161 finalistes québécois se démarquent dans la liste des nominations des Prix Écrans canadiens 2016, dont les cérémonies de remise de prix se tiendront en mars, à Toronto.
Du lot, on dénombre 28 longs et courts métrages et documentaires, et 70 émissions de télévision ou productions en médias numériques, et leurs artisans. Les êtres chers, Félix et Meira, Endorphine et Nineteen-two, pendant anglophone de 19-2, brillent particulièrement.
Le gala soulignant l’excellence au cinéma et au petit écran canadien était auparavant scindé en deux événements distincts, les Genie et les Gemini, et est désigné sous l’appellation «Prix Écrans» depuis 2013. Si la célébration n’a pas nécessairement la même résonnance auprès du public québécois que les Gémeaux ou les Jutra, force est d’admettre que la Belle Province y est toujours dignement représentée. Et l’Académie canadienne du cinéma et de la télévision (ACCT), qui en assure l’organisation - de même que celle des Gémeaux au Québec - veille à ce que les spectateurs d’ici y trouvent aussi leur compte.
«On va travailler pour qu’ils soient interpellés de plus en plus, a promis Mario Cecchini, nouveau président de l’ACCT au Québec, qui succède à Richard Speer. Tous les prix sont importants pour le cinéma. Il y a une gratification très forte là-dedans.»
Manne pour Les êtres chers
Parmi les titres québécois retenus aux Prix Écrans 2016, Les êtres chers, d’Anne Émond, a récolté sept nominations (film, réalisation, montage, chanson originale de Martin Léon, scénario et premier rôle féminin et masculins pour Karelle Tremblay et Maxim Gaudette).
«C’est extraordinaire, s’est extasiée Karelle Tremblay. Il y a tellement d’actrices que j’adore dans la même catégorie que moi! J’apprends beaucoup d’elles, et d’être comparée à elles, c’est un grand cadeau.»
«Je suis très heureux, car j’ai cru en Les êtres chers dès le départ, a souligné Maxim Gaudette, qui avait remporté un Genie en 2010 pour son rôle dans Polytechnique. Dès la lecture du scénario, j’y ai perçu quelque chose de très profond, solide, fort, humain, et Anne est parvenue à faire un film très délicat, très tendre. C’est un tour de force, et je suis content que ma performance ait été appréciée à ce point-là.»
Très actif en composition musicale pour le septième art, Martin Léon avait été nommé aux Genie en 2012 pour Monsieur Lazhar, de Philippe Falardeau, et planche présentement sur les bandes sonores d’Embrasse-moi comme tu m’aimes, d’André Forcier, des Trois petits cochons II de Jean-François Pouliot, et de The Bleeder, de Philippe Falardeau. Cette fois, les Prix Écrans ont reconnu son travail pour la chanson Red and Yellow. «C’était la deuxième fois que j’écrivais un poème en anglais, a noté l’auteur-compositeur. Les êtres chers est une œuvre tellement personnelle, puisée dans l’âme même de la réalisatrice Anne Émond, qui m’a fait penser au passage de la vie à la mort, des feuilles qui virent du jaune au rouge, de la nuit vers le jour. Alors j’ai intitulé la chanson Red and Yellow.»
D’autres heureux
Félix et Meira, de Maxime Giroux, a arraché cinq mentions (film, réalisation, premier rôle féminin pour Hadas Yaron, direction artistique et direction de la photographie), tout comme Endorphine, d’André Turpin (scénario, effets visuels, rôle de soutien féminin pour Mylène Mackay, son d’ensemble et montage sonore).
Guibord s’en va-t-en guerre, de Philippe Falardeau, est cité à trois reprises (scénario, son d’ensemble et rôle de soutien masculin pour Irdens Exantus), au même titre que Le garagiste, de Renée Beaulieu (son d’ensemble, montage sonore et montage).
Corbo, de Mathieu Denis, s’en tire avec deux évocations (costumes et rôle de soutien masculin pour Tony Nardi). C’est également le cas d’Anna, de Charles-Olivier Michaud (maquillages et musique originale), des Démons, de Philippe Lesage (film et rélisation) et de La passion d’Augustine, de Léa Pool (musique originale et premier rôle féminin pour Céline Bonnier). Christine Beaulieu pourrait rafler les lauriers dans la catégorie du rôle de soutien féminin pour sa prestation dans Le mirage, de Ricardo Trogi, pendant que Patrick Hivon pourrait être élu pour le meilleur rôle de soutien masculin, grâce à Ville-Marie, de Guy Édoin.
«Je n’avais pas pensé que je pourrais être en nomination, s’est emballée Christine Beaulieu. Je dois avouer que ça me bouleverse. Je suis heureuse, touchée, étonnée, ça me fait vraiment plaisir. Au Canada, il y a encore plus de candidatures de films, de possibilités, et ça nous fait rencontrer d’autres gens. Ça me fait réaliser que je ne connais pas nécessairement beaucoup le cinéma canadien anglais, et je me rends compte que j’ai un chemin à faire dans cette connaissance.»
Télévision
Au final, la prestigieuse distinction du Meilleur film sera attribuée parmi 10 productions, soit Guibord s’en va-t-en guerre, Les êtres chers, Félix et Meira, Les Démons, Corbo Brooklyn, The Forbidden Room, Remember, Room et Sleeping Giant. Au total, c’est Room, de Lenny Abrahamson, qui domine la course de ces Prix Écrans, avec ses 11 nominations.
