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Le «baby clash» guette-t-il les nouveaux parents?

Nouveaux parents, attention au «baby clash»!
Mother and father with newborn infant
Jupiterimages via Getty Images
Mother and father with newborn infant

Malheureusement, bon nombre de poupons verront leur unité familiale se dissoudre avant même d’avoir soufflé leur toute première bougie. Naissance, séparation… y aurait-il une corrélation?

Il faut faire attention, car le sujet est plutôt délicat, mais jusqu’à un certain point, oui. Ce phénomène, bien réel, a un nom : le «baby clash».

Selon le Gottman Research Institute à Seattle, spécialisé en relations de couple, approximativement deux couples sur trois trouvent que la qualité de leur relation a décliné moins de 3 ans après la naissance de bébé. L’institut affirme aussi que près de 39 % des mariages se termineront par un divorce moins de 5 ans après la naissance d’un enfant.

Un rapport du National Health Statistics révèle que les unions ayant tendance à durer le plus longtemps sont celles où les partenaires ont attendu d’être mariés au moins 8 mois avant de procréer. Le psychiatre français Bernard Geberowicz a même publié un livre sur le phénomène.

Renée Lanctôt, sexologue, coach et éducatrice sexuelle, résume brillamment ce déséquilibre relationnel : «En étant constamment examinés, scrutés à la loupe par tout le monde, les parents semblent projeter toute leur attention et dévouement sur leur bébé et s’oublier, oublier l’autre et l’amour qu’ils éprouvaient envers leur partenaire avant l’arrivée au monde du fruit de leur amour… C’est assez ironique, ne trouvez-vous pas?»

À l’origine de ce problème? Des tensions qui s’accroissent avec la venue de nouvelles responsabilités et un réaménagement de vie, mais surtout, une sexualité de plus en plus négligée. La sexologue explique : «Je vois couramment dans mon bureau des couples avec des enfants en bas âge. La plupart du temps, les amants qu’ils étaient n’existent plus… ça a donné place à des partenaires qui font équipe et élèvent ensemble leur enfant… La mère et le père ont pris la place des amants. Ceux-ci ont cessé de faire l’amour sur une base régulière, car ils sont épuisés, drainés, ils n’ont plus d’appétit sexuel.»

Évidemment, plus vous serez préparés et aurez soigneusement planifié l’arrivée de bébé tout en vous renseignant sur les premiers jours, semaines, et mois suivant la naissance de bébé, plus vous pourrez préparer un plan de match afin de minimiser au maximum le baby-clash. Vous vivrez des désillusions : discutez-en avec votre amoureux. Bernard Geberowicz l’affirme haut et fort : les couples les plus fragiles sont ceux qui n’étaient pas prévenus des difficultés qui pouvaient les attendre. Lisez le plus possible à ce sujet et discutez de vos attentes et de vos craintes respectives. Organisez d’avance les tâches ménagères en conséquence, trouvez une gardienne, déterminez qui ira à la garderie le matin, de quels items aurez-vous besoin lors de la première semaine à la maison, etc.

L’étape numéro un : ayez vos finances à l’œil et établissez un budget.

Selon Renée Lanctôt, l’argent est au cœur des préoccupations chez la plupart des futurs papas. Et avec raison : Moneysense.ca a établi que d’élever un enfant jusqu’à l’âge de 18 ans coûterait facilement en moyenne 13 366 $ par année, soit 1114 $ par mois - par enfant.

Renée Lanctôt explique: «L’homme veut être le pilier de l’unité familiale. Même si cette notion a dramatiquement changé depuis que les femmes retournent sur le marché du travail (après leur congé de maternité), l’homme ressent le besoin d’être une source de sécurité et de stabilité financière pour sa famille. Quand on pense à ce que ça coûte, avoir des enfants… le stress est réel. Cela peut créer des tensions additionnelles chez les deux parents. Tandis que chez les femmes, on a plutôt tendance à éprouver des inquiétudes par rapport à l’éducation des enfants ou à des détails par rapport à l’horaire familial, les repas, le bain, les devoirs, etc.».

