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Un Sénat qui lave plus blanc?

Un Sénat qui lave plus blanc?

Soucieux de montrer pattes blanches et de faire preuve de transparence, voire de neutralité - si tant est que c'est possible quand on porte les couleurs d'un parti politique -, le gouvernement de Justin Trudeau annonce la mise en place d'un comité de cinq sages qui aura la mission de recommander des candidats au Sénat. Les recommandations, cependant, ne seront pas contraignantes.

Un texte de Joyce Napier

« De vrais changements que le Sénat n'avait pas vus depuis des décennies », a déclaré la ministre des Institutions démocratiques, Maryam Monsef.

« Le statu quo n'est plus une option », dit-elle en conférence de presse, ajoutant plus tard que les citoyens canadiens qui le souhaitent pourront même soumettre leur candidature pour pourvoir les 22 postes vacants en ce moment.

« C'est un bon processus, dit le sénateur James Cowan, ancien leader de l'opposition au Sénat. Le Sénat est une institution qui sait s'adapter. C'est le moment où jamais, pour nous, de changer notre façon de faire. »

Les libéraux peuvent se féliciter d'avoir trouvé une approche plus populiste sans doute, mais s'agit-il forcément d'un changement fondamental au Sénat?

Posez la question au sénateur conservateur Don Plett et il vous dira que vous aurez beau chercher un être non partisan au Sénat ou à la Chambre des communes, vous n'en trouverez pas. Point final.

La colline du Parlement, à Ottawa, sera toujours un haut lieu de partisanerie, c'est la nature de la bête.

« Ça fait 150 ans que le premier ministre du Canada nomme les sénateurs, et il va continuer à le faire. Rien ne va changer. »

— Le sénateur conservateur Don Plett

Sans aller aussi loin dans la rhétorique, son collègue, le sénateur Claude Carignan, l'ancien leader du gouvernement conservateur à la Chambre haute, s'interroge sur ces changements et sur la manière de les appliquer.

Un contresens

Le comité de sages, composé de trois représentants du fédéral et de deux représentants de la province du siège à pourvoir, aura comme mission, dans un premier temps, de recommander celui ou celle que Justin Trudeau choisira pour représenter le gouvernement libéral au Sénat, le leader du gouvernement. Cette personne devra être non partisane.

Un contresens? demande-t-on au sénateur Carignan, qui a occupé ce poste pour le gouvernement conservateur.

« C'est clairement un contresens. S'il y a bien un poste au Sénat qui est partisan, c'est bien celui de représentant du gouvernement. »

— Le sénateur Claude Carignan

Celui ou celle que le premier ministre choisira - parmi les candidats recommandés par le comité - sera un néophyte, puisque le gouvernement Trudeau veut un renouveau au Sénat et rejette carrément la vieille garde.

C'est un deuxième coup pour les sénateurs libéraux, qui ont été chassés du caucus par Trudeau, il y a bientôt deux ans, et qui se sentent aujourd'hui encore plus à l'écart.

Mais pour d'autres sénateurs, l'initiative du gouvernement Trudeau est la bienvenue, et pourrait restaurer un tant soit peu la mauvaise réputation du Sénat, qui éclabousse tous ses membres.

Une mauvaise réputation qui a poussé le sénateur Jacques Demers à quitter le caucus conservateur et à siéger comme indépendant. Il en avait assez, dit-il, de se faire demander, lorsqu'il allait jouer au golf : « As-tu payé ça avec tes dépenses du sénat? »

Ces changements au processus de nomination sont-ils cosmétiques? Cela dépend à qui vous posez la question. Mais le gouvernement Trudeau n'a pas une grande marge de manoeuvre : tout changement fondamental - ou carrément l'abolition du Sénat - doit passer par un amendement constitutionnel, un débat dont personne ne semble vouloir.

Que l'on soit de l'avis que le Sénat est bourré de bons amis des partis libéral et conservateur, que la Chambre haute n'est qu'une institution partisane, voire corrompue, la réalité est simple : le Sénat est là pour rester. Dans le meilleur des cas, on ne peut que tenter de l'améliorer.

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