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Premier Noël en famille en quatre ans pour un jeune transgenre rejeté

Premier Noël en famille en 4 ans pour un jeune transgenre rejeté
Radio-Canada.ca

Daniel Despins, 18 ans, se prépare à avoir un premier souper de Noël en famille depuis qu'il a été repoussé après avoir révélé son identité sexuelle. Cette réunification, le jeune transgenre de Saskatoon la doit notamment à une intervenante sociale auprès des jeunes LGBT. Il relate les moments les plus éprouvants auxquels il a fait face pendant ces années d'abandon.

Un texte d'Omayra Issa

Jamais à l'aise dans son corps biologique de fille, Daniel Despins a révélé son identité sexuelle à sa mère à l'âge de14 ans. Cette dernière lui a carrément ordonné de plier bagage. « Elle s'est fâchée, elle est venue dans ma chambre avec mon beau-père et elle a dit "Tu dois sortir." »

Le jeune homme a rapidement plongé dans l'itinérance. « J'étais dans les rues. Je me sentais comme [si] je n'avais pas de valeur du tout », confie-t-il.

Itinérant à 14 ans

Sans foyer, Daniel a passé plus d'une nuit à dormir sur les bancs du centre-ville de Saskatoon. Il s'est souvent réfugié dans la bibliothèque municipale des environs pour se réchauffer pendant l'hiver.

« C'était horrible. J'avais froid, j'avais chaud. Tu ne sais jamais où tu vas être la prochaine nuit. C'est difficile de ne pas avoir une maison. »

— Daniel Despins

Le jeune transgenre a longtemps vécu dans l'isolement. « C'est vraiment difficile d'être dans les rues et sans famille. Tu ne peux rien faire, tu n'as personne sur qui dépendre [compter]. C'est juste toi et tu dois faire ce que tu peux pour survivre », précise-t-il.

De 14 à 18 ans, Daniel Despins a séjourné dans 15 endroits différents, dont des logements sociaux où il ne se sentait pas à l'aise en tant que transgenre.

Dépression et alcool

Confronté au rejet de sa famille et à l'itinérance, Daniel a sombré dans la dépression, développé des problèmes de dépendance à l'alcool et attenté à ses jours.

L'adolescent a été admis une demi-douzaine de fois aux soins psychiatriques à l'Hôpital royal universitaire de Saskatoon.

« C'était difficile, j'ai passé beaucoup de temps à l'hôpital à cause de la dépression. J'ai eu du trouble avec l'alcool à cause de cela. Ce sont des choses qui viennent avec la rue : les drogues et l'alcool. »

— Daniel Despins

Les problèmes se sont rapidement accumulés, jusqu'à ce qu'il décide de quitter l'école, en raison de sa dépendance à l'alcool. Deux semaines après le début des cours, en 12e année, Daniel décroche.

« Ce sont les jugements qui tuent »

La coordonnatrice des services de soutien aux jeunes lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres à Out Saskatoon, Marjorie Beaucage, aide des jeunes comme Daniel Despins, qui sont rejetés par leurs proches et laissés à eux-mêmes.

Elle l'a rencontré juste avant qu'il ne sorte du placard comme transgenre, et ils ont rapidement établi un lien de confiance.

Mme Beaucage a contribué à donner un sens de sécurité et d'appartenance à Daniel Despins. Elle note qu'elle voit tous les jours des jeunes abandonnés par leur famille et leur communauté. Elle a soutenu le jeune Fransaskois dans des moments difficiles.

Elle prône l'acceptation sociale des jeunes transgenres.

« Que quelqu'un les écoute. "Je t'entends. Je te comprends. Je t'accepte." C'est tout. Pour toute relation humaine, c'est tout ce que ça prend. »

— Marjorie Beaucage, Out Saskatoon

Réconciliation familiale

Après plusieurs années de silence, Daniel Despins et sa mère ont commencé à renouer leurs liens. Ils communiquent presque tous les jours.

« On parle maintenant presque chaque journée. On texte, on Facebook et c'est beaucoup mieux », précise-t-il.

Bien qu'il n'a pas la permission de retourner vivre dans la maison familiale, le jeune transgenre aura droit à un premier souper de Noël en compagnie des membres de sa famille en quatre ans, le 24 décembre.

« Je crois que tu devrais toujours essayer d'avoir ta famille avec toi, si tu te sens en sécurité. »

— Daniel Despins

Daniel Despins regarde son parcours avec philosophie, et laisse entendre qu'il peut pardonner à sa famille.

Les yeux tournés vers l'avenir

Le jeune transgenre suit un traitement hormonal depuis six mois. « Depuis que j'ai commencé l'hormone, je me sens beaucoup plus confortable dans ma peau. Quand je vais avoir une procédure pour enlever mes seins, je vais avoir beaucoup plus d'euphorie », affirme-t-il. Il espère avoir une mastectomie l'an prochain.

Le Fransaskois habite à l'heure actuelle dans une maison pour jeunes à Vanscoy, à une trentaine de kilomètres de Saskatoon. Il participe aussi à des sessions d'Alcooliques anonymes pour se libérer de sa dépendance à l'alcool.

Il compte également retourner à l'école au mois de février prochain pour obtenir son certificat de fin d'études secondaires et étudier ensuite la psychologie à l'université. Daniel rêve d'aider les jeunes transgenres grâce à l'art-thérapie.

L'art est devenu sa bouée de sauvetage. « Je fais beaucoup d'art pour m'aider. Des fois, c'est pas mal grotesque ce que je fais dans l'art, mais après je le jette. Tu dois exprimer [tes émotions], sinon ça va rester tout dans toi-même », s'exclame-t-il.

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