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Tensions à l'UQAM autour d'une plainte pour harcèlement sexuel

Tensions à l'UQAM autour d'une plainte pour harcèlement sexuel
Radio-Canada

La question du harcèlement sexuel continue de provoquer des tensions au sein de l'UQAM. Un tract anonyme qui circule au sein de l'établissement depuis mardi accuse la direction de se traîner des pieds depuis le dépôt d'une plainte en décembre dernier. L'administration assure toutefois prendre la situation au sérieux.

Un texte de d'Anne-Marie Provost, de Grand Montréal

Au centre de l'affaire : une conversation sur Facebook Messenger datant de l'automne dernier entre des étudiants de la Faculté de science politique et droit, qui tiennent des propos jugés dégradants et inquiétants envers des femmes de la faculté par les auteurs du tract. Dans cette conversation, l'un d'eux annonce son intention d'intercepter une étudiante de l'université avant le début d'un cours.

«Mercredi, je l'attends (...) 30 min avant le cours, a passera pas par 4 chemins (...) Ah non, ça passe ou ça casse (...) Après c'est le GHB au vin fromage», dit celui-ci, alors que ses interlocuteurs y vont de ce genre de commentaires : «Ces des chattes sex, des vrais ptites moules, pas fraîches en plus», ou encore «Ha Ha ha moi je m'en fou, Je veux juste pas me faire chier par personne quand j'écris de quoi de raciste ou de sexiste dans cette convo [conversation]».

Le tract conclut que les propos de cette conversation sont «violemment misogynes et dégradants» et on critique que les femmes visées dans la discussion doivent «supporter» la présence de ces hommes dans leurs cours et «se résigner à la lenteur et à l'inefficacité réelle d'une procédure administrative».

Le pamphlet laisse également entendre que des noms pourraient être dévoilés. «Pour éviter la personnalisation précoce du débat, nous taisons (pour l'instant) les noms des auteurs de la conversation», est-il écrit.

Un signalement de plainte a été déposé au début du mois de décembre au Bureau d'intervention et de prévention en matière de harcèlement de l'UQAM.

La direction «prend la situation au sérieux»

La diffusion à large échelle de ce tract sur le campus, qu'on retrouve aussi en ligne sur le site d'Union libre, le journal des étudiants en science politique et droit, a provoqué une réaction rapide de l'administration. Une mise en demeure a été envoyée mardi au journal ainsi qu'un courriel à tous les membres de la communauté de l'UQAM.

«Il est faux de prétendre, comme le fait le document, que l'Université prend à la légère les allégations de harcèlement sexuel. C'est exactement le contraire. (...) L'Université prend la situation très au sérieux.»

— Extrait du courriel signé par André Dorion, vice-recteur aux Ressources humaines, à l'administration et aux finances et Normand Petitclerc, secrétaire général de l'UQAM.

On ajoute que le document anonyme est «inexact» et comporte des extraits «modifiés ou incomplets».

Des mesures mises en place

Jenny Desrochers, porte-parole de l'université, précise que plusieurs intervenants sont mobilisés pour traiter le dossier, dont le Service de prévention et de sécurité, les Services à la vie étudiante, la Faculté de science politique et de droit et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM).

«Des mesures ont été mises en place dans les meilleurs délais, notamment des aménagements dans des groupes-cours avant et au retour des vacances des Fêtes», a-t-elle indiqué par voie de courriel à Radio-Canada. Elle souligne que l'analyse du dossier suit son cours et qu'il sera traité «dans les meilleurs délais».

De son côté, le doyen de la Faculté de science politique et droit, Hugo Cyr, a publié un message Facebook public sur son compte le 12 janvier dernier en fin d'après-midi en réaction au tract, où on l'accuse de prendre la situation à la légère.

Il réfute ces allégations et soutient avoir fait un suivi quotidien auprès de plusieurs instances à l'UQAM. Il ajoute : J'ai moi-même pris les mesures qu'il m'était possible de prendre pour exiger que les étudiants ayant participé à la conversation Facebook Messenger passent leurs examens sans être en présence des autres étudiants de leurs cours.»

D'autres mesures seront prises, poursuit-il. Une rencontre est prévue avec des représentants d'associations étudiantes la semaine prochaine pour mettre sur pied une campagne de sensibilisation à la violence sexuelle.

L'exécutif de l'Association des baccalauréats interdisciplinaires des champs d'études politiques (ABICEP) ne souhaite pas accorder d'entrevues et préfère traiter de la question en huis clos, a indiqué une représentante à Radio-Canada.

Selon les données les plus récentes, le Bureau d'intervention et de prévention en matière de harcèlement a reçu 13 signalements relatifs à du harcèlement sexuel entre le 1er janvier 2014 et octobre 2015. Sur ce nombre, l'UQAM a ouvert 10 enquêtes. Trois se sont avérées fondées et ont mené à des sanctions. Elles peuvent aller, de façon générale, de la suspension au congédiement.

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