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La raison pour laquelle Edmonde Charles-Roux quittait "Vogue" en 1966 est plus que jamais d'actualité

La raison pour laquelle Edmonde Charles-Roux quittait "Vogue" en 1966 est plus que jamais d'actualité
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Révolutionnaire? La romancière Edmonde Charles-Roux, décédée ce jeudi 21 janvier à l'âge de 95 ans, célèbre pour son œuvre littéraire (prix Goncourt 1966), est aussi connue pour avoir voulu faire avancer le petit milieu de la mode. En 1966, alors rédactrice en chef de Vogue Paris, elle quittait du jour au lendemain le magazine sur "rumeur de scandale". En cause? Avoir voulu ouvrir la Une de la version française du magazine à plus de diversité.

"Edmonde Charles-Roux a été licenciée du jour au lendemain, ce fut très brutal, raconte Iseult Williams, l'ancienne rédactrice en chef de Marie-Claire et de Grazia et auteure du livre Impératrices de la mode. Elle est arrivée un matin de 1966 pour aller chercher sa paie et on lui a dit, 'c'est fini'. Elle n'a jamais cru que sa volonté de mettre un mannequin noir en couverture de Vogue était la seule raison de son départ forcé, elle pensait surtout avoir payé pour ses liens étroits avec Louis Aragon et Elsa Triolet. Cette amitié déplaisait fortement au propriétaire de Vogue, Condé Nast qui, en pleine Guerre Froide, était vivement anti-communiste", affirme-t-elle encore.

Edmonde Charles-Roux en 1966

Pour voir un mannequin noir en Une de Vogue Paris, il faudra finalement encore attendre vingt ans: en 1988 le magazine affiche pour la première fois en couverture un mannequin noir en la personne de Naomi Campbell.

Cette polémique datant de 50 ans est on ne peut plus d'actualité. En 2016, être un mannequin noir et faire la couverture d'un grand magazine de mode est toujours une consécration.

En effet, pas plus tard que l'an dernier, c'est une autre couverture du Vogue français qui avait relancé la polémique. Pour la Une du numéro d'avril avait été choisie la mannequin Liya Kebede.

Cela faisait 5 ans que la version française du journal n'avait pas mis de modèle noire sur sa couverture. Il faut remonter à 2010 pour retrouver une femme de couleur à la une d'une édition de Vogue (Rose Cordero, originaire de la République Dominicaine). Puis remonter encore plus loin, en 2002, pour retrouver Liya Kebede en couverture.

L'édition française du magazine n'est pas un cas particulier.

Régulièrement naissent des polémiques qui font office de piqûre de rappel au monde la mode. L'an dernier par exemple, Teen Vogue avait dû faire face à la colère des internautes suite à la publication d'un dossier consacré aux coiffures sénégalaises. Pour celui-ci, le magazine avait choisi des mannequins blancs ou à la peau très claire.

En 2012, c'est le magazine Elle qui était accusé de "racisme ordinaire" pour avoir publié un article intitulé "Tendance: Black Fashion power", sur la "mode noire" influencée par Rihanna, Nicki Minaj, Solange Knowles. L'idée de l'article? Ces égéries ont intégré "tous les codes blancs". Le billet avait été retiré du site et la rédaction en chef avait présenté ses excuses.

La liste des polémiques est longue. Mais petit à petit, la mode semble apprendre de ses erreurs. De plus en plus, celle-ci essaye de faire dans la diversité: mannequins grande taille, handicapés, trans, de couleur... une tendance que n'aurait certainement pas renié Edmonde Charles-Roux.

Découvrez dans notre vidéo ci-dessous comme la mode a intégré la diversité en 2015:

25 mannequins noires qui ont influencé le monde

Donyale Luna

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