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Bombardier: l'opposition craint les risques, Couillard se félicite

Bombardier: l'opposition craint les risques, Couillard se félicite

Philippe Couillard se félicite que l'État devienne « partenaire » de Bombardier en injectant 1 milliard de dollars américains dans une nouvelle coentreprise responsable du développement de la CSeries, « probablement l'avion le plus moderne actuellement sur le marché », selon lui. Les partis d'opposition soutiennent pour leur part que Québec a pris un risque important en choississant d'investir dans une coentreprise, plutôt que dans la société mère.

« C'est un exemple de bonne transaction », a argué Philippe Couillard dans un impromptu de presse à l'Assemblée nationale. « Le passif, si vous me permettez l'expression, a été nettoyé du bilan avant la transaction. Je pense que c'est une excellente façon d'aller de l'avant ».

« Ça nous donne un siège direct pour les décisions de développement de l'avion. Également, il y a une garantie pour 20 ans du maintien du siège social, des activités d'ingénierie, de fabrication au Québec. »

— Philippe Couillard, premier ministre du Québec

« Ce qu'il faut rappeler à l'ensemble des Québécois, et je dirais même à l'ensemble des Canadiens, c'est que l'aéronautique au Québec, pour Montréal, c'est aussi important que l'industrie automobile pour l'Ontario », a argumenté M. Couillard. « Alors, il y a beaucoup d'efforts qui ont été déployés à juste titre quand l'industrie automobile était en difficulté, il est tout à fait normal que l'État s'implique également dans un secteur aussi stratégique pour le Québec. »

En entrevue à Gravel le matin, le président du Conseil du Trésor, Martin Coiteux, a défendu la décision du gouvernement d'investir une telle somme dans Bombardier au moment où les syndiqués du secteur public dénoncent les faibles hausses de salaire qu'on leur propose. « Il ne faut pas établir de lien entre les deux », a-t-il plaidé.

« Le contrôle des dépenses courantes du gouvernement et les investissements [...] pour permettre à l'économie du Québec de prospérer, de se développer, d'intervenir dans des secteurs particuliers qui sont importants pour l'emploi, pour la productivité, pour l'économie du Québec dans son ensemble, ce ne sont pas les mêmes budgets, ça ne se finance pas de la même façon. Lorsqu'on parle des dépenses de programmes, des services, de la rémunération, ce sont des dépenses récurrentes chaque année, et c'est ce budget qui doit être équilibré », a-t-il dit.

« Les milliers d'emplois qui sont maintenus, qui sont consolidés dans une filière importante pour le Québec comme l'aéronautique, c'est la base, le socle sur lequel on est capable d'avoir des revenus avec lesquels on finance les services publics. »

— Martin Coiteux, président du Conseil du Trésor

« Le gouvernement du Québec a un rôle à jouer dans le développement économique. Il le fait par le biais de ses investissements en infrastructures, et il le fait aussi dans des cas spécifiques, par des investissements de nature financière, notamment dans le capital-actions de certaines entreprises. [...] Ça s'est toujours fait et ça doit continuer de se faire parce que le gouvernement a un rôle à jouer dans le développement économique. S'il n'y a pas de développement économique, il n'y a pas de recette fiscales, et on ne peut pas supporter à ce moment-là l'ensemble des services que les Québécois se sont donnés. Tout ça, ce n'est pas incompatible, au contraire », conclut-il à ce sujet.

Québec prend tous les risques, dénoncent le PQ et la CAQ

Le chef péquiste Pierre Karl Péladeau accuse M. Couillard et son ministre de l'Économie Jacques Daoust d'avoir été de « piètres négociateurs [qui] ne connaissent rien au monde financier ». Le gouvernement, dit-il, aurait dû investir dans Bombardier plutôt que dans une coentreprise.

« Pour l'instant, ils prennent tous les risques et n'ont qu'une partie des résultats. Alors que s'ils investissent directement dans la compagnie mère, ils pourront également bénéficier du résultat de toutes les filiales, dont la filiale ferroviaire », a-t-il fait valoir.

« Pourquoi le gouvernement ne met pas son argent au même niveau que la famille Bombardier, que l'ensemble des actionnaires de Bombardier? C'est ça qui est inquiétant. »

— Pierre Karl Péladeau, chef du Parti québécois

« Le gouvernement va prendre tous les risques, et ce sont les actionnaires de Bombardier qui vont en récupérer les bénéfices. Honnêtement, je crois que la Caisse de dépôt ne serait jamais entrée dans un deal de cette nature. La Caisse de dépôt aurait souhaité être dans la compagnie mère », a ajouté M. Péladeau.

Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, abonde dans le même sens. Selon lui, le gouvernement Couillard a fait erreur en choisissant d'investir dans la seule des trois divisions de Bombardier qui bat de l'aile, plutôt que dans les divisions transport et avions d'affaire, qui vont bien.

« Le gouvernement investit seulement dans la division qui va mal. Ils investissent un milliard de dollars, prennent tous les risques et ont seulement quelques bons de souscription pour les deux autres divisions, qui vont bien », a-t-il déploré.

M. Legault croit que le ministre Daoust a « mal négocié » dans ce dossier. Il en tient pour preuve que le gouvernement n'a obtenu aucune garantie quant au maintien des emplois dans les deux divisions de Bombardier qui vont bien.

« Le gouvernement libéral s'est fait avoir. Il a agi comme un enfant d'école devant une grande entreprise, qui a tout obtenu. Mais les contribuables prennent tous les risques. C'est une mauvaise entente »

— François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

Selon le chef de la CAQ, le programme CSeries souffre d'un manque à gagner de 2 milliards de dollars. « Là, le gouvernement du Québec met un milliard pour la moitié des actions. Qui sera le partenaire qui mettra l'autre milliard qui manque? », demande-t-il. « Est-ce que ce serait le gouvernement qui se retrouverait avec 100 % de la CSeries? Ça n'a pas de bon sens. Je comprends que Bombardier n'ajoute rien d'argent frais dans la CSeries. Donc, est-ce que la direction de Bombardier a encore confiance dans la CSeries? »

M. Couillard estime que ces critiques de l'opposition constituent une « très mauvaise analyse ».

Bombardier CSeries

La CSeries de Bombardier

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