Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

Uber: Des chauffeurs de taxi dénoncent «l'inaction» de Poëti (VIDÉO)

Des chauffeurs de taxi dénoncent «l'inaction» de Poëti (VIDÉO)

Plusieurs regroupements de chauffeurs de taxis et de limousine dénoncent « l'inaction » du gouvernement du Québec dans le dossier d'Uber. Bien que le ministre des Transports du Québec, Robert Poëti, qualifie le service d'Uber d'illégal, il attendra deux ans avant de légiférer.

Le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos (RTAM) et la Coalition Taxi dénoncent le laxisme du ministre Poëti envers Uber, alors qu'il attendra la fin de quatre projets-pilotes avant de procéder à une refonte de la loi. « Pendant que le gouvernement hésite, ce sont des milliers de travailleurs qui perdent leur gagne-pain chaque jour », déplore le regroupement Coalition Taxi, qui représente quelque 6000 détenteurs de permis de taxi et de limousine.

« Le ministre nous a demandé de participer aux projets pilotes pour montrer notre désir de nous moderniser », explique le porte-parole de la coalition, Guy Chevrette. « Il nous a dit de nous améliorer et qu'il allait s'occuper d'UberX. Aujourd'hui, il se sert de ces projets pilotes pour justifier son inaction. On commence à se sentir comme le dindon de la farce. »

« Ces projets-pilotes sont pourtant d'une durée de deux ans », déplore le porte-parole du RTAM, Benoit Jugand. « Doit-on comprendre que le gouvernement entend laisser sa population se faire voler encore deux ans ? Que Québec laissera pendant deux ans des transporteurs illégaux développer une offre parallèle à l'offre légale ? »

« Dans ce contexte, conclut Benoit Jugand, les déclarations de Robert Poëti ne sont que de la poudre aux yeux. »

Le ministre Poëti, qui reconnaît qu'Uber oeuvre dans l'illégalité, se défend de ne rien faire, affirmant que près de 900 voitures de chauffeurs d'Uber ont été saisies jusqu'ici. « De dire qu'il n'y a rien qui se fait, je ne suis pas d'accord », a déclaré le ministre Poëti en entrevue à ICI Radio-Canada Première. « Ce n'est pas rien, de saisir des véhicules. »

Uber offre des courses de taxi à rabais en recourant à des citoyens s'improvisant chauffeurs, ce qui suscite l'ire des chauffeurs de taxi, qui doivent notamment détenir des d'onéreux permis pour exercer leur métier. Les factures salées cependant refilées à certains clients d'Uber, durant les Fêtes, ont mis en relief un autre aspect d'Uber.

Le ministre Poëti s'est dit « déçu », mais « pas complètement surpris » des hausses de tarifs subites effectuées par Uber dans la nuit du Nouvel An. « C'est complètement déraisonnable, a déploré le ministre. Ça vient mettre en lumière pourquoi il y a une réglementation dans l'industrie du taxi. »

M. Poëti en a profité pour souligné que l'encadrement dont fait l'objet l'industrie du taxi empêche justement de telles hausses intempestives du prix des courses.

Il souligne que le représentant d'Uber avait déjà soutenu, au cours d'une entrevue passée, qu'une telle situation était impossible. Non seulement cela c'est produit à Montréal dans la nuit du Nouvel An, mais elle s'est également produite ailleurs dans le monde lors de situation d'urgence, précise le ministre.

« Le Québec n'est pas le Far West », dénonce M. Jugand. « Le ministre des Transports appelle la population à ne pas se laisser rouler dans la farine par les transporteurs illégaux alors que le shérif, c'est lui ! »

« La meilleure réponse qu'on peut apporter à Uber X, c'est d'arrêter d'utiliser des taxis illégaux. »

— Robert Poëti

Le ministre Poëti rappelle qu'Uber pourrait œuvrer légalement au Québec, mais qu'il refuse de se plier aux lois québécoises.

Une grève générale du taxi ?

Quelques groupes de propriétaires et de chauffeurs de taxis et de limousines envisagent de mener une grève générale à la fin du mois de janvier afin de protester contre l'inaction gouvernementale contre les activités d'Uber. Ils proposent notamment de bloquer des ponts et des aéroports, une avenue déconseillée par le ministre des Transports.

« Bien qu'elle soit justifiée, il est difficile d'appuyer une telle grève, avance M. Chevrette. Dans les faits, elle profitera directement à Uber, qui s'en servira fort probablement pour faire sa promotion. Cela étant dit, la colère des gens de l'industrie du taxi est plus que légitime. »

M. Chevrette souligne que les chauffeurs de taxi ont fait preuve de patience. L'industrie a déposé des mémoires à l'Assemblée nationale en plus de rencontrer des députés, des fonctionnaires et de participer à des projets pilotes. « Là, aujourd'hui, ça va faire, lance M. Chevrette. En 2016, nous allons agir. »

M. Poëti recommande aux membres de l'industrie du taxi de renoncer à ce projet. Il estime qu'un tel geste serait contre-productif puisque la modernisation de l'industrie porte ses fruits et qu'Uber semble montrer son vrai visage. « Nous allons continuer les saisies de taxi et nous voulons que l'industrie du taxi se relève », confie M. Poëti.

Il ajoute toutefois que l'industrie du taxi doit poursuivre sa modernisation pour concurrencer l'offre d'Uber. « J'entends encore des commentaires d'insatisfaction de la part de citoyens », déplore le ministre, tout en convenant qu'une amélioration a été observée.

Outre le prix des courses qui peut augmenter sans préavis, M. Poêti rappelle que le service Uber présente d'autres problèmes. Il souligne que l'industrie du taxi est bien encadrée, contrairement à son concurrent illégal. Le ministre précise que des « vérifications d'antécédents criminels » sont faites auprès des chauffeurs de taxi. Les chauffeurs sont adéquatement assurés et l'état mécanique des voitures est vérifié, ajoute-t-il.

Le RTAM représente quelque 5000 chauffeurs de taxi et de l'industrie du camionnage pendant que la Coalition Taxi soutient représenter 12 000 travailleurs du transport de personnes.

INOLTRE SU HUFFPOST

6 choses à savoir sur Uber

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.