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«Gang de malades» : au tour des personnes handicapées de rire un peu...

«Gang de malades» : au tour des personnes handicapées de rire un peu...
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La chaîne Z craignait tant les réactions négatives devant sa nouvelle émission humoristique, Gang de malades, qui sera en ondes dès ce soir, qu’un visionnement de presse avait été organisé un mois à l’avance, question d’avoir le temps de bien détailler le concept dans les médias et d’éviter que ne soit mal interprétée l’idée de base, développée par KOTV, la boîte de Louis Morissette.

Car c’est vrai que Gang de malades aurait pu susciter la grogne et les jugements, tant dans la population en général que chez certains regroupements spécialisés. Comme Les détestables, à V, Gang de malades s’articule autour de pièges amusants tendus à des inconnus, captés par des caméras cachées. Sauf que, cette fois, les joueurs de tours qui surprennent monsieur et madame-tout-le-monde ne sont pas des personnes âgées, mais des personnes handicapées.

Les comédiens sont Maxime Pelletier, 31 ans, technicien en informatique, né sans la partie inférieure de ses deux bras ; Gabriel de Villers-Matte, 21 ans, bénévole et conférencier, atteint de trisomie 21, avec une «différence» intellectuelle ; Charlie Rousseau, 18 ans, étudiante en communications, touchée par un handicap congénital aux membres inférieurs et supérieurs ; Tania Roy, 22 ans, devenue aveugle suite à une rétinopathie diabétique, qui rêve de continuer à jouer au petit écran ; Dave Richer, 43 ans, acteur dans les séries Jasmine, Lance et compte, Les Bougon, Virginie et Bob Gratton : ma vie, my life, atteint de paralysie cérébrale due à une erreur médicale à sa naissance ; Marie-Sophie Madon, victime d’achondroplasie, la cause la plus fréquente de nanisme, passionnée d’équitation ; Angelo Schiraldi, 34 ans, humoriste, qui complète actuellement un certificat en animation culturelle, aux prises avec la paralysie cérébrale ; Olivier Briand, 33 ans, aide-coiffeur et membre d’une troupe de théâtre, frappé par le syndrome de Williams, et Pierre-Luc Pépin, 21 ans, employé dans une entreprise de récupération de vêtements, futur humoriste, arborant une déficience visuelle à l’œil gauche, une déficience auditive à l’oreille gauche et un TDAH.

À l’animation, Pierre Hébert agit un peu comme le grand frère de tout beau monde, les encadre dans la préparation de leurs mises en scène et s’immisce souvent dans celles-ci, en lançant un commentaire taquin. Un rôle qui colle à la peau de celui qui, au début de sa carrière, s’est fait connaître en parodiant Renaud, le personnage atteint d’une déficience intellectuelle dans Annie et ses hommes, qu’incarnait Marc Béland.

Fait étonnant, à peu près personne ne reconnaît Pierre Hébert lorsque celui-ci fait irruption dans les saynètes de Gang de malades. C’est dire à quel point les gens sont mystifiés par les situations déroutantes que leur font vivre les personnes handicapées, et happées par leur naturel.

Drôle et attendrissant

On se rassure rapidement en visionnant les premiers épisodes de Gang de malades, fignolés avec le plus grand respect. Le résultat est drôle, attendrissant, et on sent que ses vedettes, qui n’auraient peut-être jamais eu d’autre occasion de faire de la télévision à l’extérieur de ce contexte, prennent un plaisir fou à taquiner les gens.

Certains «mauvais coups» sont d’ailleurs franchement comiques : un garçon atteint de trisomie 21 qui remplit les sacs, au supermarché, en écrasant le pain, en dévorant les croustilles et en vidant les bouteilles de boisson gazeuse directement dans le sac, une femme atteinte de nanisme qui demande à un client de l’épicerie de la soulever pour lui permettre d’atteindre la plus haute

tablette de la rangée, ou encore qui fait usage d’un lavabo comme d’un bain à la quincaillerie, une séance de pédalo ou une partie de «roche, papier, ciseaux», qui se termine abruptement. Une livraison de prothèses pourrait également mal tourner… tout comme le retour au magasin (ou ailleurs) d’un godemiché. On n’en dit pas plus, car il faut le voir pour le croire et, surtout, pleinement apprécier.

Il faudrait être de bien mauvaise foi pour percevoir quelque moquerie ou méchanceté que ce soit envers les personnes handicapées dans Gang de malades, puisque la sœur de Louis Morissette est elle-même atteinte de paralysie cérébrale. L’équipe de production a également consulté de nombreuses associations, comme, entre autres, la Fondation des Aveugles du Québec, l’Association du Québec pour l’intégration sociale et le Regroupement pour la trisomie 21,

afin de valider toute l’entreprise et prévenir une éventuelle polémique, en leur présentant d’avance les épisodes. Les mouvements concernés ont été ravis et n’ont opposé aucune résistance.

Le seul et unique but de Gang de malades demeure de faire rire, et on imagine que plusieurs familles aimeront se réunir à chaque semaine devant ce rendez-vous plein d’affection, pour ne pas dire de candeur, pas du tout moralisateur. Louis Morissette convie d’ailleurs les Québécois à regarder l'émission avant d’en décrier le contenu, et plaide que l’ensemble recèle un humour moins trash que celui des Détestables, qu’il produit également. «On rit de l’inconfort des gens, pas des handicaps», estime de son côté Dominic Anctil, producteur au contenu.

Pierre Hébert, lui, craignait un peu de plonger dans l’aventure au départ, mais il a vite été séduit par toute l’affaire, et charmé par ses partenaires de jeu. La direction de Z, enfin, définit le concept comme une émission «intelligente, respectueuse et sensible.» Nous, on ajoute «réconfortante» et, pourquoi pas, «conscientisante», puisqu’elle pourrait ébranler quelques tabous et préjugés.

Gang de malades, le lundi, à 19h30, à Z, dès aujourd’hui, 26 octobre. En rediffusion le mardi à 23h30, le mercredi à 8h30 et 15h30, le jeudi à 5h30, le samedi à 2h30, 9h30 et 20h30, le dimanche è 16h30 et le lundi suivant à 6h30 et 11h30.

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