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Promesse brisée: pas de stratégie pour le français à l'école, Bolduc commente

Pas de plan pour l'amélioration du français à l'école
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L'engagement visant à promouvoir une meilleure maîtrise du français à l'école figure sur la liste des promesses non tenues du gouvernement Couillard.

Conscient des lacunes observées chez les élèves à la fin du secondaire, particulièrement en orthographe et en grammaire, l'ex-ministre de l'Éducation Yves Bolduc s'était engagé publiquement en décembre 2014 à adopter une stratégie destinée à renforcer l'apprentissage du français au primaire et au secondaire, et ce, dès «le début de l'année 2015».

Il avait élaboré un plan d'action en cinq axes et entrepris une série de consultations, avant de quitter brusquement la politique en février.

Or une année complète s'est écoulée depuis la promesse faite par M. Bolduc et le ministère de l'Éducation n'a toujours pas annoncé de stratégie.

D'abord réticent, l'ex-ministre Bolduc a accepté de mettre de côté son devoir de réserve pour se porter à la défense du français à l'école. Sans vouloir critiquer ouvertement son successeur, il réaffirme l'importance au Québec de fournir un effort additionnel si on veut que les jeunes quittent le secondaire en étant aptes à écrire un texte dans un français de qualité.

«Il y a un travail à faire, vraiment, au niveau scolaire pour renforcer le français chez nos jeunes», a-t-il indiqué récemment en entrevue à La Presse Canadienne.

«Le français est la langue qui est prépondérante au Québec et c'est important que les gens la maîtrisent», dit celui qui est retourné à la pratique médicale.

M. Bolduc avait soulevé la controverse en août 2014, quand il avait déclaré que les commissions scolaires devaient acheter moins de livres pour compenser les compressions budgétaires imposées par Québec. Certains y ont vu une indifférence inacceptable du ministre à la maîtrise de la lecture, ce qui l'avait blessé.

Il soutient au contraire que la révision des cours de français avait toujours été pour lui une priorité.

Son successeur, François Blais, a écarté le plan d'action de M. Bolduc. En poste depuis 10 mois, on ne connaît toujours pas ses intentions en ce domaine, et il ne se fixe aucune échéance pour agir. Le milieu de l'éducation ne les connaît pas non plus, car il n'a consulté personne, ont indiqué plusieurs sources issues des regroupements d'enseignants et des syndicats. M. Blais a refusé une demande d'entrevue.

La faiblesse des élèves québécois en français est démontrée et le problème tend à s'accroître d'année en année.

Après 11 années de scolarité, tous les élèves doivent subir une épreuve de français écrit à la fin du secondaire. Même s'ils peuvent consulter un dictionnaire, une grammaire et un recueil de conjugaisons, 27 pour cent d'entre eux n'ont pas réussi le test en 2014. C'est 10 pour cent d'échec de plus qu'en 2009. Si on isole les critères de la grammaire et l'orthographe, on constate que cette année-là 45 pour cent ont échoué le test. Pratiquement un sur deux.

Le ministre Blais reconnaît le problème. Le 15 août, il déclarait ceci: «Sur le français au Québec, on ne peut pas faire de concession. Quand on regarde la performance des élèves au Québec en littératie, quand on compare avec le Canada et l'OCDE, aux grands examens internationaux, c'est là qu'on a une faiblesse.»

Dans son discours inaugural, le premier ministre Philippe Couillard avait lui aussi rappelé l'importance d'«insister sur l'apprentissage des langues. Le français qui nous définit comme peuple, l'anglais et les autres langues qui sont des fenêtres sur le monde». Un des engagements libéraux en campagne électorale consistait à «accentuer la promotion de la qualité du français dès l'école primaire».

En 2008, déjà, le gouvernement Charest avait décidé de s'attaquer à ce problème en se dotant d'un plan d'action ambitieux contenant 22 mesures. Qu'est-il devenu? Difficile à dire.

Le comité de mise en oeuvre du plan d'action a cessé de se réunir en 2011. Il y a eu deux rapports d'étape, le plus récent produit en 2012. Depuis, rien.

Avec ce plan, on visait notamment à faire rédiger aux élèves au moins un texte par semaine et à leur faire lire des textes quotidiennement. On devait réviser les programmes de français, apporter davantage de soutien aux enseignants et revoir les programmes de formation des maîtres à l'université.

Le ministre Blais a choisi de donner suite à ce dernier point. Il a promis qu'à compter de septembre prochain les critères d'admission à la formation d'enseignant seraient resserrés.

Mais dans le milieu de l'éducation, on considère que c'est bien peu. Les regroupements d'enseignants et les syndicats qui les représentent revendiquent que Québec fasse un état de situation, donne suite aux 22 mesures annoncées en 2008 et présente un véritable plan d'action.

À son arrivée en poste, en 2014, Yves Bolduc a constaté que l'application des 22 mesures laissait à désirer. «C'est un rapport que j'avais endossé. J'avais repris le dossier et j'avais des gens au ministère qui s'en occupaient. La consigne était claire qu'on devait aller de l'avant avec ça», rappelle l'ex-ministre.

Dans le milieu, on reproche aussi au ministre Blais son manque d'accessibilité.

La présidente de l'Association québécoise des enseignants du primaire (AQEP), Audrey Cantin, déplore le fait de n'avoir eu aucune rencontre avec le ministre Blais ou son cabinet. «Nous l'avons invité à notre congrès annuel, mais il a décliné», dit-elle.

Même son de cloche du côté de l'Association québécoise des professeurs de français. Sa directrice générale, Isabelle Péladeau, dit que son association a produit un avis étoffé sur la question après sa rencontre avec l'entourage de l'ex-ministre Bolduc, mais n'en a jamais entendu parler depuis que M. Blais est en poste. Aucune rencontre, aucun contact.

«C'est lettre morte» depuis la nomination de M. Blais, renchérit la première vice-présidente de la Fédération des syndicats d'enseignants (FSE), Sylvie Théberge, qui avait elle aussi rencontré les représentants du ministère de l'Éducation en janvier dernier et présenté des recommandations.

Une autre avenue, qui semble faire consensus dans le milieu, consisterait à rendre obligatoire le nombre minimal d'heures d'enseignement du français prévu au régime pédagogique, actuellement facultatif.

C'est précisément ce que recommandait le Conseil supérieur de la langue française (CSLF), dans un avis rendu public en octobre dernier.

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