Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Québec, qui a fermé ses portes en 2021.

L'album de Feu! Chatterton : du rock français flamboyant (VIDÉO)

L'album de Feu! Chatterton : du rock français flamboyant (VIDÉO)

Le groupe parisien Feu! Chatterton incarne quelque chose de nouveau dans le paysage rock de la France. Grâce à deux EPs remarqués et des spectacles flamboyants, ce quintette a le vent dans les voiles. D’autant plus que son nouvel album intitulé Ici le jour (a tout enseveli) renferme plusieurs bons titres. Discussion outremer avec le chanteur Arthur Teboul.

Formé en 2011, le groupe n’est pas tout à fait inconnu du public québécois. Feu! Chatterton a livré une performance au Métropolis dans le cadre des Francofolies de Montréal, en première partie de Fauve, un autre groupe de rock français très populaire. C’est encore timide comme rayonnement, certes, mais l’appréciation de leur travail chez nous devrait augmenter rapidement. Selon le chanteur, la formation devrait revenir au Québec en 2016.

Quant à l’autre côté de l’Atlantique, c’est une tout autre histoire. Depuis quelques semaines, tous les grands médias se sont intéressés au groupe et à son album, qualifié de succès critique et populaire. Le feu est pris, pour utiliser un mauvais jeu de mots. Il faut dire que la réputation de Feu! Chatterton n’a fait que croître depuis quelques années, nourrie par des spectacles énergiques à saveur théâtrale.

La parution du premier long jeu Ici le jour (a tout enseveli) n’a donc fait que décupler l’affection que les Français démontraient déjà pour le quintette. Selon Le Figaro, ce disque est l’une des plus belles nouveautés de la rentrée automnale en France. « Feu! Chatterton conserve son pouvoir d'attraction intact sur la dizaine de morceaux du disque », peut-on lire dans une critique du quotidien français.

« Ce disque est un peu meilleur que nous même, lance en rigolant le chanteur. Quand on s’est retrouvé avec l’album terminé, il nous a surpris. On a tellement mis d’effort à le produire, qu’il nous a obligés à trimer dur afin de l’apprendre pour le live. Tant mieux au fond. On a dû être encore plus exigeant et plus attentif. Par exemple, il y a un peu de funk sur l’album. Et pour des petits blancs comme nous, qui n’avons jamais fait ce genre musical, ce n’était pas évident. »

Enregistré en bonne partie en Suède - afin d’échapper à la distraction continue de la bulle parisienne -, le chanteur explique que cet album reflète les années d’existence de Feu! Chatterton. « On a jonglé beaucoup avec notre style musical lors de la création du groupe. C’est normal. Puis on a trouvé notre son. Il y a eu 2 EPs et plusieurs concerts. Pour Ici le jour (a tout enseveli), on se sentait peut-être un peu plus mûrs. »

« Je connais les deux guitaristes-claviéristes (Clément et Sébastien), qui composent la plupart des musiques, depuis le lycée (il y a une dizaine d’années). Eux, ils avaient un groupe rock et moi j’étais seulement leur copain. Je ne faisais pas de musique, mais j’écrivais des textes. Plus tard, on a décidé de créer une formation. Pendant un bon moment, on a essayé de s’approcher de la musique qu’on aime. Une musique énergique et mélodique avec des paroles en français (écrites pas le chanteur). Depuis deux autres gars se sont greffés au groupe à la rythmique. »

Cette facture originale que propose Feu! Chatterton - alliage de rock, de spoken-word et de chanson française à la Gainsbourg – est le fruit de plusieurs expériences. « Cette signature est arrivée quasiment par défaut. Je ne joue pas d’instrument. Au départ, je ne savais même pas que je pouvais chanter. Pour moi, c’était écrire des textes. C’est parce que mes copains les ont trouvés chouettes que je me suis mis à chanter. La base, c’est donc de raconter des histoires. C’est progressivement que j’ai développé ma voix et mon style vocal. Voilà pourquoi tout ce parlé, ce phrasé dans les pièces. C’était intuitif. Je dois dire que maintenant, je prends des formations de chant, puisque ça m’intéresse. »

Et cet album au juste ? Ici le jour (a tout enseveli) est une œuvre très vivante, originale et dense. Les textes sont imaginatifs et remplis d’histoires très variées. L’ensemble est prenant et pas mal réussi.

« L’important, c’est toujours de trouver un bel équilibre entre la musique et le texte comme pouvait le faire si bien Serge Gainsbourg, affirme plus tard Arthur Teboul. Et puis, on ne peut pas passer à côté de (Alain) Bashung, qui est aussi un chanteur francophone extrêmement brillant. Ces deux hommes ont réussi à proposer une approche franchement originale et inspirante. »

Le groupe est présentement en tournée en Europe. Il parcourra la France jusqu’à Noël afin de présenter notamment les chansons de l’album, paru vendredi.

Un spectacle à voir absolument sur les planches, notamment pour le chanteur, qui livre ses textes avec énormément de charisme. Sans oublier son veston en tweed, sa cravate raffinée et sa fine moustache au style résolument rétro.

Quel nom intriguant que Feu! Chatterton. Il nous apparaissait pertinent de clarifier la nature de ce choix pour le moins original. Voici les explications d’Arthur Teboul.

« Ça vient d’un tableau qui s’appelle La mort de Chatterton (peint par Henry Wallis en 1856). Thomas Chatterton était un poète du XVIIIe siècle. On y voit un jeune sur son lit dans une chambre à Londres. Il est très beau, mais très pâle. Il a l’air de dormir, mais on se rend compte qu’il est mort. Au bout de son bras, il y a un flacon vide d’arsenic. Au final, c’est un homme de 17 ans qui se suicide, complètement révolté. C’est un peu sordide, mais ce tableau nous a saisis en raison de la beauté du sujet, qui donne l’impression d’être en paix. On adore cette peinture. Pour enlever le côté dramatique de ce suicide, on a ajouté l’expression désuète feu, qui signifie celui qui est mort. On y a mis un point d’exclamation pour dire top départ, pour ajouter du grotesque… On aime bien ce qui est à la fois grave et léger. »

Close
Cet article fait partie des archives en ligne du HuffPost Canada, qui ont fermé en 2021. Si vous avez des questions ou des préoccupations, veuillez consulter notre FAQ ou contacter support@huffpost.com.