Côté volet télévision, 19-2 se classe dans 12 sections. Le réalisateur Podz, les auteurs Jesse McKeown et Nikolijne Troubetzkoy et les acteurs Laurence Leboeuf, Conrad Pla, Bruce Ramsay, Jared Keeso et Adrian Holmes, pourraient tous repartir avec une statuette. L’adaptation de la populaire série québécoise fait face à de gros canons télévisuels, tels Orphan Black, X Company et Schitt’s Creek.
Mardi, lors du dévoilement du tableau d’honneur des Prix Écrans canadiens 2016, au Cinéplex Odéon Quartier Latin, à Montréal, on a annoncé que le nouveau prix Découverte, saluant un talent émergent ayant offert une œuvre à micro-budget (250 000$ et moins) était décerné au film Mina Walking, de Yosef Baraki. On savait déjà, par ailleurs, que l’acteur Martin Short sera honoré pour l’ensemble de sa carrière.
Avec leurs 132 catégories (24 en cinéma, 101 en télévision et 7 en médias numériques), les Prix Écrans ne peuvent qu’être octroyés en plusieurs rendez-vous. Cette année, les festivités s’enclencheront le 7 mars, au cours d’une soirée qui se déploiera tant à Montréal qu’à Toronto. Les 8 et 9 mars se tiendront les galas de l’industrie, et la présentation télédiffusée, elle, sera retransmise en direct à CBS le dimanche 13 mars, à 20h. Norm Macdonald animera.
Défis pour Mario Cecchini
La conférence de presse de mardi constituait la première activité publique de Mario Cecchini en tant que président de l’ACCT. Celui qui est aussi président de Corus Média a récemment formé le conseil d’administration de l’organisation-mère des Prix Écrans et des Prix Gémeaux, sur lequel siègent notamment André Béraud, directeur fictions et longs-métrages de la télévision de Radio-Canada, Carole Laure, cinéaste, Nancy Charest, productrice, Louis Choquette, réalisateur et Danielle Trottier, auteure. Une première rencontre du comité aura lieu le 5 février. Au cours de son mandat de deux ans, Mario Cecchini souhaite prôner l’union comme mot d’ordre, en ces temps difficiles qui secouent le milieu culturel.
«Ce n’est un secret pour personne qu’il y a de grands défis qui nous attendent, a avancé Mario Cecchini. Plein de choses se sont passées au Québec, en 2015, en télé et en cinéma. Je pense qu’on peut être une belle table pour voir un peu comment on peut contribuer. Ce que j’entends beaucoup, c’est qu’on est l’endroit où tout le monde est là. L’Union des artistes, l’AQPM, les diffuseurs, l’Académie rassemble tous ces gens-là.»
En ce qui concerne le Gala des Prix Gémeaux, Mario Cecchini entend veiller à ce que la bonne entente continue de régner entre les différents producteurs et décideurs, après la «grande réconciliation» orchestrée par Richard Speer l’an dernier.
«Le travail est de s’assurer que ça perdure. De garder une bonne harmonie dans un contexte de franche compétition, il faut se l’avouer. Le succès, on le voit souvent dans la pérennité. Mais je pense que l’industrie a cette même volonté, et comprend, comme le dit le dicton, qu’unis, on est plus forts que séparés», a conclu le président.
Quelques nominations importantes des Prix Écrans canadiens 2016
Meilleur film
Brooklyn
Corbo
Les Démons
Félix et Meira
The Forbidden Room
Guibord s’en va-t-en guerre
Les êtres chers
Remember
Room
Sleeping Giant
Meilleure réalisation
Philippe Lesage – Les Démons
Maxime Giroux - Félix et Meira
Anne Émond – Les êtres chers
Lenny Abrahamson – Room
Andrew Cividino – Sleeping Giant
Meilleur scénario
André Turpin – Endorphine
Philippe Falardeau – Guibord s’en-va-t-en guerre
Anne Émond – Les êtres chers
Benjamin August – Remember
Matt Hansen – Zoom
Interprétation masculine dans un premier rôle
Maxim Gaudette – Les êtres chers
Christopher Plummer – Remember
Rossif Sutherland – River
Jacob Tremblay – Room
Jasmin Geljo – The Waiting Room
Interprétation masculine dans un rôle de soutien
Waris Ahluwalia – Beeba Boys
Tony Nardi – Corbo
Irdens Exantus – Guibord s’en-va-t-en guerre
Nick Serino – Sleeping Giant
Patrick Hivon – Ville-Marie
Interprétation féminine dans un premier rôle
Leah Goldstein – Diamond Tongues
Hadas Yaron – Félix et Meira
Karelle Tremblay – Les êtres chers
Céline Bonnier – La passion d’Augustine
Brie Larson – Room
Interprétation féminine dans un rôle de soutien
Balinder Johal – Beeba Boys
Mylène Mackay – Endorphine
Christine Beaulieu – Le mirage
Joan Allen – Room
Cynthia Ashperger – The Waiting Room
Best Dramatic Series
19-2
Blackstone
Motive
Saving Hope
X Company
Best Comedy Series
Mr.D
Mohawk Girls
Schitt’s Creek
Tiny Plastic Men
Young Drunk Punk
INOLTRE SU HUFFPOST