Deuxième étape : prendre soin de soi… et de «nous»

«Avant de faire équipe avec son amant, il faut prendre du temps pour soi, et ce, peu importe si vous êtes le père ou la mère. Chaque parent a besoin de recharger ses batteries. Prenez le temps de poser de petits gestes afin de vous sentir attrayant : prendre un bain… s’épiler, avoir de jolis ongles, aller au gym. Quelques petits gestes suffisent. Il s’agit de se sentir homme ou femme à nouveau, de continuer de soigner son apparence. Lorsque les femmes se sentent féminines, elles ont tendance à flirter davantage avec leur partenaire. Lorsqu’un homme se sent attrayant auprès de la gent féminine, il a tendance à vouloir impressionner sa dulcinée... L’homme et la femme recommenceront donc à se courtiser, à reconquérir l’autre. Cette étape est cruciale, car elle sert à ne pas placer l’enfant au cœur de chacune des préoccupations familiales… Afin que des parents restent ensemble, il doit y avoir une connexion, un courant entre les deux. La qualité de cette connexion varie considérablement d’un couple à l’autre, mais je dirais en général que plus un couple s’accorde du temps, plus leur relation est solide, ce qui aura pour effet de solidifier le noyau familial.»

La coach recommande d’expliquer à votre progéniture que maman et papa ont besoin de passer du temps ensemble parfois, et de ne pas les déranger après 20h le soir, par exemple, tout dépendant de l’âge des enfants. «Il n’y a aucun mal à ça!», explique cette dernière. «C’est OK d’expliquer à un enfant que maman et papa ont besoin de passer un moment entre adultes. Il est important de savoir quand dire non aux enfants. Certains parents sont l’esclave de leur marmaille, ainsi donc c’est beaucoup plus difficile de se rendre disponible auprès de son conjoint et de connecter». Il est donc crucial de repositionner les frontières de son intimité.

La troisième et dernière étape : garder un équilibre

Il y a le couple et son intimité, le couple et la vie sociale (le boulot, les amis) et le couple et la famille respective de chaque individu. Il y a les sorties, la sexualité, les aspirations de l’homme et de la femme, le «baby blues» pour certains, la proximité de la nouvelle mère et de son bébé à accepter pour le papa, une nouvelle dynamique familiale qui voit le jour et son lot d’humeurs et d’émotions qui viennent avec.

Le nouveau-né causera des crises au sein du couple à plusieurs niveaux et des turbulences chez 100 % des couples, selon Bernard Geberowicz, l’auteur de Baby-clash, le couple à l’épreuve de l’enfant. Sachez qu’il y aura un retour du balancier, qu’un nouvel équilibre se mettra en place après quelques mois. En attendant, le dialogue est essentiel.

Les premiers mois, vous ne pourrez tout résoudre, certaines choses seront loin d’être parfaites, alors acceptez ce fait et utilisez votre énergie à d’autres fins. Essayez de maintenir un minimum de vie sociale. Mais surtout, surtout, gardez à l’œil votre intimité : «Un bon moyen de prendre le pouls de notre relation quand on a des enfants et lorsqu’on est pris dans un véritable tourbillon familial et tout ce que cela comporte est de prendre en note toutes les fois où l’on a eu une sortie en amoureux ou vécu un moment d’intimité avec son conjoint. Ainsi donc, si les dates commencent à s’espacer de plus en plus entre les relations sexuelles, par exemple, cela vous donnera une bonne indication de ce qui se passe au sein de votre couple présentement. Ça peut vous inspirer à y consacrer plus d’efforts ou à varier vos méthodes… À la fin de chaque mois, vous pourrez donc vous asseoir tous les deux, regarder le calendrier et voir ensemble si le dernier mois fût satisfaisant ou pas. C’est une bonne façon de discuter de son niveau de satisfaction au sein du couple au lieu d’ignorer certains faits et d’éprouver du ressentiment… Ainsi donc, vous pourrez gérer vos conflits avant qu’il ne soit trop tard».

Chéli Sauvé-Castonguay

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