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Corée du Nord et bombe H: ce que l'on sait de l'arsenal nucléaire mondial

Que sait-on de l'arsenal nucléaire mondial?

Les condamnations sont unanimes. La Corée du Nord a affirmé avoir mené ce mercredi 6 janvier son premier essai réussi de bombe à hydrogène, une revendication qui décuplerait, si elle était vérifiée, les enjeux autour du programme nucléaire interdit de cet Etat hermétique.

L'annonce de ce test d'une bombe H est une surprise. Pyongyang affirme qu'il a été personnellement ordonné par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un, à deux jours de son anniversaire. Cet essai survient alors que l'arsenal nucléaire mondial est au centre des préoccupations, malgré la législation internationale pour réglementer la production d'armes nucléaires.

70 ans après les bombardements d'Hiroshima et Nagasaki, qui on fait respectivement 140 000 et 74 000 morts en août 1945, il y a plus de 15 000 armes nucléaires dans le monde révélait le Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) il y a quelques mois. Cela représente une puissance dévastatrice bien supérieure à celle utilisée par les États-Unis en 1945.

À l'image des menaces proférées par la Corée du Nord, mais aussi de la hantise des pays occidentaux de voir un jour Daech se procurer l'arme atomique. L'accord récent et historique sur le nucléaire iranien a également rappelé combien cette menace reste d'actualité. Un peu plus de 70 ans après Hiroshima, le point sur l'étendue et la puissance de feu des armes nucléaires dans le monde.

Qui possède l'arme nucléaire ?

Concernant l'arme atomique, il y a les officiels et les officieux. Du côté des détenteurs déclarés et assumés d'ogives nucléaires il y a les États-Unis, la France, la Russie, le Royaume-Uni et la Chine. Soit les cinq puissances qui siègent de façon permanente au Conseil de sécurité de l'ONU. Parmi les pays dont on sait qu'ils ont la bombe sans qu'ils l'admettent de façon officielle, il y a Israël (dont l'arsenal est estimé par le Sipri Yearbook 2015 à 80 ogives), l'Inde (entre 90 et 110 têtes estimées), le Pakistan (de 100 à 120 ogives) et la Corée du Nord dont la capacité de feu reste pour le moment limitée (8 ogives estimées). Voici ci-dessous le classement de ces puissances selon leur arsenal nucléaire estimé.

Tout cela porte au nombre de 4300 le nombre d'armes nucléaires opérationnelles, sachant qu'il ne s'agit là que d'estimations, les puissances concernées n'ayant pas intérêt à trop en dire sur leur arsenal.

Quelle puissance ?

Si les bombes d'Hiroshima et de Nakasaki ont provoqué des dégâts gigantesques, les bombes atomiques dont disposent les puissances nucléaires actuelles sont bien plus puissantes. À titre d'exemple, la puissance estimée de Little Boy, larguée par les États-Unis en 1945, se situe entre 50 et 63 térajoules. La bombe la plus forte jamais testée (Tsar Bomba par l'URSS en 1961) affichait elle une puissance de 210 000 térajoules. Cela vous fait peur ? Attendez de voir ce que cela ferait concrètement sur une ville comme Paris. Le site Nukemap permet de comparer sur une carte les effets des bombes testées ou revendiquées par les différentes puissances nucléaires. Il suffit d'entrer sa ville, le type de bombe utilisé, le type d'impact et de cliquer sur "detonate". Effrayant.

Ci-dessous, la comparaison entre les dommages qu'auraient provoqués Little Boy et Tsar Bomba sur Paris. Notons que Tsar Bomba a été testée il y a 54 ans. Depuis, les progrès techniques notamment concernant le téléguidage des frappes ou encore le temps de mise à feu rendent l'arsenal des puissances occidentales encore plus redoutable.

Une réelle menace aujourd'hui ?

Plusieurs dossiers font craindre aux observateurs un péril nucléaire. Le plus médiatique reste la menace que représente la Corée du Nord qui n'a de cesse de tenter de faire vaciller l'équilibre très fragile sur lequel est bâti le principe de "dissuasion nucléaire", et qui a - d'après ses dires - franchi un nouveau pas ce 6 janvier.

Autre dossier particulièrement chaud, celui du nucléaire iranien. Alors que la puissance chiite défend son droit à se doter d'une technologie servant son développement énergétique, d'aucuns craignent, Israël en tête, qu'il ne s'agisse d'un prétexte pour accéder à l'arme atomique. Enfin, le scénario de l'acquisition de l'arme atomique par Daech via le Pakistan est aujourd'hui clairement évoquée. Or cette hypothèse reste peu crédible comme l'explique Slate, même si les services occidentaux redoublent de vigilance.

Aussi, d'un point de vue purement pragmatique, celui qui oserait se servir de l'arme nucléaire contre un pays occidental signerait de facto son arrêt de mort. En vertu de l'article 5 de la Charte de l'Otan, l'attaque d'un pays signataire engendrerait une réaction en chaîne des autres pays membres ce qui déboucherait, comme un effet domino, sur une crise nucléaire totale. C'est sur le caractère suicidaire d'un tel scénario que repose le principe de "dissuasion nucléaire".

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