Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'Action de grâce américaine à la sauce politique

L'Action de grâce américaine à la sauce politique

C'est le début de la saison des traditions aux États-Unis. À la Maison-Blanche, Barack Obama a gracié deux dindes (Honest et Abe, selon le choix d'écoliers). Il a parlé de sécurité, de vigilance avant de les rassurer : aucun complot crédible en vue. Rejoignez vos familles, l'esprit en paix. « Happy Thanksgiving everybody! », a lancé le président.

Un texte de Yanik Dumont Baron, correspondant à Washington

Le temps s'arrête lors de l'Action de grâce américaine. Du moins, le temps d'un long (et gros!) repas. Au cours de ce repas bien sacré, les Américains ont l'habitude de dire merci. De souligner leur reconnaissance, leur gratitude. Imaginons certains politiciens américains réfléchir sur les derniers mois.

Donald Trump peut songer avec gratitude à la ferveur de ses partisans. Semaine après semaine, ils le maintiennent en tête des sondages. Le milliardaire garde leurs appuis malgré ses idées parfois déroutantes (ficher les réfugiés syriens, surveiller les mosquées), malgré la fausseté de certaines de ses déclarations. Il maintient, par exemple, que des « milliers » de musulmans ont sauté de joie au New Jersey pour célébrer les attentats contre le World Trade Center, en 2001.

Jeb Bush doit beaucoup à ses nombreux bailleurs de fonds. Les millions qu'ils ont versés lui permettent de rester en course. D'acheter de la pub pour tenter de raviver sa campagne. Jeb Bush semblait inévitable en début d'année, mais Trump est arrivé. Et la performance du fils et frère d'anciens présidents a déçu. Ces jours-ci, Bush se débat pour prouver que sa campagne, contrairement à l'année 2015, ne tire pas à sa fin.

Ben Carson peut regarder son parcours avec fierté. Sa carrière de chirurgien lui confère une autorité morale. Son enfance difficile, dans un Détroit pauvre, lui apporte une aura de détermination, d'accomplissements. Un parcours qui inspire. Qui a su masquer des faiblesses. Surtout en matière de politique étrangère. Son autorité professionnelle suffira-t-elle à rassurer les Américains craintifs après les attentats de Paris?

Ted Cruz peut sourire en pensant à son éloquence, à son esprit de tacticien. Il courtise un électorat semblable à celui de Donald Trump, mais d'une manière plus subtile. Il parle de terrorisme radical islamiste, souligne que les chrétiens sont persécutés au Moyen-Orient. Conclusion : il suggère de refuser des réfugiés syriens musulmans. Une façon de courtiser les électeurs pour qui la religion (chrétienne) est importante.

Bernie Sanders peut remercier les électeurs progressistes démocrates qui l'ont accueilli avec autant de ferveur au cours de l'été. Leur passion et leur énergie ont beaucoup aidé à faire connaître ce sénateur indépendant venant du tout petit Vermont. Ses partisans sont surtout blancs. Ça lui permet de livrer une chaude lutte à Hillary Clinton dans des États comme le New Hampshire, mais pas dans le Sud. Sanders saura-t-il utiliser la ferveur de ces partisans pour convaincre des Afro-Américains et des Latino-Américains?

Marco Rubio peut remercier son ancien mentor, Jeb Bush. La performance décevante de ce dernier lui donne plus de place. Elle lui permet de mettre en valeur ses propres attributs : son sens de la répartie, sa discipline, son jeune âge, ses racines latines conservatrices. En se démarquant ainsi, Rubio peut lancer un autre message : il serait le mieux placé pour battre l'adversaire démocrate pressentie, Hillary Clinton.

Justement, Hillary Clinton doit beaucoup à sa ténacité et sa vaste expérience politique. C'est avec le temps qu'elle a mis fin aux multiples questions entourant l'utilisation d'un serveur personnel pour ses courriels de secrétaire d'État. Sa maîtrise des dossiers rattachés à cette période de sa vie politique l'a aussi aidée devant des adversaires républicains moins préparés. Des qualités qui se transforment en atout dans une course désormais marquée par les complexes questions de politique étrangère et de sécurité nationale.

Il n'y a pas d'ordre particulier à cette liste et elle est loin d'être complète. Qui ajouteriez-vous? Pourquoi?

Obama gracie deux dindes

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.