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Itinérance chez les vétérans: un vrai problème, dit l'ex-ombudsman Pat Stogran

Itinérance chez les vétérans: un vrai problème, dit l'ex-ombudsman
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OTTAWA _ Pat Stogran, le premier ombudsman des vétérans du Canada, se rappelle très bien du jour de 2008 où il a été traîné dans le bureau de Greg Thompson _ à l'époque ministre des Anciens combattants _ afin de se faire réprimander pour avoir rendu public le problème de l'itinérance chez les ex-soldats.

Ce n'est absolument pas un problème, aurait dit le ministre, le visage rouge de colère, à M. Stogran, un colonel d'infanterie recruté par un gouvernement conservateur soucieux de prouver qu'il était le meilleur ami des militaires.

Cette rencontre, relatée dans le livre de Pat Stogran, "Rude Awakening: The Government's Secret War Against Canada's Veterans", a sonné le glas de la relation entre le gouvernement de Stephen Harper et le vétéran, dont le contrat n'a pas été renouvelé en 2010.

M. Stogran soutient avoir tenté durant tout son mandat d'amener l'ex-gouvernement conservateur à reconnaître que l'itinérance était non seulement un problème pour les anciens combattants, mais aussi un phénomène de plus en plus préoccupant.

Ses efforts se sont toutefois soldés par un échec. Le gouvernement, tout comme le ministère des Anciens combattants, a refusé d'admettre l'existence de ce problème.

Ce qui a attiré des ennuis à Pat Stogran, ce sont les multiples visites qu'il a faites dans des refuges pour sans-abri partout à travers le pays, où il a commencé à demander au personnel, en 2009, de recueillir des renseignements concernant les itinérants ayant servi dans l'armée _ et ce, en dépit des remontrances du ministre Thompson.

Il a cependant fallu attendre cinq ans pour que ces données soient intégrées de façon coordonnée au registre national.

La semaine dernière, La Presse Canadienne a obtenu copie d'un rapport d'Emploi et Développement social Canada estimant que 2250 anciens combattants, soit environ 2,7 pour cent des itinérants du pays, se rendaient régulièrement dans des refuges pour sans-abri.

Certaines organisations, dont la Légion royale canadienne, croient toutefois que ce nombre est beaucoup plus élevé en réalité. La Légion fait valoir qu'elle a fourni des services à 425 ex-soldats devenus itinérants depuis 2009 en Ontario seulement.

L'actuel ombudsman des vétérans, Guy Parent, qui a travaillé pour M. Stogran, se souvient aussi du refus de l'ex-gouvernement conservateur de reconnaître que certains anciens combattants se retrouvaient, pour une raison ou une autre, à la rue.

"Il y a eu un débat avec le ministre à savoir s'il s'agissait ou non d'un problème. Évidemment, c'en est un, a expliqué M. Parent. Un seul vétéran sans-abri, c'est déjà un de trop."

M. Parent a indiqué que le ministère des Anciens combattants collaborait maintenant avec un organisme pour remédier au problème.

La semaine dernière, Kent Hehr, le nouveau ministre libéral, a déclaré en entrevue à l'émission "Power and Politics", de la CBC, que le ministère travaillait fort pour renverser la vapeur.

Selon Pat Stogran, le défi qui attend M. Hehr est de taille puisqu'il faudra également convaincre les fonctionnaires de son ministère de la présence de ce problème.

Les «pics» anti-itinérants sont retirés au Archambault du centre-ville de Montréal

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