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Eau sur Mars: comment pourrait-on boire le précieux liquide?

Comment pourrait-on boire l'eau de Mars?

C’est officiel. La NASA a décelé la présence d’eau à l’état liquide sur Mars et a découvert jeudi 8 octobre qu'un ancien lac se trouvait aux alentours du mont Sharp. Mais avant de songer à poser un jour vos valises sur la planète rouge, voici ce qu’il faut savoir : cette eau n’est pas potable et elle regorge de sels appelés perchlorates, potentiellement toxiques pour l’homme.

Plusieurs États américains, dont la Californie et le Massachusetts, ont fixé des limites au taux de perchlorates dans l’eau potable, car ils peuvent provoquer des troubles thyroïdiens, irriter la peau et abîmer le système digestif, le tissu mammaire et le placenta. Si ces maux ne sont pas des plus réjouissants sur Terre, imaginez le problème sur Mars, où l’assistance médicale n’est pas très développée…

Prenons les choses sous un autre angle. Cette eau est plus salée que celle du lac Don Juan, dans l’Antarctique, soit l’eau la plus salée sur Terre. "Aucune forme de vie ne peut se développer dans les saumures du lac Don Juan", explique Chris McKay, planétologue à la NASA (McKay ne fait pas partie de l’équipe qui a découvert la présence d’eau sur Mars).

Dans ce cas, comment fera-t-on pour se désaltérer quand nous nous établirons sur la planète rouge? Importer de l’eau depuis la Terre reste onéreux et inenvisageable sur le long terme. Tenter d’appliquer les mesures de survie prises par l’astronaute du film Seul sur Mars, à savoir, brûler de l’oxygène et de l’hydrogène pour produire de l’eau, s’avèrerait extrêmement dangereux. Certains ont suggéré d’installer un humidificateur géant afin d’extraire l’eau de la fine atmosphère de la planète. D’autres pensent qu’on pourrait mettre de la terre – qui contient des cristaux de glace – dans une chaudière et recueillir la vapeur d’eau pour la recondenser.

Pour boire sur Mars, la manière la plus efficace sera toutefois d’exploiter l’eau douce présente en masse aux pôles, selon les chercheurs. La calotte glaciaire nord s’étend ainsi sur près de mille kilomètres. Mars abrite également des glaciers recouverts de poussière. Selon une étude récente, il y aurait suffisamment d’eau gelée sur la planète rouge pour recouvrir celle-ci d’une couche d’un mètre de glace. Il s’agit d’une source potentiellement stable d’H2O (bien que probablement non renouvelable).

À titre de comparaison, l’eau salée découverte récemment a un caractère transitoire : elle n’apparaît que pendant la saison chaude. Bien qu’il y ait beaucoup d’eau, celle-ci s’étend sur de larges surfaces, rendant le volume réparti sur plusieurs endroits totalement insignifiant. "Vouloir récupérer cette eau n’aurait par conséquent aucun sens", déclare John Logsdon, professeur émérite à l’Institut de politique spatiale de l’Université George Washington.

La solution pour exploiter les réserves d’eau gelée? Forer le sol.

À l’aide d’un radar, les scientifiques ont découvert de la glace sous ces épaisses couches de poussière martienne.

Mais il y a peu de chances que cette eau soit elle aussi potable à l’état naturel. Les perchlorates sont omniprésents sur Mars et, selon certaines estimations, les sols en contiendraient entre 0,5 et 1 %, soit un taux clairement toxique pour l’homme. En bref, si on faisait fondre cette eau, on se retrouverait avec une eau riche en perchlorates et autres cochonneries.

Sur Terre, les perchlorates présents dans l’eau sont éliminés par un processus de désalinisation, au cours duquel l’eau de mer est transformée en eau douce. Selon l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), il existe trois méthodes : l’échange d’ions, l’osmose inverse ou le traitement biologique.

Heureusement pour les futurs Martiens, "ces méthodes de désalinisation devraient fonctionner sur Mars", ajoute McKay. La salinité très élevée nécessiterait toutefois une plus grande quantité d’énergie.

L’échange d’ions, qui reste la méthode la plus employée aux États-Unis pour débarrasser l’eau des perchlorates, consiste à échanger des ions perchlorates avec d’autres molécules de la même charge. L’osmose inverse utilise la pression pour faire passer l’eau pure à travers une membrane dotée de petits trous et capable de retenir la plupart des substances indésirables. Un peu comme un videur de boîte de nuit qui ferait le tri à l’entrée. L’eau rentre, les perchlorates restent dehors.

Le défi principal consiste à envoyer l’équipement nécessaire sur Mars et veiller à ce que la technologie soit assez fiable pour y lancer une mission car, en cas d’avarie, il faudrait au moins six mois de plus pour remplacer l’équipement”, explique Stephanie Schierholz, porte-parole de la NASA.

Autre option : le traitement biologique, par lequel les bactéries se nourrissent des perchlorates. L’utilisation des microbes présente un avantage de taille par rapport aux deux autres méthodes, dans la mesure où la question du traitement des déchets riches en perchlorate ne se pose pas, ce qui nous éviterait de polluer Mars. Toutefois, en l’absence de formes de vie martiennes susceptibles de se nourrir des perchlorates, il se pourrait que nous devions importer nos propres bactéries. Les scientifiques de la NASA souhaitent que la planète rouge soit exempte de microbes terrestres le plus longtemps possible, afin d’étudier la faune locale sans se soucier d’une quelconque contamination. C’est pourquoi des précautions particulières devront être prises afin de retenir ces bactéries.

Dépouiller Mars de ses ressources naturelles n’étant pas notre objectif, nous aimerions également construire une usine de production d’eau potable sur place. C’est là que les vingt ans de recherches menées par la NASA sur les systèmes de survie dans l’espace s’avèreront utiles. La Station spatiale internationale dispose ainsi d’un processeur qui "recycle l’urine et la transforme, à hauteur de 80 %, en eau potable, ce qui permet aux astronautes de s’hydrater", ajoute Schierholz.

Eh oui. Si vous allez sur Mars, vous finirez par boire votre urine purifiée. C’est l’alternative écologique par excellence.

Cet article initialement publié sur le Huffington Post États-Unis a été traduit de l’anglais.

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