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C'est parti pour l'inversion de l'oléoduc 9B d'Enbridge; les inquiétudes restent vives

C'est parti pour l'inversion de l'oléoduc d'Enbridge, vives inquiétudes

Après plusieurs mois de débats, l'inversion de la canalisation 9B d'Enbridge entre North Westover, en Ontario, et Montréal est maintenant chose faite. L'entreprise a commencé à remplir son oléoduc, qui était inactif depuis deux ans, dans le but d'acheminer le pétrole de l'Alberta vers les raffineries de l'est du pays. Les premières livraisons sont prévues d'ici la fin de l'année.

Un texte de Bruno Coulombe

La mise en marche de la canalisation 9B survient deux mois, jour pour jour, après le feu vert donné à Enbridge par l'Office national de l'énergie (ONE) à la suite d'essais hydrostatiques menés par l'entreprise elle-même. Exploité depuis près de 40 ans, le tronçon de 639 km constitue la dernière étape d'un projet visant à alimenter les raffineries de l'Ontario du Québec, dont celle de Suncor, dans l'est de Montréal, et celle de Valero, à Lévis.

Le porte-parole d'Enbridge, Éric Prud'homme, estime que l'inversion du pipeline vient solidifier l'industrie pétrochimique.

« Il nous reste seulement une raffinerie à Montréal, alors on veut la garder parce qu'il y a des avantages à l'avoir, et bien sûr une raffinerie à Lévis. On parle, pour ces deux raffineurs-là, d'environ mille emplois, et on parle d'autres milliers d'emplois qui sont reliés au secteur pétrochimique. Sans le renversement de la ligne 9B, [...] c'est le secteur de la pétrochimie qui est à risque. »

Exploitation sécuritaire?

Enbridge affirme qu'elle mettra tout en œuvre pour assurer l'exploitation sécuritaire du pipeline, qui traverse notamment Toronto en plus de longer le fleuve Saint-Laurent jusqu'à Terrebonne, au nord de Montréal.

Déjà, une surveillance par hélicoptère est effectuée deux fois par mois pour détecter les risques de bris ou de fuite. À cela s'ajoute la trentaine de conditions émises par l'ONE en mars 2014 lorsqu'il a donné son approbation au projet pour la première fois, et qui incluent notamment la mise sur pied de patrouilles au sol toutes les deux semaines, les vérifications de l'intégrité tous les trois mois et une inspection interne supplémentaire durant la première année d'exploitation.

Mais les groupes écologistes ne sont pas rassurés pour autant. Joint à Paris, où il assiste à la Conférence des Nations unies sur le climat, le responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace, Patrick Bonin, s'est dit particulièrement inquiet.

« C'est un projet à haut risque avec une entreprise en qui on n'a aucunement confiance, avec des plans d'urgence qui sont, soit absents, soit déficients, à plusieurs égards, alors qu'on devrait être rassuré. »

— Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace

Si certaines municipalités comme Mirabel se disent satisfaites des conditions imposées à Enbridge, d'autres craignent l'impact d'un éventuel déversement sur leur approvisionnement en eau potable, étant donné que le pipeline traverse plusieurs cours d'eau, dont les rivières des Mille Îles, des Prairies et des Outaouais.

Le préfet de la MRC de Vaudreuil-Soulanges et maire de la petite municipalité de Très-Saint-Rédempteur, Jean Lalonde, promet de poursuivre la bataille.

« Je pense qu'on a perdu une manche, c'est sûr et certain [...], mais on n'a pas perdu la bataille encore. On va essayer de trouver tous les moyens, peut-être possiblement des moyens légaux [...] pour qu'on puisse arrêter le flot de l'inversion. On va regarder tout ce qu'on a sur la table [...], mais comme on dit, il est minuit moins cinq. »

— Jean Lalonde, préfet de la MRC de Vaudreuil-Soulanges

À terme, le pipeline doit permettre d'acheminer jusqu'à 300 000 barils de pétrole par jour depuis l'Alberta jusqu'à Montréal, et ensuite à Lévis. Cela signifie que des navires chargés de brut navigueront sur le fleuve Saint-Laurent.

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