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Koriass à la recherche du «Love Suprême» (ENTREVUE/VIDÉO)

Koriass à la recherche du «Love Suprême» (ENTREVUE/VIDÉO)
Drowster

Koriass revient à la charge avec un généreux album intitulé Love Suprême, qui sortira le 5 février. Le respecté rappeur de Saint-Eustache, déménagé depuis quelques années à Québec frappe un autre bon coup avec des pièces qui traitent du narcissisme, de l’angoisse, de l’approbation populaire et de l’individualisme.

Rue des Saules, paru en 2013, avait été très bien accueilli. De toute évidence, Love Suprême devrait plaire tout autant. Encore une fois, c’est intelligent, corrosif et pas mal rythmé. Koriass chante au «JE» et ça fonctionne pas mal bien.

« La ligne directrice principale de l’album, c’est l’amour. Mais je devrais plutôt dire le besoin d’amour. Mon désir de rester imprégné dans le temps à tout prix. La volonté d’être légendaire, d’être populaire et d’être adulé. Tout ça mélangé avec les vraies raisons pour lesquelles je fais de la musique. Tous les artistes ont un côté narcissique. Ils veulent marquer le monde en faisant de la musique, particulièrement dans le rap. Évidemment, c’est exagéré. »

Il ne s’en cache pas, Koriass se pose beaucoup de questions sur son métier. Sur le précédent album, il avait puisé beaucoup son inspiration dans le thème de la dépression [psychologique, qu’il a lui-même vécu]. Cette fois, il s’interroge sur les finalités de son art. Il dit avoir toujours pas mal réfléchi à la musique qu’il propose, à un niveau philosophique, disons.

« Ce sont des questions qui n’ont pas nécessairement trouvé leurs explications. La réponse dans cet album, c’est que l’amour suprême devrait être donné de manière non intéressée plutôt que dans un désir de recevoir pour nourrir la bête qui se cache en nous, c’est-à-dire le narcissisme. L’amour, je tente de le donner honnêtement à mes fans, mes enfants, ma famille et les gens autour de moi […] On est tellement dans un monde du LIKE tout azimut. »

Imposer sa voie

En filigrane du thème de l’amour, on retrouve également celui du «totalitarisme», selon le chanteur. « J’aime bien me mettre dans la peau de certains personnages. Je m’appelle Corey Jung-il (référence à l’ancien dictateur de la Corée du Nord) sur une chanson. J’ai envie que le monde m’aime à tout prix et je suis prêt à tout faire pour y arriver. J’impose mon besoin d’être aimé. Je dois dire qu’il y a un parallèle avec la vraie vie. J’ai beaucoup de difficulté avec la critique. Quand on n’apprécie pas mon travail ou quand on m’adresse des commentaires négatifs, ça me fait chier. C’est ce que j’entends par suprématie, aussi. »

Love Suprême renferme douze morceaux assez hargneux à la réalisation de qualité. Ça file, ça rime, ça claque. Musicalement, le travail de Koriass, dont la chanson Zombies, rappelle celui du rappeur américain Kendrick Lamar. On retrouve sur l’album une myriade de références, des noms de personnalités connues dont l’homme d’affaires et politicien P.K. Péladeau (notamment sur la pièce Leader), le chanteur Corey Hart, l’animateur et chroniqueur de musique Claude Rajotte (Légendaire) ou encore l’acteur Marc-André Grondin, à qui il ressemble (visage) de manière troublante.

Même le comédien Gilbert Sicotte, en sorte de petit démon paternaliste, collabore à la galette de Koriass. Il est savoureux sur les cinq courts morceaux Hate Suprême (de #1 à #5) parsemés sur l’album, qui d’ajoute à la douzaine de composition de Koriass.

« Sicotte une image qui est à l’opposé de ce que je projette sur Love Suprême. Je suis assez bad ass et cinglant. Sur Nulle Part, par exemple, le rappeur livre un coup de gueule à l’endroit de ses homologues rappeurs. Il incarne ma voix intérieure qui me demande si c’est vraiment ce que je voulais devenir. Il me qualifie de clown. Il m’insulte pour me faire réaliser à quel point je suis passé à côté. Sicotte, c’est un être qui vient en quelque sorte remettre les pendules à l’heure. Il est paternel, réconfortant, grave et très méprisant en même temps. »

Koriass a collaboré avec Larry (du trio de hip-hop Loud Larry Ajust) pour le morceau Jolies filles, et Loud pour le pièce Pardon. Il a également fait appel à la voix de Sabrina Halde, de Groenland, pour la chanson-titre de l’album Love Suprême. Pour la musique, il a obtenu de l’aide de Ruffsound et Philippe Brault (celui-ci a aussi coréalisé l’opus) à la composition.

Koriass livrera deux concerts-lancement (au moins 90 minutes) au Cercle de Québec le 5 février et au Club Soda de Montréal le 6 février.

Koriass

Love Suprême, sous l'étiquette Disques 7ème Ciel

5 février 2016

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