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L'ex-maire Tremblay n'a pas été à la hauteur de la situation, conclut la commission Charbonneau

L'ex-maire Tremblay n'a pas été à la hauteur de la situation

L'ex-maire de Montréal Gérald Tremblay et l'ancien président de son comité exécutif, Frank Zampino, sont blâmés par la commission Charbonneau. En raison de leurs manquements respectifs, les Montréalais ne pouvaient pas s'attendre à ce qu'ils luttent contre la corruption et la collusion.

Un texte de François Messier

M. Tremblay « n'a pas exercé adéquatement son rôle de contrôle et de surveillance de l'administration municipale, préférant s'en remettre au président du comité exécutif », conclut notamment la commission.

À l'instar de son bras droit, Frank Zampino, l'ex-maire avait « le pouvoir d'exiger » que les employés et les cadres de la Ville « respectent les normes d'intégrité les plus élevées », mais il n'a rien fait en ce sens.

« Gérald Tremblay a pris peu d'initiatives à cet égard. Il passait à l'action quand les scandales éclataient ou quand il craignaient qu'ils éclatent. »

— Le rapport de la commission Charbonneau

La commission souligne entre autres que le maire a congédié l'argentier de son parti, Bernard Trépanier, après avoir été informé qu'il avait réclamé « une somme importante » à une entreprise qui voulait faire un projet de développement à Montréal. « Dans les faits, ce responsable a continué ses activités de sollicitation », note-t-elle.

Quant à Frank Zampino, il « faisait fi du guide de conduite » de la Ville en acceptant des cadeaux de l'entrepreneur Tony Accurso et des avantages de Paolo Catania, le promoteur de Faubourg Contrecoeur.

M. Zampino est d'ailleurs accusé de fraude, de complot et d'abus de confiance dans l'affaire du Faubourg Contrecoeur, un terrain de l'est de la métropole que la Société d'habitation de Montréal (SHDM) a vendu à rabais à Construction Frank Catania et Associés en 2007.

Frank Zampino a aussi affirmé ne pas savoir que des entrepreneurs et des ingénieurs de la Ville faisaient de la collusion, rappelle la commission. « Devant la preuve irréfutable du contraire, il a fini par admettre qu'il en avait été informé », mais « n'a pas cru bon alors d'alerter Tremblay. »

Ce dernier a pour sa part affirmé à la commission qu'il a été mis au parfum des pratiques de collusion « en septembre 2009, lors de la publication du rapport du vérificateur général de la Ville sur le contrat des compteurs d'eau, lequel suivait de plusieurs mois des enquêtes journalistiques. »

« Dans un tel contexte, les Montréalais ne pouvaient s'attendre à ce que les personnes qu'ils avaient élues pour diriger leur ville combattent la collusion et la corruption. Union Montréal, le parti de Tremblay et de Zampino, était financé en partie par ces mêmes entrepreneurs et ingénieurs qui avaient créé des cartels. »

— Extrait du rapport de la commission Charbonneau

Ces entrepreneurs et ingénieurs, rappelle la commission « étaient sollicités entre autres par un homme proche de la mafia, Nicolo Milioto, et par un organisateur politique spécialiste des élections "clés en main", Bernard Trépanier, grand ami de Zampino ».

Le phénomène du financement illégal des partis politiques de Montréal ne date pas d'hier, concède la commission, mais « il a pris de l'ampleur avec l'élection d'Union Montréal en 2001 ».

La commission rappelle que quatre cartels ont prospéré à Montréal, dans les secteurs des égouts et aqueducs, des trottoirs, de la pose d'asphalte et, plus brièvement, dans les parcs et l'aménagement urbain. Les entrepreneurs des deux premiers cartels fréquentaient le club Consenza, le quartier général du clan mafieux Rizzuto.

« Les dirigeants du clan Rizzuto agissaient comme des médiateurs pour régler les litiges entre des entreprises concurrentes », affirme en outre la commission.

Elle rappelle aussi que Lino Zambito a déclaré payer un pizzo à la mafia. « Cette taxe était généralement versée au dirigeant du cartel des trottoirs [Nicolo Milioto, NDLR], qui agissait comme intermédiaire avec la mafia. »

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