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Déversement d'eaux usées: Coderre satisfait du déroulement des opérations (VIDÉOS)

Déversement: Coderre satisfait (VIDÉOS)

Le maire de Montréal est satisfait du déroulement des opérations de déversement des eaux usées entamées cette nuit. En conférence de presse en milieu d'après-midi, mercredi, Denis Coderre a assuré aux Montréalais que tout se passe comme prévu.

« Je veux rassurer les gens que les choses se passent bien », a affirmé le maire, ajoutant qu'il descendrait lui-même jeudi dans l'intercepteur qui doit être réparé pour voir l'état de la situation.

Le directeur de l'usine d'épuration de Montréal, Richard Fontaine, qui l'accompagnait pour l'occasion, a confirmé que tout se déroulait « en fonction du plan de travail qu'on s'était donné ».

Une vingtaine de cols bleus de la Ville étaient déjà à pied d'oeuvre à l'intérieur de l'intercepteur en mi-journée et rapportaient des détériorations importantes à la structure de l'intercepteur, a témoigné M. Fontaine.

« J'ai eu un rapport par radio. Le terme qui a été utilisé c'est que c'est ''pas joli'' », a-t-il raconté, ajoutant que les employés travaillaient dans des conditions difficiles, oeuvrant dans un pied d'eau et dans « une matière vaseuse, visqueuse ».

La Ville de Montréal procède depuis minuit, mercredi, au déversement de 8 milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve Saint-Laurent. Les travaux sur l'intercepteur sud-est qui forcent ce rejet devraient durer au maximum sept jours, mais l'administration Coderre espère que l'opération sera réalisée dans un délai plus court.

La Ville a déjà souligné qu'on ne verrait pas de marée brune sur le fleuve, car il y aura « énormément de dilution ».

Richard Fontaine a de son côté rassuré les citoyens en soulignant qu'il ne faut pas tirer de conclusions de la coloration de l'eau.« Ce qui est beaucoup plus important à l'intérieur de ça, ce sont les tests qu'on a pris avant, qu'on prend pendant, et ceux qu'on prendra après, et ça, c'est une meilleure indication au niveau de la charge qu'on retrouve dans l'eau », a-t-il répondu à ceux qui s'inquiètent de voir des traînées brunâtres ou blanchâtres dans l'eau.

« Il y aura également des bateaux qui vont sillonner le pourtour de l'île pour s'assurer qu'on ne voit pas de rejets, et s'il y en a, qu'on puisse les récupérer immédiatement. »

— Richard Fontaine

Des estacades ont été installées et d'autres le seront au besoin et un camion aspirateur se trouvait également à l'un des sites où l'on s'attendait à des problèmes d'odeurs plus prononcés

De son côté, Daniel Green, coprésident de la Société pour vaincre la pollution tient à prévenir la population qu'elle doit éviter tout contact avec l'eau.

« Sept jours de déversement ici, ça va être tout le secteur sud du fleuve Saint-Laurent qui va être contaminé par les coliformes. Il ne faut même pas toucher à l'eau parce que les concentrations déversées, même pendant une petite surverse, donnent des taux qui dépassent de 400 fois la norme. Alors on s'imagine qu'est-ce qui va arriver pendant sept jours de déversement continuel », dit-il.

Selon lui, la Ville de Montréal aurait dû installer plus de pancartes « partout le long du littoral fluvial » pour prévenir la population des dangers qu'elle court.

Réactions politiques

« Tout le monde arrive à la même et triste conclusion qu'il n'y a pas d'autre option que de faire ce qui est fait actuellement », a répété le premier ministre Philippe Couillard, mercredi matin.

M. Couillard a par ailleurs insisté sur l'importance de tirer des leçons de ce déversement, afin qu'une telle situation ne se reproduise plus.

Le ministre des Affaires municipales Pierre Moreau a de son côté rejeté la possibilité d'imposer des amendes aux municipalités en raison de leurs rejets dans les cours d'eau.

Ferrandez déplore la décision du maire

En après-midi, le chef de l'opposition à Montréal, Luc Ferrandez, a dénoncé une gestion de crise « autoritaire » du maire Denis Coderre. Il déplore que ce dernier ait choisi de procéder au déversement malgré des avis d'experts et la désapprobation de la population.

