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Quêter pour acheter des cadeaux de Noël à ses enfants

Quêter pour acheter des cadeaux de Noël à ses enfants

Stephan Tzoutzourakis a passé cinq années de sa vie à quêter et à dormir dans les rues de Montréal. Même s'il s'en est sorti, il retourne parfois mendier pour ses besoins personnels, pour des cigarettes notamment. Mais à l'approche du temps des Fêtes, il retourne dans la rue pour offrir des cadeaux de Noël à ses enfants. Nous l'avons suivi pendant une heure, dimanche après-midi.

Un texte de Marie-Ève Tremblay

« Pour tes enfants, t'es prêt à offrir le meilleur. Je ne veux pas nécessairement le train électrique, mais quelque chose de beau. On a été au Dollarama pour les cadeaux de Noël et c'est triste un peu », raconte Stephan qui est maintenant établi dans un petit logement à Longueuil avec sa conjointe et ses deux enfants. Ces temps-ci, il passe près de 10 heures par semaine assis sur la rue Peel au coin de Sainte-Catherine.

Son revenu familial est d'environ 1000 $ par mois. Un montant insuffisant, explique-t-il, surtout que sa famille et celle de sa conjointe ne contribuent pas ou très peu. « Les familles plus pauvres ont souvent de l'aide de leur famille pour arriver. Nous, on est seuls et on n'a pas le choix. »

Même si pour Stephan, ce n'est pas le matériel qui compte, il remarque que ses enfants ne comprennent pas qu'ils sont pauvres. Pour lui, ils méritent une belle surprise et « c'est certain qu'un beau cadeau, ça les fera sourire », justement parce qu'ils ne sont pas habitués à ça.

Stephan souhaite aussi offrir un beau souper à sa famille. Il aimerait avoir un gros repas, avec des légumes et une dinde. Son plus grand souhait est d'offrir une belle atmosphère à sa famille, avec de la bonne nourriture et ses « enfants qui courent partout ». Il ajoute qu'il aimerait faire quelque chose que sa conjointe et lui « ne font jamais », prendre un verre de vin en amoureux.

Nous avions suivi les traces de Stephan, en février dernier, alors qu'il nous faisait découvrir sa vie lorsqu'il était itinérant. Depuis, il tente de trouver un emploi, mais avec un dossier criminel en poche, il n'y arrive pas.

Générosité dans le temps des Fêtes et... temps durs en janvier

Pendant l'heure où nous avons discuté, alors que Stephan tendait sa casquette, à peu près une quinzaine de personnes sont venues offrir de l'argent et de la nourriture. « C'est exceptionnel la générosité que tu vas retrouver pendant le temps des Fêtes », explique Stephan. Des personnes, de tous les âges, se promenaient avec des sacs remplis de nourriture. Biscuits, sandwiches, chocolats et bonbons ont rempli le sac à dos que Stephan avait apporté. Mais il le répète, « c'est exceptionnel ».

Il explique que pendant une journée normale, la quête peut rapporter environ 10 $ de l'heure. En janvier, c'est pire encore. Il n'y a plus personne qui donne et les itinérants peuvent « facilement passer une semaine sans avoir une cenne dans les poches ».

Stephan compte continuer à quêter lorsqu'ils auront des besoins pour donner un avenir meilleur à ses enfants. Son plus grand souhait est d'offrir « une porte vers une vie meilleure que celle de leur papa ».

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