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Et si l'hypnose pouvait soulager vos douleurs chroniques?

Et si l'hypnose pouvait soulager vos douleurs chroniques?
Shutterstock / Andrzej Wilusz

Pas de pendule ni d’encens dans le cabinet de Gabriel Politis. Installé dans un bureau sobre aux allures médicales, voisin de palier de psychiatres et autres docteurs, le praticien veut justement démystifier le phénomène de l’hypnose auprès de ses clients. Il se spécialise en analgésie hypnotique: en quelques séances, il apprend aux personnes victimes de maux de dos ou encore migraines récurrentes à contrôler et réduire l’intensité de leur souffrance.

Alors que le phénomène prend de l’ampleur en Europe et dans les pays anglo-saxons, l’hypnose n’est pas encore très connue au Québec. M. Politis a fondé en 2008 l'Institut d'hypnose appliquée de Montréal (IHAM), où il dispense les séances de son programme HypNoDouleurs. «Notre société ne peut pas se priver de cette ressource naturelle qu'est l'hypnose», insiste le spécialiste.

Si elle est aujourd’hui utilisée dans certains hôpitaux à la place d’analgésiques ou d’antidouleurs, notamment dans le cadre de chimiothérapie et d’accouchement, l’hypnose est encore un dernier recours pour les personnes victimes de douleurs chroniques. «Les gens viennent souvent me voir après avoir essayé toutes sortes de remèdes. Ils souffrent depuis des années et ont même oublié que l'on peut vivre sans avoir mal», raconte M. Politis.

Faire travailler une partie peu exploitée du cerveau

Comment ça se passe? Le praticien utilise une technique directive, assez similaire à l’hypnose de spectacle, qui était déjà usitée au XVIIIe siècle en lieu d’anésthésie. Elle s’appuie notamment sur des exercices de visualisation pour stimuler la volonté et l’imagination: «Le client peut alors diminuer l’intensité de sa douleur, comme il le ferait avec le curseur d’une lampe».

Entre les termes d’hypnothérapeuthe, d’hypnotiste ou d’hypnotiseur, facile de se perdre… «Je ne suis pas thérapeute, je ne diagnostique pas, je ne guéris pas», rappelle le praticien, qui se qualifie plutôt de spécialiste en hypnose. Il utilise ses techniques non pas pour faire dispraître la douleur, mais pour la rendre tolérable et apprendre à la gérer.

Ce n’est pas de la magie, insiste-t-il, parlant plutôt d’un «outil ultra rationnel»: «Il s’agit simplement de faire travailler une partie du cerveau peu exploitée. Nous avons tous un pouvoir mental que nous ne soupçonnons pas...» La condition essentielle à la réussite du programme reste la motivation et la participation active du client, qui devra pratiquer des exercices chez lui entre chaque séance.

«Les gens ont peur de perdre le contrôle»

M. Politis enseigne l’auto-hypnose dès la première rencontre, et à l’issue de trois ou quatre séances la personne victime de douleurs chroniques est capable de se mettre elle-même en état de transe hypnotique. Pour faire connaître son programme et attirer notamment les gens à revenus plus faibles, notre spécialiste a mis en place un paiement en fonction de l’appréciation du service et du bienfait ressenti, via le système Payez selon votre appréciation (PSVA). Il propose aussi une séance d’essai à 75$ - contre 199$ normalement.

Si le recours à l’hypnose est aussi peu répandu, c’est aussi parce que le phénomène est victime de nombreux préjugés: «Les gens ont peur de s’endormir, de perdre le contrôle, raconte M. Politis. Ils croient que l’on peut leur faire faire tout ce qu’on veut...» Or, on reste toujours en état de conscience lors de la séance, à l’issue de laquelle on se souvient bien de tout. La rencontre est d’ailleurs enregistrée puis envoyée en mp3 au client.

Les préjugés sont renforcés par le fait que, la profession n’étant pas réglementée, on peut parfois tomber sur n’importe qui… Aucune formation en hypnose n’est validée par un gouvernement, pas plus qu’il n’y a de diplôme reconnu. «Les titres en hypnose sont de la frime, pense notre spécialiste. Plus quelqu’un expose ses pseudo-diplômes, plus il faut se méfier.» La meilleure façon de trouver un bon praticien? Se fier au bouche-à-oreille et à son ressenti face à la personne. «Pour que l’hypnose fonctionne, il faut y croire. Le rapport de confiance est donc très important.»

Sevrage de tabac et régime minceur

Quand M. Politis a commencé à s’intéresser à l’hypnose à l’âge de 24 ans - il en a 65 aujourd’hui -, il n’y avait pas vraiment d’informations disponibles. Pour le spécialiste, cela devient vite une passion, qu’il se met à pratiquer d’abord comme un hobby à temps partiel avant d’exercer à temps plein à partir de 2004, après vingt années d’apprentissage autodidacte, de recherche et de formation auprès de collègues.

Aujourd’hui, il travaille avec ses clients sur le sevrage du tabac, la réduction du stress et de l’anxiété, la gestion des symptômes de la ménopause ou encore l’insomnie. Mais s’il s’est surtout fait connaître par son programme en gestion de poids, le praticien se passionne pour le traitement de la douleur - notamment depuis qu’il a assisté à un accouchement par césarienne sans anésthésie mais sous hypnose.

Aujourd’hui, alors que l’hypnose commence doucement à faire sa place en Europe et dans les pays anglo-saxons, M. Politis propose aux professionnels de la santé du Québec des ateliers de formation sur la gestion de la douleur par l'hypnose. Et le spécialiste est convaincant: il est capable aussi bien d’insensibiliser complètement un membre du corps que de persuader quelqu’un qu’il porte un anneau gastrique…

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