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Après les attentats de Paris, le plan de Trudeau sur les bombardements contre l'EI questionné

Après Paris, la fin des frappes du Canada mise en doute

Dans la foulée des attaques tragiques à Paris, l'intention du gouvernement Trudeau de cesser les frappes aériennes du Canada contre le groupe armé État islamique est remise en question par certains, mais plusieurs experts estiment qu'il ne devrait pas revenir sur sa décision.

Le premier ministre Justin Trudeau avait promis en campagne électorale de retirer les avions chasseurs canadiens de la Syrie et de l'Irak pour mieux se concentrer sur la formation des soldats locaux. Il a réitéré cet engagement lors d'une conversation téléphonique avec le président américain Barack Obama quelques heures après son élection.

Samedi, au lendemain des attentats en France qui ont été revendiqués par le groupe armé État islamique (ÉI), un représentant du bureau du premier ministre a indiqué que M. Trudeau n'avait pas changé d'idée.

Il s'agit de la bonne décision, selon Andrew Mack, expert en sécurité et chercheur à l'organisation One Earth Future Foundation. M. Mack note que «rien n'a changé» et que les événements de Paris «ne faisaient aucune différence» sur la décision du Canada de bombarder les cibles du groupe armé ÉI au Moyen-Orient.

Il a reconnu que les bombardements pouvaient s'avérer efficaces contre les extrémistes, rappelant toutefois que la contribution du Canada était en soi «minimale».

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Selon lui, le groupe ÉI a perdu beaucoup de terrain en Syrie et ce n'est pas près de ralentir. Ces défaites l'affecteront vraisemblablement dans sa capacité à attirer des jeunes dans ses rangs, croit M. Mack.

«Les Kurdes ont fait des gains partout en Syrie et en Irak et les gains qu'ils ont faits ont été facilités par les tirs aériens des États-Unis», a-t-il expliqué.

Tirs imprécis

Andre Gerolymatos, un expert en sécurité de l'université Simon Fraser, considère que la mission aérienne de la coalition internationale n'a pas produit des résultats globalement positifs. «La coalition a bombardé l'ÉI et il est arrivé ce qui est arrivé à Paris, malgré tout. Alors il serait plus sensé d'entraîner les Kurdes et tous les autres qui veulent combattre l'ÉI», a-t-il expliqué.

M. Gerolymatos a aussi indiqué que les tirs aériens étaient imprécis et qu'ils pouvaient tuer des civils. Il a toutefois concédé que les extrémistes avaient pu percevoir comme une victoire le retrait du Canada. «L'ÉI a clamé sa victoire sur tous les sites Internet. Ils disaient: »c'est la première fissure dans la coalition, c'est une victoire majeure pour l'ÉI, le Canada a été défait«», a-t-il expliqué.

La chef intérimaire du Parti conservateur, Rona Ambrose, a appelé samedi M. Trudeau à songer à une nouvelle stratégie et les premiers ministres du Québec et de la Saskatchewan ont exprimé leur appui à la poursuite de la campagne de bombardements aériens par le Canada.

M. Trudeau n'a pas fixé d'échéance pour le retrait, et certains experts croient qu'il pourrait attendre au mois de mars, alors que l'engagement du Canada prendra fin officiellement.

Paul Heinbecker, ancien ambassadeur canadien aux Nations unies, croit qu'un retrait immédiat serait «maladroit».

L'un des arguments évoqués pour la fin de l'intervention est que l'implication de l'occident dans le combat aggrave les choses, selon lui. «Le revers de cet argument, c'est que si tu n'arrêtes pas ces gens maintenant qu'ils sont d'une ampleur gérable, tu auras un problème encore plus grave. Je penche vers la deuxième interprétation», a-t-il souligné.

Article 5 de l'Otan

Certaines personnes ont avancé que la France pourrait invoquer l'article de 5 de l'OTAN, qui nécessite l'implication de tous ses membres pour défendre un des leurs qui est attaqué. Mais Christian Leuprecht, de l'université Queen's et du Collège militaire royal du Canada, a affirmé que la France n'a jamais laissé entendre qu'elle se lancerait dans une telle démarche.

M. Leuprecht a dit depuis Grenoble, où il travaille, qu'une réaction militaire massive en Syrie ne ferait qu'augmenter l'afflux de réfugiés - ce que la France ne souhaite pas. Il croit plutôt que la communauté internationale devrait tenter de faire adopter un cessez-le-feu en Syrie. «L'ÉI veut se battre. L'ÉI veut provoquer l'apocalypse. C'est leur fin», a-t-il affirmé.

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