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«Infoman 2015» : «Je Suis Infoman»

«Infoman 2015» : «Je Suis Infoman»
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Jean-René Dufort a probablement fait rougir d’envie ses collègues du service de l’information de Radio-Canada en mettant la main sur la précieuse cassette, remise par Lisette Lapointe, du discours de victoire qu’aurait prononcé Jacques Parizeau si le «oui» l’avait emporté, le 30 octobre 1995.

À l’époque, les stations de radio et de télévision avaient reçu l’ordre de détruire cette cassette en cas de défaite des troupes souverainistes, ce qui fait que personne n’avait jusqu’ici entendu la tirade triomphante de l’ancien chef du Parti Québécois. Les téléspectateurs qui syntonisaient Radio-Canada, jeudi soir, ont donc eu droit à une exclusivité, flanquée environ à mi-chemin d’Infoman 2015, la revue de l’année concoctée par Jean-René Dufort et son équipe.

«Il ne faut pas la perdre, c’est la seule», a soufflé Lisette Lapointe, épouse de feu Monsieur Parizeau et mairesse de Saint-Adolphe-d’Howard, à Jean-René Dufort, en lui remettant le fameux objet.

«Mes amis, le Québec est debout. Une décision simple et forte a été prise aujourd’hui. Le Québec deviendra souverain. (…) Nous voudrons, et nous pourrons, dans quelques années, dire à un de nos enfants, ou de nos petits-enfants : regarde, ce Québec renouvelé, plus responsable et plus juste, plus pacifique et plus prospère, j’ai contribué à le faire naître, j’en suis fier et je te le donne…», disait un Jacques Parizeau fier à la caméra.

Galaxie donne le ton

Au-delà de cette très grosse prise, la traditionnelle rétrospective d’Infoman du 31 décembre n’a pas déçu avec sa mouture 2015. L’excellente chanson-thème – signée chaque année par un artiste différent – était une création du groupe Galaxie, qui a apporté ses sonorités électros pour lancer l’émission spéciale. Les phrases «Je suis Paris», «Je suis Monsieur» (pour saluer Jacques Parizeau), «Je suis Infoman» et «Je suis l’austérité» ont défilé pendant le clip d’ouverture, à travers les images d’actualité des derniers mois… et celles d’un Jean-René Dufort dansant allègrement, de sa mine toujours moqueuse. Auparavant, une vignette où David Suzuki et Jean-René Dufort énuméraient les hauts faits environnementaux de 2015, Dufort rappliquant sans cesse avec son flushgate, avait servi de préambule.

La première longue capsule concernait les migrants syriens, qui ont été au nombre de 800 000, cette année, à tenter la traversée de la Méditerranée pour rejoindre l’Europe. Ne faisant rien comme les autres, Jean-René Dufort s’est rendu sur l’île de Lesbos, en Grèce, pour décortiquer le sujet d’un angle différent. On a montré la camérawoman hongroise Petra Laszlo, allée jusqu’à enfarger un père et son fils venant de fuir leur pays. Le papa, Ossamah Al Abd Al Mohsen, professeur de soccer, et son garçon, ont ensuite été accueillis en Espagne, et se sont confiés au micro d’Infoman. «Kicker est au coeur de ta vie», l’a taquiné Jean-René Dufort, avant de leur offrir, à son garçon et lui, un chandail de l’Impact de Montréal, à leur nom.

Ratisser large

Autre coup de maître, cet entretien avec Joacim Roncin, inventeur du slogan Je Suis Charlie, pour aborder les attentats de Charlie Hebdo. Ces mots ont trouvé leur chemin autant dans un épisode des Simpson que sur le tapis rouge des Oscars. On a appris avec effroi que 120 demandes de copyright ont été déposées pour l’appropriation de l’expression Je suis Charlie, dont deux ont été émises par des marchands d’armes.

Plus tard, pour commémorer la fusillade du 13 novembre, à Paris, Jean-René a questionné l’avocate Mamie Danielle, et MC Gilles, le pianiste Davide Martello, qui promène son piano à queue attaché à son vélo pour jouer de la musique sur les lieux éplorés pour ramener un peu de paix. Un segment très émouvant, qui détonnait avec le ton habituel d’Infoman, mais néanmoins impeccable.

