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La Souterraine: source pop francophone et francophile (VIDÉOS)

La Souterraine: source pop francophone et francophile (VIDÉOS)

Il y a deux ans, une fée marraine s’est penchée sur le berceau de la pop francophone « underground ». La Souterraine, plateau protéiforme né en France à l’initiative de deux hérauts, rendra visite à Montréal le 15 janvier prochain, au Divan Orange, à l’occasion de la deuxième édition de son festival.

L’histoire débute en 2014 à Paris. Laurent Bajon et Benjamin Caschera, animateurs bénévoles de feu l’émission de radio Planet Clair, unissent leurs forces de documentaliste pour le premier et d’attaché de presse et fondateur de l’étiquette Almost Musique pour le second et créent La Souterraine, collectif fêtard, curieux et activiste. L’idée : mutualiser leur savoir-faire pour servir et diffuser une scène ignorée des majors, radios nationales, magazines branchés et scènes bancables du pays, braquer un projecteur sur des artistes sous-exposés. Le prérequis : exprimer sa musique dans la langue de Molière.

« Créer un marché pour des groupes qui n’en ont pas »

L’aventure commence avec la diffusion numérique de compilations Souterraine réunissant des groupes à 22 écoutes sur Internet autant que des artistes issus de réseaux connus soigneusement choisis sur un compromis des styles et des goûts des deux amis. Le téléchargement est libre. « On donne ce qu’on veut : il y en a qui ne donne rien et c’est très bien comme ça, d’autres qui payent quelques euros ou partagent sur les réseaux sociaux et ça aide aussi. On veut faire circuler au maximum la musique », explique Benjamin Caschera. Il donne quelques chiffres : un peu moins de 10% des utilisateurs donnent et en moyenne 0,50 (0,75 CAD) par compilation téléchargée. Bon joueur : « C’est très peu. Il vaut mieux 25 000 fois 0,50 dollar que 25 000 fois rien du tout (…) On part de rien et on construit petit à petit, on n’a rien à perdre. Les compils sont et resteront gratuites. »

À cette base de suggestions non exhaustives se sont ajoutées les Fêtes Souterraines, soit des concerts réunissant ces artistes, des groupes qui ne se connaissent pas nécessairement, mais qui trouvent une cohérence, car un curateur les a réunis. Pour Caschera, il s’agit de « sortir les musiciens de leur chambre ». L’activité souterraine des deux garçons a amené leur plateforme après deux ans d’existence à développer des branches un peu partout en France, mais aussi à Bruxelles, Londres et Montréal. Pour ses deux ans, le STRN FST embarquera une trentaine de groupes dans 15 villes.

Le complexe du français

« On est autonome et ouvert, on propose des compils en téléchargement libre, on n’envoie pas des fusées dans l’espace », dit Caschera. Il n’empêche qu’avec cette structure et ce modèle qui n’a rien d’un plan d’affaires, la Souterraine participe à changer la donne pour ses protégés. L’engagement et la curiosité sans faille de Bajon et Caschera à fouiller, diffuser, partager et organiser des concerts leur a donné la figure de guides éclairés pour les médias français et programmateurs radio en quête de nouveautés.

Il y a cette visibilité, mais aussi la désinhibition, car en France, la musique peine à s’exprimer dans sa propre langue. Benjamin Caschera fait partie de quelques prix de festivals et de tremplin et estime que sur 100 groupes français, 80 vont chanter en anglais. Une attitude qu’il juge comme « une acculturation qui veut rien dire, on pourrait dire que c’est réac de chanter en français et défendre la langue, mais c’est tout le contraire : on se réapproprie ce que l’on est, la langue maternelle, sans parler de valeur. » Par essence, la Souterraine se penche depuis le début à ce qui se passe au Québec et au Canada et en a même concocté une compilation Ô Canada où l’on retrouve entre autres Philémon Cimon, sortie quelques mois après La Souterraine-aux-Amériques qui faisait voyager Dead Obies, Ponctuation, Jesuslesfilles et autres compagnons. « Il y a un côté pédagogique et décomplexé au Canada». Caschera fait notamment référence à Corridor qui partagera l’affiche avec Ponctuation et Renard Blanc le 15 janvier prochain et qu’ils viennent tout juste de révéler en France.

À la fois, vitrine, laboratoire, fête, consultante, lieu de premières diffusions, curateur et vecteur, la Souterraine s’élève en nébuleuse porteuse d’une vision, exploratrice des recoins de la musique indépendante francophone, libre, enthousiaste et sans barrière.

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