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Élections fédérales 2015: Dan Gagnier n'avait pas précisé la portée de son mandat aux libéraux

Dan Gagnier n'avait pas précisé la portée de son mandat

Les libéraux ont largué leur coprésident de campagne, Dan Gagnier, lorsqu'ils ont appris que ce dernier ne leur avait pas tout dit sur la portée de son mandat comme consultant pour TransCanada.

"M. Gagnier a informé l'équipe de campagne libérale qu'il conseillait son client, TransCanada, sur des questions touchant le gouvernement provincial du Québec", a écrit jeudi dans un courriel Cameron Ahmad, porte-parole du Parti libéral du Canada (PLC).

"Quand nous avons appris qu'il conseillait également son client sur des questions concernant la transition au niveau fédéral, nous avons pris les mesures qui s'imposaient", a-t-il conclu.

Dan Gagnier avait été embauché comme consultant au printemps dernier, a confirmé le porte-parole de TransCanada, Tim Duboyce.

À ce moment, M. Gagnier était déjà en poste à la coprésidence de la campagne libérale.

En début de semaine, il a offert au promoteur du projet des conseils sur la façon d'approcher un nouveau gouvernement qui serait élu le 19 octobre, comme le démontre un courriel obtenu mercredi par La Presse Canadienne.

Dans son message envoyé à cinq dirigeants de TransCanada, M. Gagnier suggérait de s'adresser le plus tôt possible aux bonnes personnes au sein d'un nouveau gouvernement _ incluant une administration libérale minoritaire _ pour faire valoir rapidement leurs positions.

Critiqué par Justin Trudeau

Ces précisions ont été apportées quelques heures après que le chef libéral eut blâmé Dan Gagnier.

Justin Trudeau a été plus sévère jeudi que son parti ne l'avait été la veille, affirmant que les gestes de son proche collaborateur étaient complètement inadmissibles, et qu'il serait écarté de son cercle pour l'"avenir à long terme".

"Nous reconnaissons que les actions de M. Gagnier étaient tout à fait inappropriées. M. Gagnier a pris la responsabilité pour ses actions et s'est retiré de notre campagne", a déclaré Justin Trudeau en matinée au cours d'un point de presse à Montréal.

Après que son parti se fut initialement rangé derrière lui, mercredi après-midi, Dan Gagnier a finalement démissionné de son poste en soirée, plaidant dans une déclaration transmise par le PLC qu'il avait "toujours agi dans les règles de l'art" et qu'il quittait "afin d'éviter toute distraction de la campagne".

Jeudi matin, faisant face aux questions des journalistes dans le local électoral de sa candidate Mélanie Joly, dans Ahuntsic_Cartierville, M. Trudeau a déclaré qu'il s'attendait à ce que ses collaborateurs soient irréprochables sur le plan éthique.

"Je m'attends à ce que les gens dans mon entourage, dans mon équipe, dans notre parti aient un extrêmement haut niveau de comportement éthique, un haut standard et c'est pour ça nous avons pris les actions responsables", a-t-il soutenu.

Le leader libéral a assuré que Dan Gagnier, un vieux routier de la politique qui a notamment été chef de cabinet pour le premier ministre québécois Jean Charest, n'avait aucunement participé au façonnement de la politique de sa formation en matière d'énergie.

"M. Gagnier n'a jamais contribué à nos politiques énergétiques. On savait qu'en tant que bénévole il avait des clients de toutes sortes de différents secteurs, donc on l'a toujours gardé à l'écart de nos décisions en terme de politique énergétique", a indiqué M. Trudeau.

Et les conseils qu'il a fournis au promoteur du projet d'oléoduc ne constituent absolument pas un signal que ce projet passerait comme une lettre à la poste sous un gouvernement du PLC _ une évaluation environnementale sérieuse s'impose pour ce type de projet, a réitéré le chef libéral.

un certain moment, pendant le point de presse, des partisans ont hué les journalistes qui pressaient Justin Trudeau de questions sur son coprésident de campagne démissionnaire.

Le chef les a réprimandés d'un ton sans appel: "Hey! Nous respectons les journalistes dans ce pays. Ils posent des questions difficiles comme ils sont supposés de le faire", a-t-il lâché.

Une enquête a par ailleurs été déclenchée chez TransCanada pour tenter de déterminer comment le courriel a été coulé dans les médias. "On est en train de mener une enquête interne. Il faut savoir ce qui est arrivé", a dit M. Duboyce en entrevue téléphonique, jeudi après-midi.

Parfum de nouveau scandale libéral

Les trois adversaires de Justin Trudeau se sont empressés d'établir un lien entre l'affaire Gagnier et le scandale des commandites, que le PLC a traîné comme un boulet pendant des années.

Les chefs du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique (NPD) ont vigoureusement réagi à la nouvelle, tandis que le premier ministre sortant Stephen Harper ne l'a commentée que de manière succincte.

Le leader conservateur, qui était de passage à Trois-Rivières, s'est contenté de déclarer que "la culture du parti qui nous a donné les commandites n'a pas changé et elle ne changera pas".

Gilles Duceppe, qui a pris bonne note de la remontée des libéraux dans les intentions de vote et ajusté ses attaques en conséquence, a été nettement plus incisif.

"On nous rit en pleine face, a affirmé M. Duceppe en point de presse à Mascouche. C'est un manque flagrant d'éthique."

Le chef du NPD, Thomas Mulcair, est pour sa part tombé à bras raccourcis sur les libéraux et leur dirigeant.

Cette histoire, a-t-il dit en marge d'un discours à Alma, est "une autre raison de ne jamais redonner le pouvoir au parti du scandale des commandites et du scandale TransCanada".

Le PLC a voulu cacher sa vieille façon de faire de la politique derrière un nouveau visage en se donnant un nouveau chef, mais "le vrai visage de Justin Trudeau s'appelle Dan Gagnier", a lâché M. Mulcair.

Trudeau chez Mulcair

Dans un geste qui peut sembler relever de la provocation, Justin Trudeau a décidé de profiter de son passage au Québec, jeudi, pour faire une escale dans la circonscription représentée par Thomas Mulcair, celle d'Outremont.

Au début de cette longue campagne électorale, une victoire sans appel du chef néo-démocrate se dessinait dans le comté où il a été élu à trois reprises depuis 2007. Mais l'écart entre lui et sa rivale candidate semble s'être resserré dans les dernières semaines, selon certains sondages.

Invité à dire ce qu'il pensait de cette fronde libérale, le chef du NPD a simplement lancé: "On est dans un pays libre, les gens sont libres de faire ce qu'ils veulent", rappelant au passage qu'il avait remporté contre toute attente cette circonscription qui était pourtant considérée comme une forteresse libérale.

La candidate du PLC dans Outremont, Rachel Bendayan, qui était sur place pour accueillir son chef venu faire une visite-éclair dans un bar de l'avenue du Parc, pense qu'elle peut causer une surprise le soir du 19 octobre.

"Absolument. On est nez à nez à Outremont, et je crois vraiment à une victoire", a-t-elle lancé.

La journée de Justin Trudeau s'est terminée dans un bar du centre-ville de Montréal, où il a regardé la partie de hockey opposant le Canadien de Montréal aux Rangers de New York.

L'avion des libéraux s'est ensuite envolé vers Toronto, le chef faisant campagne dans plusieurs circonscriptions de la grande région de la métropole vendredi.

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