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«Les libéraux n'aiment pas les femmes», d'Aurélie Lanctôt: Petit guide d'autodéfense féministe contre les libéraux

Petit guide d'autodéfense féministe contre les libéraux

QUÉBEC – Avec Les libéraux n’aiment pas les femmes, Aurélie Lanctôt s’attèle à démontrer pourquoi les compressions du gouvernement Couillard affectent principalement les femmes.

«J’ai voulu mettre un visage sur ces compressions et sur l’écart qui se crée entre les hommes et les femmes à travers les mesures d’austérité; leur impact en santé et en éducation, que ce soit chez les travailleuses ou sur les gens qui en bénéficient», dit la jeune auteure de 23 ans qu’on peut aussi entendre à l’émission de radio Médium Large, sur les ondes d’Ici Radio-Canada.

Dans un langage clair, le petit ouvrage de 120 pages (Lux Éditeur) donne la parole à des femmes affectées par la «rigueur budgétaire» du gouvernement Couillard. L’auteure s’attarde notamment à la modulation des frais de garderie, à la détresse des enseignantes et au système communautaire, à bout de souffle et de ressources.

L’élément déclencheur de cet ouvrage a été la publication, au printemps dernier, d’une étude de l'Institut de recherche et d'informations socioéconomiques (IRIS) qui démontrait que, depuis la crise économique de 2008, «les politiques de relance économique bénéficient d’abord aux hommes, tandis que les vagues de compression frappent surtout les femmes», comme le résume Aurélie Lanctôt. Depuis la crise, le déséquilibre entre les hommes et les femmes s’élève à 7 milliards$, selon l’IRIS.

Et les compressions du gouvernement Couillard viennent aggraver ces inégalités. «On voit que des institutions qui sont là pour assurer l’autonomie des femmes sont en train de disparaître», dit l’auteure.

Aurélie Lanctôt ne s’en cache pas, plusieurs des observations contenues dans son livre sont déjà connues. «Ce qui était intéressant était de rassembler ces données-là dans un ouvrage et de démontrer que ça participe d’une même logique et du même phénomène», explique-t-elle.

Les féministes néolibérales

Au passage, Aurélie Lanctôt critique également un certain féminisme mis de l’avant par des femmes d’affaires, dont Sheryl Sandberg. Dans son livre Lean In, la directrice générale de Facebook affirme que si les femmes demeurent minoritaires dans les hautes sphères des entreprises, c’est en raison de leur manque de confiance en soi. Au Québec, ce discours est notamment repris par l’ex-ministre des Finances Monique Jérôme-Forget et la PDG de Gaz Métro, Sophie Brochu, écrit Aurélie Lanctôt.

«C’est un féminisme qui présente tous les symptômes du néolibéralisme», déplore l’auteure.

Elle écrit : «Le féminisme des libéraux ne serait qu’une affaire de choix personnels et d’atténuation des discriminations individuelles. On fera des lois sur la parité et, pour le reste, les femmes s’émanciperont par magie en répétant des slogans motivateurs, en faisant leur yoga et en organisant des déjeuners-causeries.»

S’il est louable d’encourager les femmes à prendre leur place, Aurélie Lanctôt dénonce ce féminisme désincarné des luttes sociales. «Ça ne sert à rien d’avoir quelques femmes riches et privilégiées qui vont occuper des fonctions importantes à parité avec les hommes, si, en contrepartie, l’écrasante majorité des Québécoises vit toujours plus dans la pauvreté, la précarité, et a accès à de moins en moins de services qui vont leur permettre de maintenir leur autonomie.»

Malheureusement, les femmes ne sont pas mieux représentées par la ministre de la Condition féminine, Stéphanie Vallée, qui «manque à son devoir», croit Aurélie Lanctôt. L’auteure rappelle que la ministre a refusé d’étudier l’impact des mesures budgétaires sur les femmes.

«C’est assez surprenant qu’une ministre de la Condition féminine n’ose pas poser un regard sur l’effet très concret des politiques du gouvernement sur les femmes, alors qu’elle est censée les représenter», dit Aurélie Lanctôt.

Pas en mon nom

Et la jeune femme n’a que faire des paroles du premier ministre Couillard qui affirme vouloir équilibrer le budget afin de léguer des finances publiques saines aux prochaines générations.

«Je trouve ça assez paradoxal de se réclamer du bien-être des générations futures alors qu’on est, par exemple, en train de détruire les écoles publiques, lance-t-elle. C’est particulièrement visible en éducation, mais je crois que c’est aussi vrai pour l’ensemble des services publics.»

Pour elle, l’atteinte du déficit zéro ne peut justifier les compressions du gouvernement Couillard. «Le fait de liquider les institutions publiques ne va jamais amener la richesse qu’on prétend pouvoir créer» en cherchant à atteindre le déficit zéro, estime-t-elle.

«Il y a une hypocrisie de se réclamer des générations futures tout en étant en train d’épuiser en ce moment ce qui est censé préparer les forces du futur, ajoute Aurélie Lanctôt. C’est un discours qu’on entend depuis longtemps, mais là, on commence à se demander de quelle génération il est question.»

Les libéraux n’aiment pas les femmes, Lux Éditeur, paraîtra jeudi.

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