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Pixel Audio: Les Montréalais derrière la musique du dernier Lara Croft

Pixel Audio: Les Montréalais derrière la musique du dernier Lara Croft

Vous avez sans doute entendu parler de Lara Croft GO, le dernier opus de la série? Il a récemment été voté meilleur jeu IOS aux Prix canadiens du jeu vidéo, où il a aussi été en nomination dans la catégorie Meilleur audio; il a été élu Jeu de l’année de l’App Store et a remporté le titre de Meilleur jeu mobile de l’année aux Game Awards. Bref, un succès! Et sa musique a été composée par Pixel Audio, une petite start-up de Montréal.

C’est en 2012 qu’Ulric Corbeil Trudel, Mathieu Beaudet, Sean Gauthier Neilson et Éric Shaw décident de fonder leur entreprise spécialisée en audio interactif pour les jeux vidéo. Au menu : conception sonore (bruitage), musique, voix et intégration sonore. Anciennement musicien, graphiste, concepteur de musique pour le théâtre ou la publicité, les quatre comparses sont des néophytes dans le monde du jeu vidéo. « On était tous des gamers, on avait des démos de musique de jeux vidéo et on voulait intégrer ce marché-là. Mais seul, c’est pas facile… On avait des questionnements communs, alors on a décidé de se lancer ensemble », raconte Mathieu.

Grâce à un contact à Electronic Arts (un des dix plus gros éditeurs mondiaux de jeux vidéo), Pixel Audio décroche un contrat sur le jeu Army of Two — The Devil’s Cartel. Une première ligne sur le CV qui fait boule de neige et attire d’autres commandes. S’ils ont eu de la chance et fait de bonnes rencontres, les quatre collègues soulignent aussi le travail conséquent que demande la composition : « Dans le jeu vidéo il y a beaucoup de tendances, explique Ulric. C’est un domaine très relié aux nouvelles technologies. Par exemple, la PS4 a une meilleure mémoire, donc on peut mettre plus de couches dans nos musiques, plus de variabilité… La technologie nous permet de complexifier nos musiques, alors il faut rester à la page. »

« Dans les jeux vidéo, la musique est ce qu’il y a de plus compétitif »

Les compositeurs doivent être aussi très au fait de ce qui sort en musique : « On ne peut pas s’enfermer pendant un mois pour composer, comme certains bands le font pour créer un album. Un client peut nous commander du dubstep, l’autre de la pop, des nouveaux styles… On doit surveiller ce qui sort et faire des recherches », indique Éric. En plus d’écouter du hip-hop ou de l’électro, les membres de Pixel Audio doivent aussi… jouer! Grands amateurs de jeux vidéo, ils en font entre cinq et dix heures par semaine et achètent toutes les nouveautés — « Je les passe sur mes impôts! », confie Mathieu. Et Éric d’ajouter : « Il n’y a pas beaucoup de gens qui survivent dans le monde du jeu vidéo s’ils ne sont pas passionnés… »

En effet, la musique vient souvent en fin de projet dans l’industrie du jeu. Certains développeurs ne la voient pas comme une valeur ajoutée, mais comme un service qui vient en bout de chaîne, non prioritaire. Jusqu’à 10 % du budget d’un jeu est censé être alloué à la musique; en réalité il s’agit plutôt de 3 ou 4 %. « Dans les jeux vidéo, la musique est ce qu’il y a de plus compétitif », indique Sean. Surtout aux États-Unis — notamment à Los Angeles, où se trouvent la majorité des studios. « C’est dû au préjugé selon lequel c’est meilleur quand ça vient de Californie, dénonce Mathieu, parce que là-bas il y a Hollywood, le cinéma… Des studios de musique pas plus gros que nous ont une valeur ajoutée juste en étant à L.A. »

Une centaine de studios indépendants au Québec

Le Canada est le troisième plus gros producteur mondial de jeux vidéo, et le Québec commence à sortir son épingle du jeu. La province, Montréal notamment, concentre en effet la plus grosse part de l’industrie canadienne. En 2012, quand Pixel Audio se lance, la conjoncture est idéale : beaucoup de gros studios viennent de fermer, laissant plus de place aux indépendants. De nombreux petits studios de musique se sont depuis créés au Québec : on en dénombre environ une centaine, contre une vingtaine il y a cinq ans.

Récemment, une guilde québécoise des jeux vidéos a été fondée, regroupant une soixantaine de petits studios. Une première mondiale — ce gros modèle de guilde bien organisée qui permet de protéger les droits des membres de l’industrie fait d’ailleurs un peu peur aux gros studios. En attendant, les studios basés localement ont des crédits d’impôt quand ils embauchent de la main-d’œuvre québécoise… « C’est cool de travailler avec des compagnies montréalaises : on peut cogner à leur porte et venir voir des vidéos du jeu ou même le tester et faire nos essais, raconte Mathieu. Parfois, on peut carrément essayer notre musique dans le jeu. »

À ce jour, Pixel Audio a travaillé avec une dizaine de compagnies (dont Square Enix Montréal, Pixyul, Cloudcade, Game On Audio, Miralupa, Thunder Lotus…), et on a pu entendre leurs compositions dans des jeux aussi variés que Jotun, Hitman : Sniper, Shop Heroes ou Necropolis. Et si la stratégie marketing est souvent de laisser des noms connus signer la musique de gros jeux AAA, les petits studios arrivent doucement sur le devant de la scène… Québec, Game on.

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