Peu de choses ont changé depuis que Ken Pereira a dénoncé publiquement les mauvaises pratiques des dirigeants de la FTQ-Construction, déplore le principal intéressé.
Sur le plateau de 24/60, mardi, l'ancien syndicaliste s'est montré plutôt insatisfait du rapport final de la commission Charbonneau, quelques heures après sa publication.
« Je crois sincèrement que la commission a été beaucoup plus dure [envers] le monde syndical [qu'envers] le monde politique, a-t-il déclaré d'entrée de jeu. On voit comme un agenda, une vision de déréglementer l'industrie de la construction, affaiblir les mouvements [syndicaux] à travers les scandales. »
L'ex-directeur de la section locale 181 de la FTQ-Construction s'est pourtant fait connaître il y a plusieurs années comme l'un des premiers lanceurs d'alerte sur les liens incestueux entre l'industrie de la construction, les syndicats et le crime organisé. Il a notamment permis la condamnation de l'ancien directeur général de la FTQ-Construction, Jocelyn Dupuis.
Le rapport final souligne d'ailleurs la grande valeur de son témoignage. Mais deux ans après celui-ci, on est loin d'avoir remédié aux problèmes qui ont engendré la commission, selon lui.
« L'industrie de la construction est corrompue en ce moment », juge Ken Pereira. « Par le travail au noir », précise-t-il. « Et où il y a le travail au noir, il y a le crime organisé. »
« Quand la FTQ, la CSN, la CSD, quand toutes les centrales syndicales ne veulent pas admettre qu'il y a du travail au noir, quand la CCQ [Commission de la construction du Québec] ne veut pas l'admettre, quand le gouvernement ne comprend pas que c'est répandu partout dans le résidentiel, ben on a un problème », estime l'ex-syndicaliste.
Après un an ou deux d'« exil » en Alberta, Ken Pereira est aujourd'hui de retour au Québec. Mais il n'est plus le bienvenu dans l'industrie de la construction. « Un sonneur d'alarme n'est pas bien vu dans l'industrie », explique-t-il.
« Je n'ai pas accès au bureau de la FTQ, mais Jocelyn [Dupuis] y a droit », soupire-t-il.
Regrette-t-il d'avoir parlé? « Jamais », tranche-t-il. « Le meilleur moyen pour dénoncer ce monde-là, c'est un média. Libre. »
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