Qui sont les administrateurs d'entreprises les plus influents au Québec?
Qui sont les administrateurs les plus influents au Québec?
Radio-Canada.ca— RCQC
L'Institut de recherche et d'information socio-économiques (IRIS) a tenté d'établir un portrait des administrateurs d'entreprises les plus importants au Québec, afin de déterminer les plus influents.
Un texte de Ximena Sampson
L'organisme de recherche a comptabilisé le nombre de fois où deux administrateurs ont fait partie du même conseil d'administration de l'une des 30 plus importantes entreprises du Québec.
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Ainsi, Robert Chevrier est celui qui compte le plus de liens entre 2004 et 2012 avec d'autres administrateurs : 175.
L'IRIS a aussi mesuré la « proximité » et l'« intermédiarité » des administrateurs. Le premier mesure la distance indirecte entre un administrateur et d'autres membres du réseau, le second la centralité d'une personne par rapport aux autres. Ils ont ensuite établi un classement des 20 personnes les plus influentes pour chaque catégorie, ce qui donne un total de 37 administrateurs, certains étant dans plusieurs catégories.
À partir de ce classement, l'étude illustre les liens en représentant les entreprises sélectionnées (en noir dans le graphique ci-dessous) et les individus (en rouge) qui siègent à leurs conseils d'administration.
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Mesurer l'influence
Certains d'entre eux siègent en même temps à une dizaine de conseils d'administration d'entreprises, certaines cotées en bourse, d'autres non, et sur ceux d'organismes artistiques ou à but non lucratif.
Cette diversité de positions leur donne un regard « qui va au-delà d'un seul secteur d'exercice économique », explique Audrey Laurin-Lamothe.
« Ces gens-là deviennent des sortes de porteurs de message auprès des gouvernements. »
— Audrey Laurin-Lamothe, chercheuse associée à l'IRIS
Quelques vedettes québécoises en affaires
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Le C. A. comme lieu de pouvoir
« Quand on parle de l'élite économique, au Québec, on a tendance à avoir une image en tête qui nous renvoie au rôle de PDG. [Cependant] le C. A. a lui aussi un pouvoir décisif dans l'entreprise, entre autres pour déterminer la part des profits qui va aller en salaires, celle qui va aller en réinvestissement ou celle qui va aller en dividendes, par exemple. » Audrey Laurin-Lamothe, chercheuse associée à l'IRIS et auteure de la publication.
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Les portes tournantes
Cette réalité est accentuée par le phénomène des portes tournantes entre le privé et le public. En effet, la chercheuse a constaté que parmi les 37 administrateurs les plus influents, 16 ont occupé des postes de fonctionnaires, de gestionnaires de sociétés d'État ou de députés provinciaux ou fédéraux.
« Cela permet d'expliquer en partie comment des pratiques du secteur privé ont été importées à l'intérieur du secteur public », affirme Audrey Laurin-Lamothe.
Un portrait très masculin
Ces administrateurs influents sont en majorité des hommes âgés d'environ 65 ans.
Seules six femmes faisaient partie de ce top 40, soit 16 % du total. Cela est représentatif de l'ensemble des autres sphères de pouvoir au Québec.
Une influence toute relative
Il ne faut pas s'inquiéter outre mesure de ces pratiques, croit Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance.
« Ce n'est pas parce qu'une personne siège sur deux conseils d'administration que ça en fait un administrateur influent », avance-t-il. Personne à l'extérieur ne connaît la teneur exacte des discussions au sein d'un conseil d'administration et, selon lui, c'est très bien comme ça.
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« Un C. A., c'est un groupe de 15 personnes qui se disent les vraies affaires, qui se parlent franchement entre amis, sachant qu'on va prendre des décisions. »
— Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance
Le fait que des administrateurs entretiennent de relations ne veut pas dire qu'ils manigancent et complotent, croit Michel Nadeau.
Par contre, souligne-t-il, il est vrai que les conseils d'administration sont d'importants centres de pouvoir. Il est donc important, dans la foulée de la décision de la Cour suprême sur la question, que les membres aient à cœur les intérêts de toutes les parties prenantes, soit les travailleurs, les créanciers, les fournisseurs, les municipalités, etc., et non seulement les actionnaires.
« Est-ce que ces gens-là sont uniquement sensibles aux intérêts des actionnaires ou des parties prenantes de la société dans laquelle ils sont? »
— Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance
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