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Menacé en Syrie, un réfugié gai est soulagé d'avoir pu s'installer au Canada

Menacé en Syrie, un réfugié gai est soulagé d'avoir pu s'installer au Canada
FILE - In this Monday, June 16, 2014 file photo, demonstrators chant pro-Islamic State group slogans as they wave the group's flags in front of the provincial government headquarters in Mosul, 225 miles (360 kilometers) northwest of Baghdad, Iraq. Islamic State militants have abducted at least 70 Assyrian Christians, including women and children, after overrunning a string of villages in northeastern Syria, two activist groups said Tuesday, Feb. 24, 2015. (AP Photo, File)
ASSOCIATED PRESS
FILE - In this Monday, June 16, 2014 file photo, demonstrators chant pro-Islamic State group slogans as they wave the group's flags in front of the provincial government headquarters in Mosul, 225 miles (360 kilometers) northwest of Baghdad, Iraq. Islamic State militants have abducted at least 70 Assyrian Christians, including women and children, after overrunning a string of villages in northeastern Syria, two activist groups said Tuesday, Feb. 24, 2015. (AP Photo, File)

TORONTO - S'il n'avait pas reçu de menaces de castration, Rasheed aurait pu croire que ses opinions politiques étaient la seule raison pour laquelle la police syrienne le harcelait.

Ses amis et lui avaient commencé malgré eux à attirer l'attention des policiers à Damas dès 2012. Ils avaient été informés que leur présumée opposition au régime du président Bachar el-Assad expliquait ces rencontres de plus en plus tendues.

Mais Rasheed - qui a demandé à ce que son nom de famille ne soit pas utilisé dans cet article parce qu'il n'a pas dévoilé son homosexualité à ses proches - pense que le vrai motif lui a été révélé le jour où il a été emmené à la prison locale en compagnie d'une poignée d'autres hommes gais.

L'agent qui lui a bandé les yeux et qui l'a battu avec des câbles électriques a en effet fait des commentaires révélateurs après avoir saisi son cellulaire qui contenait des photos ne laissant planer aucun doute sur ses préférences sexuelles.

Hormis les railleries et les insultes homophobes, les policiers ont menacé de lui faire subir des sévices bien plus cruels.

"Nous allons te castrer, nous allons te violer. Tu ne reverras jamais la lumière du soleil", ont-ils dit à leur victime.

C'est ce genre de comportement, qui correspond à la norme en sol syrien selon Rasheed, qui a permis au jeune homme de 32 ans d'obtenir le statut de réfugié au Canada et de commencer une nouvelle vie.

Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés a placé les hommes célibataires ouvertement gais, bisexuels ou transgenres sur la liste des personnes les plus vulnérables en Syrie et nécessitant un transfert urgent dans un autre pays.

Le Canada a respecté les directives de l'organisme onusien en sélectionnant les 25 000 demandeurs d'asile qu'il s'est engagé à accueillir au cours des prochains mois, faisant des hommes homosexuels des candidats prioritaires aux côtés des familles complètes, des femmes en danger et des autres membres des minorités sexuelles.

Rasheed a toutefois failli rater sa chance de refaire sa vie à Toronto, où il réside depuis la fin de 2015.

Il séjournait chez des proches au Liban lorsque les autorités syriennes ont fait irruption dans la maison de ses parents, à Damas, en plein milieu de la nuit dans le but de l'arrêter.

D'après le jeune homme, son père et sa mère ont réussi à communiquer avec lui à Beyrouth et à le prévenir de ne pas rentrer en Syrie. C'est là qu'il a entamé les démarches pour venir s'installer au Canada.

Selon ceux qui travaillent avec les réfugiés issus de la communauté lesbienne, gaie, bisexuelle et transgenre (LGBT), il est rare que les gens dans cette situation bénéficient du soutien de leur famille.

Justin Taylor, le directeur général de l'organisme torontois Rainbow Railroad, affirme que les personnes fuyant les pays où l'homophobie est profondément enracinée dans la culture arrivent dans leur lieu d'adoption avec encore moins de ressources que la plupart des autres demandeurs d'asile.

"Les gens que nous aidons sont en conflit avec leurs proches, explique-t-il. Ils ont été victimes de violence de la part de leur propre communauté parce qu'ils sont LGBT. Ce sont des cas très spéciaux qui sont souvent confrontés à beaucoup de risques pendant qu'ils attendent d'être réinstallés ailleurs."

Rasheed confie que ses premiers mois à Toronto se sont bien déroulés malgré quelques difficultés, dont celle de trouver un logement abordable.

Il soutient que le contraste entre le traitement réservé aux homosexuels en Syrie et au Canada est particulièrement frappant. La relative acceptation des Canadiens par rapport aux gais le réjouit.

"Je trouve cela très respectueux, indique-t-il. Chaque fois que je dis que je suis gai ou que je vais dans des endroits gais, dans la société en tant que telle, je sens que le fait que je sois gai est respecté."

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