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Pas d'avenir pour les voitures électriques selon l'OPEP

Pas d'avenir pour les voitures électriques?
EcoloAuto.com

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) affirme haut et fort, dans sa publication annuelle « Perspective mondiale de pétrole », publiée quelques heures avant Noël, que les voitures à essence sont là pour durer et que les voitures électriques n’ont pas de réel avenir.

En fait, selon l’organisme, en 2040, ce sont plus de 94 % des véhicules qui seront encore alimentés par le pétrole, sous une forme ou sous l’autre. De ce total, 21 % seraient des véhicules propulsés par le diesel.

En fait, l’OPEP est à ce point pessimiste à l’égard des voitures électriques qu’elle prédit qu’elles n’accapareront que 1 % de toute la flotte internationale. Heureusement, le rapport est plus tendre à l’égard des véhicules hybrides : en 2040, 14 % des voitures vendues dans le monde seront dotés de ce type de motorisation.

Quant à ceux qui ont foi aux voitures à hydrogène, l’OPEP est catégorique : il n’y a tout simplement pas de place pour ce genre de voiture, en raison des coûts trop élevés et des difficultés inévitables d’approvisionnement et de distribution. En fait, ces véhicules à pile à combustible sont inclus dans le 1 % des voitures électriques projetées.

Contrairement au gouvernement québécois qui affirme vouloir faire disparaître l’alimentation au gaz naturel en 2015, l’OPEP lui prédit plutôt un avenir florissant : plus de 6 % des véhicules seront propulsés par le gaz naturel en 2040, une hausse de 4 %.

Que penser de tout cela?

Bien sûr, on peut sérieusement mettre en doute les perspectives du principal organisme international chargé de l’exportation de produits pétroliers. Dans les faits, l’OPEP n’a aucun intérêt à diminuer la consommation de pétrole, ses membres étant les principaux producteurs mondiaux. Tout le monde sait qu’on ne mord pas la main qui nous nourrit.

Mais même si notre petit épiderme de Nord-Américain se hérisse quand on lit de telles données, il faut quand même avouer que certains éléments sont statistiquement intéressants.

D’une part, il faut régler la chose tout de suite : les prévisions de l’OPEP à l’égard de l’Amérique du Nord sont largement différentes de celles du reste du monde. Ici, l’électricité est moins coûteuse, les familles plus riches (et donc capables de consacrer une plus large part de leur budget à l’achat d’automobiles de haute technologie) et la conscience écologiste un peu plus élevée qu’ailleurs.

Là où l’analyse de l’OPEP est troublante, c’est qu’elle tient compte des développements mondiaux, tant sur la base des capacités de production de véhicules que de la réalité des technologies. Et même, de la nature humaine.

Pourquoi la nature humaine? Petit exemple concret. Tout le monde sait qu’au Canada et aux États-Unis, une voiture est en partie du moins, une affirmation de sa propre personnalité. Mais puisque nous sommes habitués à de tels standards, nous sommes en pleine mutation de personnalité, et notre marché a atteint sa maturité. Le résultat est frappant : alors qu’actuellement on retrouve une moyenne de 560 véhicules par 1000 habitants, ce total grimpera lentement jusqu’à atteindre 600 en 2040.

Là où le bât blesse, ce sont les pays en plein développement. En prenant les mêmes données, on estime que, en Chine par exemple, il existe actuellement 92 voitures par 1000 habitants. Ce total se portera à plus de 365 en 2040! Au final, c’est donc le nombre total de véhicules sur la planète qui subira une forte progression, passant de 1,054 milliards actuellement à 2,157 milliards en 2040, soit plus du double.

Ajoutez à cela des capacités de production électrique limitées, des batteries en nombres insuffisants, des revenus familiaux plus bas que la moyenne dans la plupart des pays en voie de développement ce qui rend les voitures électriques inaccessibles, et le portrait de l’OPEP n’est, malheureusement, peut-être pas si faux.

Bien sûr, il y a quand même quelques bonnes nouvelles qui pourraient fausser ces prévisions pessimistes. L’OPEP elle-même en fait mention, la qualité des moteurs à essence et leur diminution constante de consommation rendent les prévisions plus difficiles. Il faut dire que ces diminutions sont souvent à coût nul ou presque pour le consommateur, ce qui les rend d’autant plus attrayantes.

Seconde bonne nouvelle, l’accord de Paris récemment signé par plus de 195 pays forcera tout le monde, y compris les pays en voie de développement, à modifier leur approche sur la consommation de pétrole. Le changement ne sera peut-être pas radical, mais il aura certainement un impact.

Enfin, troisième bonne nouvelle, de plus en plus de villes régissent le trafic sur leur territoire, interdisant certains types de carburant ou tout simplement les véhicules eux-mêmes. Cela aura pour effet, à terme, de modifier l’offre de transport en commun, diminuant du même coup la consommation globale.

Alors, peut-on blâmer l’OPEP pour ses conclusions? Certainement pas. Elles sont, disons-le, un peu pessimistes et semblent nous ramener quelques années en arrière, mais souhaitons qu’elles aient l’effet d’un coup de fouet qui réveillera toute la planète.

Il y a quand même un point sur lequel je suis d’accord : ailleurs qu’en Amérique, les voitures électriques sont pour le moment une solution peu adaptée et hautement contraignante.

Même chez nous, paradis de l’électricité propre, elles exigent un effort de haut niveau, les bornes étant encore rares, l’autonomie trop petite et le coût d’achat encore prohibitif. Partir une journée avec une voiture électrique demande planification et patience, deux qualités qui ne font pas partie du palmarès de tous les automobilistes (et surtout pas du mien).

Souhaitons que ces conclusions forcent enfin les manufacturiers à faire preuve d’ingéniosité pour nous offrir soit de véritables voitures électriques efficaces, soit des voitures hybrides qui en valent la peine.

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