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Tout ce que vous devez savoir sur le Partenariat transpacifique

Tout ce que vous devez savoir sur le Partenariat transpacifique
Container ship moving on China sea
Thierry Dosogne via Getty Images
Container ship moving on China sea

Les discussions reprennent entre le Canada et 11 autres pays en vue de créer la plus grande zone de libre-échange au monde. Tous souhaitent libéraliser le commerce et les investissements de part et d'autre du Pacifique, mais certains s'inquiètent des concessions nécessaires. Cinq questions pour comprendre la situation canadienne.

Un texte de Bruno Maltais

1. De quoi s'agit-il?

Le Partenariat transpacifique (PTP) vise à libéraliser le commerce et les investissements entre 12 États autour de l'océan Pacifique.

Pour consulter, à partir d'un appareil mobile, la carte des pays qui participent au Partenariat transpacifique, cliquez ici.

Ces pays regroupent près de 800 millions de personnes et représentent environ 40 % de l'économie mondiale. S'il est conclu, le Partenariat transpacifique formera la plus grande zone de libre-échange au monde.

Un absent de taille : la Chine, qui fait plutôt partie du Partenariat économique régional complet, qui regroupe 16 pays de la région Asie-Pacifique, et qui est généralement perçu comme un contrepoids au Partenariat transpacifique, influencé principalement par les États-Unis.

Pour se positionner avantageusement sur les marchés asiatiques, le Sénat américain a approuvé en juin une procédure de négociation accélérée, demandée par le président Barack Obama. Les pourparlers pourraient passer à la vitesse supérieure.

2. Quels avantages les Canadiens pourraient-ils en tirer?

L'ouverture des marchés est aussi un moyen de stimuler la concurrence, et donc d'encourager l'innovation et de faire baisser les prix. Les consommateurs canadiens pourraient donc, à terme, payer certains produits moins cher.

Les manufacturiers et exportateurs canadiens estiment que le Partenariat transpacifique leur serait bénéfique puisqu'il ferait tomber des barrières tarifaires et non tarifaires qui augmentent les coûts des entreprises.

Pour les travailleurs, la croissance économique rime généralement avec création d'emplois. Comme le commerce bilatéral du Canada compte pour 60 % de son produit intérieur brut (PIB) et qu'un emploi sur cinq au Canada est lié aux exportations, selon le gouvernement fédéral, le Partenariat transpacifique devrait stimuler l'emploi dans certains secteurs.

D'un point de vue stratégique, ce partenariat est vu par le Canada comme une porte d'entrée sur plusieurs marchés asiatiques. Il créerait une nouvelle grande zone de libre-échange, complémentaire à celle avec les États-Unis et le Mexique (ALENA), et à celle avec l'Union européenne.

En Asie, le Canada a conclu un accord de libre-échange avec la Corée du Sud, et des négociations sont en cours avec le Japon. Des accords sur la promotion et la protection des investissements étrangers ont par ailleurs été signés avec la Chine, les Philippines et la Thaïlande.

3. Quelles sont les préoccupations?

En faisant tomber des mesures de protection des marchés, la libéralisation rend généralement certaines industries plus vulnérables. Les producteurs canadiens d'oeufs, de lait et de volaille redoutent donc l'abandon du système de gestion de l'offre, comme le demandent plusieurs pays qui participent aux négociations du Partenariat transpacifique.

Devant des centaines de producteurs inquiets venus manifester devant ses bureaux vendredi, le ministre d'État fédéral à l'Agriculture, Maxime Bernier, a promis qu'Ottawa protégera intégralement le système de gestion de l'offre.

Le système de gestion de l'offre est un mécanisme qui vise à maintenir un équilibre entre l'offre et la demande, ce qui permet de contrôler la fluctuation des prix. Ce mécanisme a été mis en place dans les années 1970 pour assurer une certaine stabilité aux producteurs.

Du côté des consommateurs, les effets font l'objet de débats. Les uns disent que la gestion de l'offre tire les prix à la hausse; les autres affirment qu'elle assure un accès à des produits de qualité, et que cette mesure doit être comprise dans un contexte plus large du fait qu'elle soutient des producteurs qui contribuent à l'économie nationale.

Autrement dit, si des producteurs n'arrivent plus à être compétitifs face à de grands producteurs d'ici ou d'ailleurs, ce sont les économies locales qui en paieront le prix, soutiennent les défenseurs de la gestion de l'offre.

En 2013, le Canada comptait 10 845 fermes d'élevage de bovins laitiers et de production laitière et 2720 fermes d'élevage de volailles et de production d'oeufs. La plupart de ces installations sont au Québec et en Ontario.