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La Mission Old Brewery consacrera des millions de dollars à sortir les itinérants de la rue

La Mission Old Brewery consacrera des millions de dollars à sortir les itinérants de la rue
ICI Radio-Canada

Le temps des Fêtes approche. Comme chaque année, on parlera beaucoup en décembre du sort des sans-abri, qui sont de plus en plus nombreux. La Mission Old Brewery, qui vient en aide aux itinérants à Montréal, veut cependant renverser cette tendance. Son directeur, Matthew Pearce, aimerait que dès l'an prochain leur nombre commence à diminuer. Il a répondu à nos questions.

Un reportage de René Saint-Louis

Il y a deux ans, vous avez lancé une campagne de financement très ambitieuse. Combien avez-vous amassé?

Nous avons amassé 14 millions de dollars uniquement auprès de donateurs privés. C'est un peu plus de la moitié de l'objectif qu'on s'est fixé pour 2020.

On est très conscients que c'est ambitieux. Mais étant donné nos intentions, c'est approprié, c'est juste. C'est un objectif qui offre une promesse aux Montréalais. Celle de mettre fin à l'itinérance telle qu'on la connaît aujourd'hui, où c'est devenu un style de vie pour plusieurs qui sont collés dans un contexte de refuges et de vie dans la rue pendant des mois et des années.

On veut en finir avec cette offre de services qui permet aux gens de rester dans la rue de façon chronique.

Est-ce que l'offre de services crée un cercle vicieux qui maintient les gens dans la rue?

Je vous dirais deux choses. Premièrement, quelqu'un qui n'a rien, même pas un lit, c'est essentiel qu'il reçoive ces services. Mais si c'est tout ce qu'on offre, ça facilite l'itinérance.

La personne sait qu'elle aura un lit, un repas, une douche, des vêtements. C'est essentiel, mais c'est juste la porte d'entrée. On ne peut pas éviter les malheurs qui font en sorte que quelqu'un se retrouve à la rue. Mais on peut radicalement changer leur vécu. Pour ça, il faut aussi ouvrir grand la porte de sortie de la rue.

Il y a eu, en 2015, le premier recensement des itinérants à Montréal. Qu'est-ce que ça a apporté?

Bien, je dirais qu'il y a de la lumière au bout du tunnel, comme il n'y en avait peut-être pas avant. Il y a une concertation de plusieurs joueurs : communautaire, santé, recherche, privé.

Alors oui, encore cette année, on a vu une augmentation de l'utilisation de nos ressources, mais on commence tous à s'arrimer autour d'un plan pour voir une diminution de l'utilisation de nos services. Et ça passe par une concertation de tous les milieux impliqués.

Est-ce que 2016 sera l'année où on verra une diminution de l'itinérance?

On l'espère avec l'implantation de nos plans. Pas juste de la Mission Old Brewery, mais de tous les organismes.

On verra de façon graduelle, pas rapide, une baisse du nombre de sans-abri chroniques. Les itinérants chroniques ne forment que 15 % à 20 % des sans-abri, mais ils consomment 50 % de nos ressources. Alors si on peut les aider à se trouver un logement avec le soutien qui s'impose, on va débloquer un système qui est bouché à l'heure actuelle.

Cette année, c'est notre 126e anniversaire. Et c'est la première année dans notre histoire où le nombre d'unités en logement qu'on gère dépasse le nombre de lits en refuge.

L'avenir est à une augmentation du parc de logements d'accompagnement et à une diminution continue des lits de refuge.

Il y a un nouveau gouvernement à Ottawa. Est-ce que ça change quelque chose?

Ça change selon moi plusieurs choses. On a quand même un gouvernement fédéral libéral. On a un gouvernement provincial libéral. Et le maire de Montréal est un ancien ministre libéral. Alors ce n'est pas une opinion sur le Parti libéral, mais un regroupement de gens qui parlent le même langage.

Avec les divisions qu'on a vues dans le passé, je crois qu'on est de loin dans une meilleure position pour arrimer les trois niveaux de gouvernement vers un seul plan concret pour sortir les gens de la rue.

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