Il a notamment souligné que des odeurs pouvaient être perçues en bordure de fleuve, alors que le maire Coderre affirmait qu'il n'en serait rien. Le chef de Projet Montréal admet que ces odeurs ne sont pas de nature à déranger les citoyens, mais qu'elles témoignent néanmoins du niveau de pollution des eaux.

D'autre part, Luc Ferrandez croit que plus de mesures auraient pu être prises pour atténuer les effets du déversement, comme un traitement ponctuel des eaux à l'embouchure.

M. Ferrandez croit toutefois qu'il n'est pas trop tard pour faire « amende honorable », et que l'administration Coderre pourrait mettre en place des mesures de correction d'impact dans les mois et les années à venir.

« Moi, je ne réponds pas à Luc Ferrandez, je réponds à la population, a répliqué le maire. On a une responsabilité à prendre. Quand on vous dit que c'est pas joli en bas, c'est justement important de faire le geste qu'on pose ».

Réparation d'un intercepteur nécessaire

Pendant la période du déversement, les eaux usées de 12 arrondissements et de 7 villes défusionnées, en tout ou en partie, emprunteront le chemin de l'ancien système d'égout pour se retrouver directement dans le fleuve.

La purge de l'intercepteur sud-est à réparer, un tuyau de 30 kilomètres qui transporte les eaux usées vers la station d'épuration de la Ville, durera de 18 à 24 heures. Les travailleurs pourront ensuite entrer dans l'intercepteur pour procéder à diverses réparations.

Des inspections ont révélé un état avancé de détérioration. On doit notamment retirer des pièces qui risquent d'abîmer l'intercepteur, et possiblement de causer des surverses non prévues, en plus de réaménager la chute à neige Riverside.

Précautions

Pendant les sept jours que dureront les travaux et 48 heures après la fin des déversements, les citoyens ne doivent pas toucher à l'eau du fleuve.

La Ville leur demande aussi de ne pas jeter d'objets dans les toilettes et les égouts, comme des cigarettes, des tampons, des serviettes humides, des condoms ou des cotons-tiges.

« Tout ce qu'on ne voudrait pas jeter dans notre piscine, on devrait éviter de le passer dans la toilette », indique Richard Fontaine.

On demande également aux Montréalais de réduire leur consommation d'eau, en limitant par exemple le nombre de lessives, et d'utiliser des produits biodégradables.

Arrondissements et villes dont les eaux usées vont se déverser directement dans le fleuve :

Anjou (40 %), Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (50 %), Côte St-Luc, Hampstead (10 %), Lachine, LaSalle, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Montréal-Est (70 %), Montréal-Ouest, Mont-Royal, Outremont, Plateau-Mont-Royal (60 %), Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles (50 %), Rosemont-La Petite-Patrie (80 %), Saint-Léonard (50 %), Le Sud-Ouest, Verdun, Ville-Marie, Westmount.

Une grande campagne d'information est d'ailleurs mise en oeuvre dès aujourd'hui. Des avis seront distribués aux portes de 46 000 foyers de L'Île-des-Sœurs jusqu'à Pointe-aux-Trembles, à Montréal, et du côté sud de la rive. On cible ainsi les secteurs les plus proches des 24 points de déversements. Des panneaux seront aussi installés à ces endroits.

Durant le déversement, l'ajout de matières en suspension au fleuve sera de 1 mg/l, soit l'équivalent d'une goutte d'eau dans un litre.

Une équipe de surveillance sera sur l'eau en tout temps pour réaliser des inspections visuelles, des prélèvements et des analyses. Une équipe de nettoyage sera aussi prête à intervenir.

Pour éviter la dispersion des matières, une estacade, sorte de barrière flottante, sera aussi installée à la sortie du collecteur Saint-Pierre, en amont du pont Champlain.

La Ville va également surveiller attentivement les rejets de 45 des 165 établissements industriels dont les eaux usées se retrouvent généralement dans l'intercepteur sud-est. Montréal ne précise pas lesquels.

« Cette surverse-là, c'est la surverse qui va avoir le plus de monitoring de l'histoire des surverses. Les gens du gouvernement du Québec, les gens du gouvernement du Canada et nos gens vont être sur l'eau. »

— Richard Fontaine, directeur de la station d'épuration

Réaction des maires:

La vallée du Saint-Laurent en hiver

Le fleuve Saint-Laurent en images