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Jean-Thomas Jobin : au-delà de la saveur du mois

Jean-Thomas Jobin : au-delà de la saveur du mois
Jean-Philippe Thibault

Jean-Thomas Jobin a connu l’effet d’être la «saveur du mois». En 2005, lorsqu’il a lancé son premier one man show, il surfait sur l’engouement provoqué par son personnage de vulgarisateur qui a fait fureur pendant un temps à la télévision.

Vous vous souvenez, quand le grand gaillard nous expliquait avec moult précisions, d’un air stoïque, ce qu’est un restaurant? Ses apparitions ça et là, combinées à ses participations régulières au talk-show de Marc Labrèche, Le grand blond avec un show sournois, à TVA, ont propulsé Jean-Thomas Jobin, qui avait gradué cinq ans plus tôt, en 2000, de l’École nationale de l’humour, en même temps que ses potes les Denis Drolet. La curiosité du public s’est fait sentir dans la vente de billets de Jean-Thomas Jobin présentement sur l’affiche, qui se sont vendus au nombre de 65 000.

Cinq ans plus tard, en 2010, Jean-Thomas rappliquait avec Soulever des Corneliu, son deuxième solo, une création encore plus absurde et pointue que la première, qui a malheureusement un peu souffert du «syndrome de la deuxième œuvre», en écoulant 23 000 billets. Il est toujours un peu casse-gueule pour un artiste, chanteur ou comique, de proposer du nouveau matériel, et de garder enthousiastes les admirateurs de la première heure, tout en essayant de conquérir de nouveaux publics. Sans compter que de nouveaux visages avaient pris d’assaut les scènes du Québec entre-temps.

Mais c’est sans aucune amertume que Jean-Thomas a encaissé le coup. Au lieu de se remettre en question, il a apporté des changements à ses textes et à sa mise en scène en cours de tournée, et s’est montré ouvert aux commentaires. Par exemple, les interventions de sa marionnette de Jack Bauer, qui l’accompagnait pendant toute la prestation, ont été dosées, ce qui a eu pour effet de mieux équilibrer l’ensemble et de redonner aux spectateurs un peu plus du Jean-Thomas qu’ils aimaient.

«Point de vue réception en salle, le show marchait mieux, mais il y a moins de monde qui est venu le voir, constate Jean-Thomas. Au début, j’étais une bibitte intrigante que les gens voulaient voir, parce qu’ils entendaient parler de moi par le bouche-à-oreille. Peut-être que certains ne sont pas revenus au deuxième spectacle. Mais, on a fait des ajustements et, plus la tournée avançait, plus je sentais que la réception était bonne.»

Conférence psycho-pop

De toute façon, dans sa carrière, Jean-Thomas Jobin préfère adopter l’attitude «go with the flow» et miser sur un effet domino que de tracer des plans précis. Après tout, l’humour est loin d’être une science exacte.

«Je me laisse guider par ce qui arrive, explique-t-il. Si ça marche, tant mieux, et sinon, on s’ajuste. Au début, le personnage du vulgarisateur était très populaire. J’ai dû faire une brisure quand j’ai lancé mon premier spectacle, pour que les gens comprennent que je ne faisais pas que vulgariser. Sinon, ce serait devenu interminable! Le personnage, en fait, était davantage un concept, celui d’un homme qui vulgarise des choses très simples avec une attitude un peu bourgeoise, intellectuelle, hautaine, verbeuse. Le personnage est resté, mais j’ai fini par l’altérer avec le temps.»

«En humour, je trouve qu’il faut toujours essayer de se renouveler et d’essayer de nouvelles affaires, continue Jean-Thomas. Le but, c’est de se renouveler, sans se dénaturer. Ç’a l’air un peu quétaine, mais c’est ainsi qu’on grandit en tant qu’artiste. Moi, si je ne sors pas de ma zone de confort, j’ai l’impression d’être paresseux et je ne suis pas à l’aise. Ça ne veut pas dire que je ne me trompe pas ; il faut être humble et savoir reconnaître ce qui marche moins bien.»

C’est donc plus fort de quelques essais et erreurs que Jean-Thomas nous propose aujourd’hui Apprendre à s’aimer, son troisième spectacle, avec lequel il part en tournée cette semaine. Jobin continue d’y peaufiner son style avec un tour de piste de 90 minutes, sans entracte, davantage fondé sur des atmosphères que sur la bonne vieille formule «une ligne, un punch».

«Toute la toile de fond se veut très ironique, dans la dérision et l’absurdité, illustre-t-il. Il y a beaucoup de transpositions, du genre : «Qu’est-ce que je ferais si je vivais telle affaire, s’il m’arrivait telle chose?» C’est comme une conférence pop-psycho de motivation, comme si mon surmoi me parlait. Le show est ponctué de conseils que je me donne à moi-même, comme si j’étais mon propre Jean-Marc Chaput.»

«Mon personnage de scène baisse la garde et raconte des affaires basées sur sa vie. J’ai, entre autres, un numéro autobiographique, où je parle de mes parents, que je n’aurais pas pu faire dans mes deux premiers spectacles. Je trouvais intéressant d’ouvrir un peu le personnage, de faire connaître qui se cache derrière la bibitte. Je joue avec la frontière d’où commence et où finit le personnage. Ça se fait en mode clins d’œil, plus complice, plus sourire en coin, avec le public.»

«Apprendre à s’aimer est un spectacle moins hermétique que les deux premiers, je pense. Mais les gens qui me connaissent pour mon absurdité ne seront pas trop dépaysés non plus», rassure Jean-Thomas, un sourire dans la voix.

Jean-Thomas Jobin présente Apprendre à s’aimer à Montréal, au Gesù, ce soir, 11 novembre, et vendredi et samedi, 13 et 14 novembre. Pour connaître toutes ses dates de représentations, consultez son site officiel.

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