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Un escroc de la rénovation en Montérégie?

Un escroc de la réno en Montérégie?
ICI Radio-Canada

Un entrepreneur reconnu coupable de fraudes, qui fait face à d'autres accusations du même genre et qui doit des centaines de milliers de dollars à ses fournisseurs, continue d'offrir ses services pour des travaux de rénovation ou d'aménagement paysager en Montérégie.

Un texte de Benoît Giasson

La Facture a rencontré Stéphane Roberge à sa résidence de Saint-Césaire, qui est aussi le siège social de sa compagnie, Tourbes SR. L'entrepreneur soutient que les gens devraient continuer à lui faire confiance, qu'il traverse présentement une période difficile à cause d'une association qui a mal tourné. Il affirme qu'il tente de relancer sa compagnie et de payer ses nombreux créanciers.

« Ça va être payé un jour. Je vais prendre des ententes de paiement. Je veux les payer. »

— Stéphane Roberge

Mais plusieurs entrepreneurs en construction ne sont pas de cet avis. Selon eux, Stéphane Roberge utiliserait différents stratagèmes pour leur soutirer de l'argent, en ne payant pas les sous-traitants qui effectuent les travaux ou les fournisseurs de matériaux.

La Facture a décortiqué certains des stratagèmes qu'a employés Stéphane Roberge.

Ne pas payer ses sous-traitants

Jean-Pierre Zakhia, d'Ampereur Rénovation, est convaincu que Stéphane Roberge n'a jamais eu l'intention de le payer quand il l'a engagé comme sous-traitant pour les travaux de réfection d'une toiture.

À la fin des travaux, M. Zakhia a découvert le pot aux roses : M. Roberge s'était engagé à le payer 2000 $ de plus que ce qu'il allait recevoir du propriétaire de la maison.

« C'est là que j'étais à 100 % sûr qu'il n'avait pas l'intention de payer. »

— Jean-Pierre Zakhia

Le sous-traitant a obtenu gain de cause en cour contre Stéphane Roberge le 15 avril dernier. M. Zakhia n'a toujours pas récupéré les 14 000 $ que lui doit l'entrepreneur.

Dans une autre affaire, l'entrepreneur a été condamné à payer 73 000 $ à son fournisseur, Les Gazons Sainte-Julie, qui lui avait livré différentes marchandises sans recevoir de paiement. Stéphane Roberge a porté la cause en appel.

Il a aussi été condamné à payer 8000 $ à l'entreprise de placement de main-d'œuvre Excel Personnel. Stéphane Roberge a utilisé les services d'ouvriers fournis par Excel Personnel, sans les payer. Le juge a condamné M. Roberge personnellement, même si le contrat était conclu avec son entreprise Tourbe SR.

Le juge a estimé que M. Roberge n'avait pas l'intention de payer au moment de l'embauche des ouvriers, puisqu'il était criblé de dettes. Selon le juge, Stéphane Roberge aurait utilisé sa compagnie « pour masquer une fraude et un abus de droit ».

Agir sous un faux nom?

Nous découvrons sur le web que M. Roberge a une deuxième entreprise, Gaelix, qui offre des services de rénovation. Un seul nom y figure : Éric Langevin.

Stéphane Roberge nous assure qu'il s'agit de son associé, et qu'il ne s'est jamais présenté sous ce nom à qui que ce soit. Deux personnes affirment le contraire.

Sophia Piot, de Brossard, a été approchée par M. Roberge pour des travaux de rénovation en juin dernier. Elle est catégorique; il s'est présenté à elle sous un faux nom. « Oui, c'est Éric Langevin », affirme-t-elle, quand nous lui montrons la photo de Stéphane Roberge.

M. Roberge s'est aussi présenté sous un faux nom à une agence de références en rénovation. Audrey Meunier, directrice des opérations de Rénocontact, se dit « absolument certaine » que Stéphane Roberge s'est présenté à elle sous le nom d'Éric Langevin.

Un faux numéro de la RBQ

Audrey Meunier nous montre également des documents fournis par M. Roberge, qui contiennent un numéro d'entrepreneur en construction de la Régie du bâtiment du Québec (RBQ). Après vérification, le détenteur de cette licence de la RBQ n'a aucun lien avec lui. Et selon nos informations, M. Roberge aurait utilisé cette licence dans d'autres transactions.

Après les démarches de La facture, Rénocontact a modifié ses procédures de vérification des entrepreneurs. Dorénavant, avant de recommander un entrepreneur, l'entreprise exige des pièces d'identité officielles avec photo.

Stéphane Roberge soutient que c'est son partenaire d'affaires qui a utilisé ce faux numéro de RBQ. Il n'a pourtant fourni aucune information nous permettant de contacter cet individu.

Faux document et fausse monnaie

Le 13 mars 2015, Roberge a plaidé coupable à 12 chefs d'accusation de fraude, de fabrication et d'usage de faux documents. Il aurait contrefait des bons de commande de matériaux de construction dans une quincaillerie BMR, en Montérégie. Le juge doit déterminer sa sentence le 18 janvier 2016.

Il devra aussi subir des procès criminels dans au moins trois autres causes. Dans l'une d'elles, il aurait payé un fournisseur avec de faux billets de 20 $. Il fait face à des accusations de fraude et d'usage de monnaie contrefaite. Il a plaidé non coupable. Il doit se présenter au palais de justice de Saint-Hyacinthe le 16 septembre 2016.

Une compagnie douteuse sur le web

Roberge reconnaît être derrière la compagnie Gaelix, qui offre des services de rénovation sur le web. Gaelix n'est pas enregistrée au Registre des entreprises du Québec. Sur le web, Gaelix donne l'adresse d'un immeuble prestigieux du DIX30 comme bureau. On y apprend que Roberge a bien fait appel aux services de secrétariat de cette entreprise, mais son contrat a été annulé, faute de paiement. Aux dernières nouvelles, Gaelix est toujours présente sur le web.

Annie Leibovitz

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