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Un macaron de bienvenue en réponse aux messages hostiles aux réfugiés

Un macaron de bienvenue en réponse aux messages hostiles aux réfugiés
Radio-Canada

Fatiguée de lire des messages hostiles à l'arrivée des réfugiés syriens, une Montréalaise a eu l'idée de créer des macarons de bienvenue pour afficher clairement sa solidarité. Depuis, les macarons se vendent comme des petits pains chauds.

Un texte de Marie-Laure Josselin

Tout a commencé par une illustration de l'auteure Élise Gravel sur sa page Facebook. On y voit un petit oiseau qui porte dans son bec un rameau d'olivier et le message : «Bienvenue les Syriens». La Montréalaise Marie Brodeur-Gélinas clique sur la mention J'aime» et ajoute un petit commentaire : «Ça serait génial de créer des macarons». Et «tout de suite, les gens ont montré leur intérêt», explique-t-elle dans son salon, le fameux macaron dans les mains.

Élise Gravel lui cède les droits et rapidement Marie Brodeur-Gélinas passe, avec son argent, une première commande de 1000 macarons, qui s'écoule en quelques jours. Puis une deuxième de 2500 et aujourd'hui, ce sont 10 000 macarons qu'elle reçoit.

«J'ai très rapidement senti que c'était enfin l'outil qui me manquait pour pouvoir afficher mon désir [...] d'accueil, de bienvenue, compte tenu des messages haineux qui pullulent dans les médias sociaux, dans les radios poubelles.»

— Marie Brodeur-Gélinas

De nombreuses personnes ont exprimé leur désaccord avec l'arrivée de ces réfugiés, une pétition circulant sur Internet a d'ailleurs recueilli 77 000 signatures. «J'avais envie que [...] l'on puisse porter à la boutonnière un message plus doux, positif, d'ouverture».

À Alma, Marie-Hélène Forest en arbore un depuis deux semaines, un message important et publiquement assumé, car «c'est un sujet qui a apporté beaucoup de débats, qui a fait réfléchir, jaser».

De Saint-Ubald, Granby, voire de la Colombie-Britannique et de Suisse, les commandes s'enchaînent. «La belle histoire des macarons, c'est qu'alors que j'étais submergée de messages haineux, qui ne m'étaient pas destinés, mais qui m'atteignaient beaucoup, je suis maintenant submergée par des messages extrêmement positifs», lance, souriante, Marie Brodeur-Gélinas. Pour les acheminer, elle utilise le bouche-à-oreille et tout bon samaritain.

Pour le docteur Gilles de Margerie, qui ausculte ses patients avec un stéthoscope sur lequel est accroché le fameux macaron, ce petit geste, aussi anodin soit-il, est important. Il travaille à la clinique de demandeurs d'asile et de réfugiés du CLSC Côte-des-Neiges de Montréal.

«Ils ne connaissent rien du Québec, rien de notre système de santé alors si on peut avoir un sourire, [...] si ça peut être écrit, visible pour eux, ce sont des liens de confiance que l'on établit. On sait qu'en santé, c'est essentiel de créer des liens de confiance et comme société d'accueil, c'est aussi important. Alors si un macaron peut l'appuyer, pourquoi pas?»

— Le Dr Gilles de Margerie

Il est tellement emballé qu'il a proposé que le personnel de la clinique d'évaluation recevant les réfugiés syriens, où il officie de temps en temps, porte le macaron qui, dans sa nouvelle version, a l'inscription bienvenue aux réfugiés en français et en arabe.

Pour la bonne cause

L'argent récolté par Marie Brodeur-Gélinas est versé à l'organisme RIVO-Résilience qui offre du soutien psychologique notamment aux réfugiés et demandeurs d'asile. Un chèque de 800 $ a déjà été remis.

«C'est un moyen d'appuyer une organisation extrêmement importante pour les réfugiés, [...] le RIVO est un regroupement de psychothérapeutes qui sont particulièrement formés pour soigner les blessures de traumatisme, liés à la guerre, la torture, la violence organisée», précise le Dr de Margerie, l'un des membres du C. A.

Mais le macaron est utilisé aussi à d'autres fins, pour sensibiliser dans les écoles ou encore pour obtenir des fonds afin d'aider une famille syrienne à s'installer ici.

La paroisse Saint-Joseph-de-Lévis a ainsi fait la commande de 1000 macarons, précise la directrice de l'animation communautaire, Ginette L'heureux.

«C'est un moyen de sensibilisation pour faire contrepoids à tout ce qui entoure le courant de peur autour de la venue des réfugiés. [...] On a aussi trouvé que c'était très démocratique comme moyen de financement. »

— Ginette L'heureux, de la paroisse Saint-Joseph-de-Lévis

«C'est de donner la possibilité au plus grand nombre de faire leur petite part, à la mesure de leur capacité : 50 sous, 1, 5 $. Cela n'a pas moins de valeur symboliquement qu'une entreprise qui ferait un don plus important. Et plus de gens pourront dire : ''je fais partie prenante de ce projet-là'' », conclut Ginette L'heureux.

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