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Julie Gayet: «J'aime être dans l'ombre»

Julie Gayet: «J'aime être dans l'ombre»

Ce n’est plus un secret de polichinelle. Julie Gayet est la compagne de François Hollande, le président de la République française. Et alors, pourquoi donc tout ce patatras? Parce qu’en entrevue, on n’aura pas droit d’en parler ni d’en faire la moindre allusion.

Les attachées de presse veillent au grain au risque d’interrompre la rencontre à tout moment. C’est donc une femme sur ses gardes que Le Huffington Post Québec a rencontrée mercredi dans un hôtel du centre-ville lors d’un entretien réalisé dans le cadre de Cinemania.

On passera sur les conditions, limites acceptables, que doivent parfois tolérer les journalistes pour faire leur travail. Interroger une personnalité publique est devenue aujourd’hui le résultat d’un plan de communication réglé au quart de tour. Que Julie Gayet ne veuille pas répondre à certaines questions sur sa vie privée, soit, mais menacer au préalable les médias de le faire ressemble déjà à de la petite politique.

Mais bon, Gayet est à Montréal, une ville qu’elle adore. Elle a participé au Québec dans plusieurs tournages de films dont La turbulence des fluides de Manon Briand réalisé en 2001, une expérience qui l’a beaucoup marquée pour sa rencontre avec Pascale Bussières et aussi, hasard du calendrier, l’arrivée d’un certain 11 septembre.

«J’étais dans l’avion en direction de Montréal, raconte-t-elle. J’étais paniquée. Mon vol avait été détourné à Londres. C’était complètement fou... les deux tours qui s’effondraient. Tout le monde sait ce qu’il faisait ce jour-là. Moi, je me souviens avoir été envahie d’une grande tristesse. À l’aéroport, il y avait une famille d’origine arabe et déjà, il y avait le délit de faciès. Cela m’avait glacé. Je me suis alors dit "mon Dieu, ça va être terrible". Voilà, je m’en souviendrais toujours.»

Durant cette période, Julie Gayet était actrice à temps plein, plus de soixante-dix films depuis qu’elle est rentrée dans le 7e art à seulement 21 ans. Elle a joué à la télévision et au cinéma pour Agnès Varda, Patrice Leconte, Cédric Klapisch, ou plus récemment, Bertrand Tavernier et Emmanuel Mouret. Aujourd’hui, la comédienne s’est muée en productrice, un emploi qui l’électrise.

«J’ai soutenu le cinéma d’abord comme actrice quand j’étais jeune et maintenant la passion d’être productrice passe devant, avoue-t-elle. Je veux m’investir dans des projets difficiles et aider des réalisateurs dans la fabrication de leur film. J’aime énormément ce métier qui permet la passation et les rencontres. C’est également un métier de l’ombre et j’aime être dans l’ombre.»

Brillante et engagée

Elle n’a pas pour autant tiré un trait définitif sur sa carrière de comédienne. «Je serai toujours une actrice. J’accepte parfois des rôles, mais c’est vrai que je veux maintenant donner la parole à des cinéastes et offrir des regards nouveaux sur le monde», explique-t-elle.

Dans ses habits de productrice, Julie Gayet accompagne plusieurs films présentés à Cinemania comme 8 fois debout de Xabi Molia et Taularde d’Audrey Estrougo, un long métrage qui met en vedette Sophie Marceau et Suzanne Clément. «Taularde est une œuvre très forte sur une femme qui va avouer un crime qu’elle n’a pas commis pour remplacer son mari en prison», dit-elle.

Actrice, productrice, mais aussi réalisatrice avec la présentation, toujours à Cinemania, de Cinéast(e)s, deux documentaires sur les témoignages de metteurs en scène femme et hommes de l’Hexagone, qu’elle coréalise avec Mathieu Busson. «Plus que la réalisation, c’est l’échange qui m’intéresse. On prépare d’ailleurs un troisième chapitre sur des cinéastes de l’étranger qui viendront s’exprimer dans le même principe que les oeuvres précédentes.»

On sent l’engagement chez cette femme énergique et cultivée. Tant qu’on ne pose pas la question qui fâche, Gayet est sympa et rit beaucoup. Elle affiche un sourire radieux, s’exprime sur la place des femmes dans la planète cinéma, tout en ajoutant qu’il y a encore beaucoup d’effort à faire pour qu’il ait un jour égalité pleine et entière.

Et comment c’est de vieillir pour une femme dans le cinéma français? «Je ne sais pas, répond-elle un brin gênée. Par contre, je crois qu’on perd la bataille si l’on veut essayer de ne pas vieillir. J’aime les anciennes voitures cabossées. Je ne m’exprimerais pas à la place de toutes les actrices. J’ai vu Jeanne Moreau tourner jusqu'à très tard au cours sa carrière et Simone Signoret incarner des personnages jusqu'à la fin de sa vie.»

Julie Gayet, l'amore segreto di Hollande?

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