Ils n'ont pas toujours bonne presse et les citoyens exigent beaucoup d'eux. Les politiciens, qui sont généralement « faits forts », doivent aussi traverser des épreuves. Ça a été le cas de la députée péquiste de Pointe-aux-Trembles, Nicole Léger, qui a dû affronter un cancer de la langue cet automne.
Un texte de Martine Biron
À 60 ans, la députée Léger a eu la surprise de sa vie lorsqu'un ulcère sur la langue qui ne voulait plus guérir s'est avéré un cancer. Son dentiste commençait à s'inquiéter et lui a suggéré d'aller voir son médecin. Après une biopsie, le diagnostic est tombé. Il fallait l'opérer pour lui enlever un morceau de sa langue.
« Oui, un morceau de langue, une petite demi-lune qu'ils ont enlevée », a expliqué Mme Léger, précisant que « par précaution, ils ont aussi enlevé les ganglions ».
Des ganglions et un bout de langue en moins, Nicole Léger doit réapprendre à parler et à surmonter le choc qu'elle a subi.
« [J'ai dû me raisonner pour] être capable d'accepter ma condition. Et de me dire : "Là, calme-toi. C'est ta vie. Tu n'es pas en train de faire l'indépendance du Québec". »
— Nicole Léger
Tous les jours depuis son opération, début octobre, elle fait des exercices de diction. Mais ce qui a été le plus difficile pour cette femme qui a toujours baigné dans la politique, c'était de revenir à l'Assemblée nationale.
C'est le 3 novembre dernier, foulard au cou pour cacher une longue cicatrice, qu'elle a pris son courage à deux mains et a fait une intervention à l'Assemblée nationale. Elle a été touchée par la gentillesse de ses collègues qui lui ont souhaité bon rétablissement.
Elle s'est même payé le luxe d'une mêlée de presse. « Je jojotte, je "chuinte", mais le reste n'est pas si mal. » Pas si mal parce qu'elle est guérie et que son chef lui a offert la présidence du caucus.
« Il faut être surhumain quand tu es en politique. La maladie t'amène à être moins surhumaine, peut-être mise au rancart parce que tu es malade. » Elle précise qu'elle a eu peur du rejet. Encore aujourd'hui, elle a l'impression que sa maladie, c'est aussi l'un de ses échecs.
- À la question : « Vous avez l'impression que c'est une faille à votre parcours? »
- Elle répond : « Oui, je vous le dis en n'étant pas contente de vous le dire. »
Malgré des sentiments de culpabilité, de honte et d'orgueil, Nicole Léger admet que sa vie a changé. « Je suis plus sereine parce que [je suis] reconnectée par la vraie vie », dit-elle. Bientôt, la maladie sera du passé et son élocution sera revenue. Sa passion, la politique, elle est restée intacte.
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