Le déversement d’eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent a fait l’objet d’un montage saccadé d’images en noir et blanc de nos politiciens s’exprimant sur le sujet, sur la musique du tube Uptown Funk. Jeff Fillion a tranché à savoir si les grandes manchettes de 2015 étaient «caves» ou «pas caves». «Joël Legendre qui se montre le talent dans un parc», a questionné Jean-René. «Ça, c’est cave», a répondu Jeff Fillion. Ce fut la seule allusion au «scandale Joël Legendre» dans cette heure d’Infoman 2015. Fillion a également admis que c’était «cave» de traiter Raif Badawi de «cave», comme il l’a lui-même fait, en juin.

La crise d’eau potable à Longueuil, Christine St-Pierre qui tombe de sa chaise, la «cacaphonie» de François Legault, les fouilles à nu «respectueuses» d’Yves Bolduc, la perte de poids de Gaétan Barrette («Je suis le visage de l’austérité libérale», a badiné le ministre de la Santé), l’ouverture du Centre Vidéotron, le phénomène Donald Trump et ses mille produits dérivés, les coupures de Martin Coiteux («On peut encore faire des partys, ce n’est pas interdit, mais il faut juste s’assurer qu’on a mis de côté l’argent pour le faire», a sagement philosophé le président du Conseil du Trésor, qui a annoncé avoir rénové sa toiture en 2015), les voyages du pape François (narrés par Chantal Lamarre, hilarante), l’omniprésence de Denis Coderre sur toutes les tribunes (parodiée en dessin animé), les frasques de Marcel Aubut (qui a déclaré «J’ai énormément, beaucoup, beaucoup de peine», en conférence de presse), les élections fédérales (et la ritournelle de campagne de Maxime Bernier, et le niqab chanté par Passe-Montagne, alias Jacques L’Heureux), et les déboires financiers de Claude Poirier, n’ont pas non plus échappé à l’œil aiguisé d’Infoman 2015.

Maxim Roy, Micheline Lanctôt et Marina Orsini, ont feint de mourir pour rappeler la disparition de leurs personnages respectifs dans O’, Unité 9 et Lance et compte et annoncer le mois d’avril, tandis qu’Isabelle Richer a fait du vélo stationnaire le temps de la transition à juin. Pour introduire le mois d’août, on a fait appel à VirJiny Provost, cette candidate du Bloc Québécois qui avait déclaré vouloir apporter avec elle, en cas d’attaque nucléaire, «[son] cell, un pénis et ben des chips», une citation justement déterrée par Infoman.

PKP bon joueur

Avec Pierre Karl Péladeau en entrevue devant lui, Jean-René Dufort s’en est donné à cœur joie. S’inquiétant de la dette de 136 000$ qui a conclu la campagne de la course à la chefferie du nouveau leader du Parti Québécois, l’animateur lui a offert de lui donner 20$ pour l’aider.

«On a passé un mauvais Noël, surtout les enfants», a blagué Pierre Karl Péladeau. «On prend tout, nous autres», a-t-il ajouté juste après, en acceptant le billet vert.

À propos des nombreuses «chicanes» au Parti Québécois, Pierre Karl Péladeau a eu ces mots : «Je suis habitué, à la maison!» Le politicien a en outre martelé que ce n’était pas une gaffe que d’avoir hurlé «En français!» dans un concert du groupe Groenland, en Abitibi. «J’en suis très fier», s’est-il enorgueilli.

Finalement, quant au retard de sa douce, Julie Snyder, à leur mariage, en août dernier, Pierre Karl Péladeau n’a pas fait preuve d’impatience. «Je suis chanceux que ça ait été juste deux heures. Ça aurait pu être quatre heures ou six heures», s’est-il amusé.

Jean-René Dufort, pour sa part, a relevé que la voiture qui transportait Julie Snyder en ce jour important n’avait pas de plaque d’immatriculation.

Infoman 2015 s’est terminé sur une course de robots BB8 Star Wars téléguidés, entre Jean-René Dufort et Justin Trudeau… et une punition donnée à Jean-René par Mélanie Joly, qui a réaffecté notre Infoman préféré au service de l’accueil de Radio-Canada pour le réprimander d’avoir fait des gags sur elle.

Mais peu importe la position qu’il occupe, avec son survol humoristique de 2015, Jean-René Dufort nous a véritablement donné le goût de scander Je Suis Infoman. Si vous l’avez manqué, Infoman 2015 est rediffusé ce vendredi, 1er janvier, à 20h, à Radio-Canada.

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