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Polluer à Montréal coûte moins cher qu'ailleurs au Canada et aux États-Unis

Polluer à Montréal coûte moins cher qu'ailleurs au Canada et aux États-Unis

Montréal est l'une des grandes villes d'Amérique du Nord où les industries paient le moins cher pour faire traiter leurs eaux usées.

Un texte d'Alexandre Touchette

Radio-Canada a mis la main sur une étude commandée par la Ville de Toronto qui démontre que les grandes entreprises montréalaises paient en moyenne 18 fois moins qu'à Atlanta et 4 fois moins qu'à Toronto pour utiliser l'eau potable et rejeter leurs eaux usées dans les égouts.

L'étude commandée à la firme d'économiste Watson and Associates indique que Montréal se retrouve en queue de peloton quand vient le temps de faire payer aux grands industriels le coût réel de leur utilisation de l'eau.

Cette étude compare le coût de l'eau potable, de l'épuration des eaux usées et les frais exigés pour gérer les eaux pluviales provenant des stationnements ou des toits des entreprises.

Selon cette étude, une entreprise qui utilise 425 millions de litres d'eau par année paie en moyenne 233 000 $ à Montréal pour ces services, 987 000 $ à Toronto et 4,1 millions à Atlanta.

Des chiffres qui étonnent la nouvelle Commissaire à l'environnement de l'Ontario, Diane Saxe. « Je ne pense pas que c'est raisonnable. Si les entreprises n'ont pas d'incitatif financier à bien gérer leurs déchets, ils ne font pas attention et jettent absolument tout dans les égouts », dit-il.

En plus des frais de base exigés pour utiliser l'eau potable, la plupart des Villes imposent des surcharges aux entreprises dont les rejets dans les égouts dépassent les normes. Pour un des nombreux critères utilisés pour mesurer cette pollution, les frais sont 28 fois moins élevés à Montréal qu'à Toronto.

Pourtant des conseillers municipaux torontois, dont Mike Layton, font campagne depuis des années pour que ces frais soient augmentés afin de s'assurer que les entreprises paient la totalité des coûts engendrés pour traiter les eaux usées rejetées dans le réseau municipal.

Le principe du pollueur-payeur n'est pas systématique

Montréal est la seule ville des 17 municipalités recensées dans l'étude de Watson and Associates à ne pas utiliser systématiquement le principe du pollueur-payeur pour facturer le coût du traitement des eaux usées.

Les entreprises qui rejettent moins de 100 millions de litres d'eaux usées par année dans les égouts de Montréal n'ont rien à payer si elles respectent les concentrations maximales autorisées. La Ville utilise plutôt les taxes foncières pour financer ces services.

Une situation que dénonce le professeur en chimie de l'environnement à l'Université de Montréal, Sébastien Sauvé.

« Si on permet à de grandes compagnies de rejeter dans les égouts à très peu de frais ou avec des frais bonbons, les petits citoyens se retrouvent à subventionner les grosses compagnies. »

— Sébastien Sauvé, professeur en chimie de l'environnement à l'Université de Montréal

En 2012, la Ville de Toronto a récolté 8 millions de dollars en surcharges auprès des industries pour traiter leurs eaux industrielles. Montréal, en comparaison, n'a exigé que 4 millions de dollars pour traiter des rejets beaucoup plus pollués.

En raison du branle-bas de combat causé par le grand déversement, personne à la Ville de Montréal n'était disponible pour commenter cette situation.