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Le psychiatre traitant de Guy Turcotte à Pinel témoigne à son procès

Procès: Le psychiatre traitant de Guy Turcotte à Pinel témoigne
PC

Guy Turcotte souffrait d'un trouble de l'adaptation anxieux et était suicidaire six jours après avoir tué ses enfants, a témoigné son psychiatre traitant à son procès, lundi matin.

Le psychiatre Jacques Talbot a suivi l'accusé pendant 152 jours à l'Institut Philippe-Pinel, à partir de son arrivée le 26 février 2009.

Guy Turcotte est accusé d'avoir poignardé à mort le 20 février 2009 ses enfants Olivier, 5 ans, et Anne-Sophie, 3 ans.

L'homme de 43 ans a plaidé non coupable aux deux accusations de meurtre prémédité mais présente une défense de non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux.

Des psychiatres sont donc attendus pour expliquer l'état mental dans lequel se trouvait l'accusé le soir du drame, le 20 février 2009.

Le premier appelé à la barre par la défense est le docteur Talbot.

Le diagnostic principal qu'il a posé lors de l'admission de Guy Turcotte est qu'il souffrait d'un "trouble d'adaptation avec affect anxieux et émotif" et un état de dépression.

L'accusé s'est vu prescrire des antidépresseurs avec un faible dosage pour contrôler son anxiété et son insomnie, ainsi qu'un médicament calmant.

Le psychiatre a aussi fait état au jury de ses notes évolutives de l'état de son patient.

Le 27 février, l'accusé lui a dit qu'il "était arrivé à un point maximum, qu'il ne pouvait plus vivre, qu'il allait se suicider".

Il a déclaré ne pouvoir s'enlever la vie immédiatement, car rien

à l'Institut Pinel ne lui permettait de le faire, mais que cela ne vaudrait pas pour le futur.

Puis le psychiatre a décrit que l'accusé était dans un état d'isolation, c'est-à-dire que toute sa vie émotive était mise de côté. Il s'agit d'un mécanisme de défense quand les émotions sont trop lourdes à porter, a-t-il expliqué.

Guy Turcotte se réfugie alors dans la lecture d'ouvrages complexes "pour ne pas penser" et se met à régler des choses concrètes. C'est dans ce contexte qu'il rédige la fameuse liste de choses à récupérer dans la maison de Piedmont où s'est déroulé le drame. Une liste de trois pages d'objets à récupérer, dont un sac de pommes de terre, un CD et un moulin à poivre.

"Il fait un fort barrage émotif. Tout ça n'est pas dans le but de leurrer, mais sa réalité se traduit comme cela", a expliqué le psychiatre.

"C'est quelqu'un qui savait contenir, ou qui s'obligeait à contenir ses émotions", a précisé le docteur Talbot, qui a aussi noté des traits de personnalité obsessifs et narcissiques chez son patient.

Le psychiatre a relaté qu'au début de son séjour à Pinel, l'accusé lui a demandé si ses enfants étaient vraiment morts.

Il a noté qu'il y avait des flous dans ses souvenirs de ce qui s'était passé le soir du 20 février.

Le 11 mars 2009, le psychiatre note que Guy Turcotte est dans un état de colère lié à l'infidélité de son ex-conjointe, Isabelle Gaston, la mère des enfants.

En avril, les idées suicidaires sont toujours présentes, note M. Talbot dans son dossier. C'est aussi le cas en mai, un moment où il dit que "sa vie est finie" et que "mourir serait mieux".

L'accusé a mentionné sa souffrance au psychiatre, une "souffrance méritée", dira-t-il, s'étonnant du soutien de sa famille et de la gentillesse du personnel de l'institut psychiatrique.

Guy Turcotte a témoigné pendant près de trois jours la semaine dernière sur la détresse psychologique dans laquelle il se trouvait lors du drame.

Il a expliqué qu'il a voulu s'enlever la vie le soir du 20 février et bu du lave-glace _ qui contient du méthanol, un alcool toxique _ dans ce but. Puis, il a relaté qu'à un certain moment, il "s'est vu mourir" et a "décidé d'emmener ses enfants avec lui", les poignardant à 46 reprises.

Le procès de l'accusé se déroule depuis la mi-septembre à Saint-Jérôme, devant un jury de 11 personnes. La Couronne a fait entendre 29 témoins.

Le témoignage du docteur Talbot se poursuit lundi après-midi.

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