs enfants, ou en se reconnaissant dans la description que je fais de mes parents. Je parle de la famille, du fait d’avoir des enfants, des relations de couple, des loisirs et des divertissements, qui changent beaucoup. Je n’ai pas un seul sujet à marteler, je n’ai pas de long numéro de 25 minutes, mais plutôt une cinquantaine de petits numéros.»

«Et ce n’est pas une thérapie, non plus, tient à préciser Alexandre. Ce n’est pas lourd. Je ne prends pas le public en otage en lui racontant que je ne feele pas bien! Mais c’est sûr que je m’inspire beaucoup de ce que je vis actuellement.»

L'amour de la tournée

Alors que la caméra continue de tourner à plein régime pour lui sur les ondes de V, où il est toujours à la barre de Taxi payant et d’Atomes crochus, Alexandre Barrette aurait pu prendre un peu de temps pour lui en 2015 et en 2016, pour relaxer avant de se lancer dans l’aventure d’un deuxième spectacle. Après tout, son premier, Alexandre Barrette et personne d’autre, aura vécu trois ans sur les planches de la province, de février 2012 à décembre 2014.

Mais ce serait mal connaître le garçon que de croire qu’il prend joie à procrastiner. Sitôt tiré le trait sur son premier tour du Québec, il a commencé à roder du nouveau matériel, rongé par la hâte de renouer avec son premier amour professionnel : la scène.

«J’ai réalisé que j’aime beaucoup la tournée et que je ne voulais pas m’en passer pendant trois ou quatre ans. Dès le mois de janvier 2015, j’ai commencé à écrire le show, à le roder dans des petites salles, les soirées d’humour et au Bordel Comédie Club. J’avais des représentations de six à neuf fois par semaine.»

Inspiré, Alexandre Barrette a écrit l’entièreté des textes d’Imparfait complètement seul, comme c’était le cas pour Alexandre Barrette et personne d’autre.

«Il y a un peu d’orgueil là-dedans (rires), mais en même temps, j’aime vraiment écrire de l’humour. Je trouve l’écriture très valorisante.»

Il assume en outre sa propre mise en scène. Seule sa bonne amie Korine Côté lui donne un coup de main à la script-édition. Retour d’ascenseur, alors que lui-même est le metteur en scène de Mon show, premier one woman show de la divine Korine.

«Je suis très vaillant, mais je peux être un peu dissipé dans mon travail, et Korine était mon coach d’écriture, explique Alexandre Barrette. Elle m’a aidé au niveau de l’ordre des numéros, m’a suggéré de couper tel ou tel segment. Je suis un grand fan de Korine depuis une couple d’années. On a une bonne complicité, une bonne chimie au niveau du style d’humour, on se complète assez bien. Ça arrive souvent que j’écrive un gag, et qu’elle me dit qu’elle aurait aimé faire un numéro là-dessus, ou vice-versa.»

Rêves de talk-show

Alexandre Barrette est choyé par le métier depuis sa sortie de l’École nationale de l’humour, en 2002. La télévision et la radio lui ont rapidement fait les yeux doux et, s’il lui aura fallu 10 ans pour proposer un premier effort à son nom, celui-ci lui aura valu d’écouler 95 000 billets, un petit exploit en ces temps économiques hasardeux.

Il a de surcroît remporté son premier trophée Gémeaux en septembre dernier, pour son boulot au volant de Taxi payant. Or, c’est véritablement lorsqu’il enchaîne les blagues devant une assistance hilare qu’Alexandre Barrette prend le plus son pied.

«Taxi payant, je ne peux pas croire que je suis payé pour faire ça, dans la vie, s’extasie l’animateur. J’éprouve une gratitude sans bornes de faire ça et, en plus, d’être rémunéré. Mais, c’est sûr que, si demain, j’avais le choix entre faire une toute dernière chose, animer deux heures de Taxi payant ou faire un show d’humour, je choisirais le show. L’adrénaline associée à la scène, entendre les gros rires live dans ma face, rien n’accote ça, pour moi.»

Le touche-à-tout caresse-t-il encore des projets qu’il n’a toujours pas tentés? Quel est son plus grand objectif, à moyen ou long terme? La réponse ne se fait pas attendre.

«Animer un talk-show, balance-t-il spontanément. C’est mon rêve. Chaque fois que je croise Éric Salvail, je lui dis que j’ai hâte qu’il quitte (rires). Avec Taxi payant et Atomes crochus, j’ai découvert un côté de moi qui aime aller parler aux concurrents, aller chercher du «drôle» et de l’information, en jasant. C’est comme réaliser de petites entrevues. J’aimerais avoir un talk-show classique, à la Jimmy Fallon ou Jay Leno, et commencer avec un petit stand up sur l’actualité de la journée, ou alors quelque chose de déjanté, à la Fin du monde est à sept heures, que j’adorais, à l’époque. Ça jumellerait toutes mes passions, soit faire de l’humour à la télévision, avec du stand up et des entrevues.»

Alexandre Barrette présente Imparfait au Monument-National, à Montréal, du 3 au 5 février, avant de partir en tournée pour toute la prochaine année. Toutes les dates sont sur le site web.

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