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«Pipelines, pouvoir et démocratie» : nos politiciens à la solde du pétrole (VIDÉO/PHOTOS)

«Pipelines, pouvoir et démocratie» : nos politiciens à la solde du pétrole (VIDÉO/PHOTOS)

Il n’est pas connu pour avoir sa langue dans sa poche. Olivier D. Asselin sort vendredi son nouveau documentaire, Pipelines, pouvoir et démocratie, un brûlot incendiaire sur les nombreux déficits démocratiques au Québec. Le réalisateur a répondu aux questions du Huffington Post Québec.

1 – L’industrie des sables bitumineux et ses conséquences dévastatrices sur la nature sont en soi un vaste sujet. Comment vous y êtes-vous pris pour aborder cette problématique complexe?

En suivant quatre personnes bien réelles et en me concentrant sur le consensus scientifique qui place les sables bitumineux de l'Alberta en tête de liste des menaces à la vie sur Terre aujourd'hui.

2 – Vous décrivez dans votre documentaire-choc le projet controversé de l’oléoduc Énergie Est de TransCanada. Vous faites également le portrait peu élogieux des dessous de la politique québécoise. On va même jusqu’à se demander si nos politiciens ne sont finalement pas tous achetés par les groupes de pression ou les multinationales, n’est-ce pas?

La question centrale du film est justement la sclérose de nos institutions démocratiques, aussi bien au Canada qu'au Québec. Comme le dit Olivier Huard dans le film, les problèmes environnementaux comme les problèmes sociaux sont tous reliés à un problème de déficit démocratique.

«Pipelines, pouvoir et démocratie», par Olivier D. Asselin

3 – Qu’est-ce que vous entendez au juste par «déficit démocratique»?

Le déficit démocratique c'est ce qui permet à une multinationale de poursuivre la petite communauté de Restigouche pour avoir osé passer un règlement municipal protégeant son eau potable. C'est ce qui permet aux banques et médecins de faire des profits records pendant que les anciens banquiers et les anciens médecins au pouvoir à Québec nous servent la morale de l'austérité. Le déficit démocratique, c'est ce qui donne l'autorisation à Enbridge de lancer le renversement de la ligne 9B au Québec le jour de l'ouverture de la COP21 à Paris...

4 – Entre le style engagé et l’enquête fouillée, Pipelines, pouvoir et démocratie suit des militants environnementalistes qui tentent à leurs manières de modifier le cours des choses. Pensez-vous comme eux que le véritable pouvoir du citoyen ne se trouve pas dans l’urne, mais dans la rue?

Je crois comme eux que tous les moyens sont bons pour se faire entendre. La diversité des tactiques, c'est garder le cap sur l'objectif commun même si nos alliés dans la lutte n'emploient pas les mêmes tactiques que nous. Chacun selon ses moyens peut contribuer à la seule avenue réaliste pour la survie de notre espèce: l'abandon des combustibles fossiles.

5 – Alors que se déroule cette semaine la COP21 à Paris avec la présence du nouveau premier ministre canadien, Justin Trudeau, croyez-vous qu’il va y avoir des changements profonds au pays en ce qui concerne l’industrie des sables bitumineux?

Le problème avec l'élection de Justin Trudeau est que le seul fait de ne plus avoir les conservateurs au pouvoir nous fait croire que la situation a changé. Mais les lois de l'ère Harper sont toujours en place et surtout, les lobbys sont toujours au travail dans les coulisses du parlement canadien. Comme je le démontre dans mon film, même avec la meilleure volonté du monde, les individus n'ont plus assez de pouvoir dans nos institutions démocratiques devant le poids déterminant des lobbys de l'énergie.

6 – Est-ce que la réalisation d’un documentaire comme Pipelines, pouvoir et démocratie peut aussi changer le monde?

Oui. Car la finalité d'une lutte a beau être incertaine, le fait de l'entreprendre nous garde en vie.

Pipelines, pouvoir et démocratie – ONF – Documentaire – 90 minutes – Sortie en salles le 4 décembre 2015 – Canada, Québec.

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