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Déversement d'eaux usées dans le fleuve: Coderre dit que la Ville n'avait pas le choix (VIDÉO)

Déversement dans le fleuve: la Ville n'avait pas le choix, dit Coderre (VIDÉO)

Denis Coderre a réservé un accueil ferme mais poli à l'intervention du ministre fédéral Denis Lebel qui se dit « très préoccupé » par l'intention de Montréal de déverser 8 milliards de litres d'eau usée directement dans le fleuve Saint-Laurent. Le maire dit espérer que M. Lebel ne fera pas de « politique avec ça » et qu'il ne décidera pas de bloquer le projet.

« Je veux réitérer encore une fois qu'on n'avait pas le choix de préférer cette option. Ce n'est pas de gaieté de coeur qu'on fait ça. [...] Mais le dossier est clair. Le dossier est basé sur des analyses scientifiques. Des experts ont travaillé en conséquence », a insisté en conférence de presse Denis Coderre lundi après-midi.

Le maire, qui affirme que Montréal est en voie de régler le dossier avec Environnement Canada, maintient que la population n'a pas lieu de s'inquiéter.

« Il n'y aura pas d'impact sur notre eau potable. Il n'y aura pas d'impact sur l'eau potable des autres municipalités environnantes. [...] Et on me dit qu'il y a peu d'impact sur la faune et la flore, entre autres en raison du débit d'eau », dit-il.

Denis Coderre souligne également que Montréal a déjà obtenu l'approbation d'Environnement Canada en 2003 et en 2007 pour faire ce type de déversement dans le fleuve. Il ne voit donc pas pour quelle raison la Ville pourrait en être empêchée cette fois-ci.

La Ville de Montréal a admis avoir besoin du feu vert d'Environnement Canada avant de déverser les eaux usées dans le Saint-Laurent. Les deux parties sont en discussion même si le ministère fédéral a déjà indiqué à Radio-Canada qu'il ne peut pas autoriser ce type de rejet, sans donner cependant beaucoup de détails.

Le déversement, qui aura lieu du du 18 au 25 octobre, est rendu nécessaire en raison de la construction d'une nouvelle chute à neige dans le cadre des travaux de réaménagement de l'autoroute Bonaventure. Les travaux majeurs pour abaisser la structure de l'autoroute Bonaventure exigent de déplacer la chute d'un méga-égout du sud de la municipalité, située directement dans la zone de travaux.

La Ville de Montréal déversera ainsi quelque 8 milliards de litres d'eaux usées dans le fleuve. Treize mètres cubes par seconde pendant 7 jours, c'est 8 millions de mètres cubes, l'équivalent de 2600 piscines olympiques de déchets des toilettes, rejets d'hôpitaux et d'entreprises. Un cocktail de bactéries, de virus et de produits pharmaceutiques directement dans le fleuve, sans passer par l'usine d'épuration.

Denis Lebel dit « suivre la situation de près »

De son côté, le ministre de l'Infrastructure, des collectivités et des Affaires intergouvernementales, Denis Lebel, souligne que « la direction générale de l'application de la loi d'Environnement Canada a déjà précisé que la Loi sur les pêches interdit les rejets non autorisés de substances nocives dans les eaux où vivent des poissons ».

Le personnel du ministère de l'Environnement du Canada communique avec la Ville de Montréal, affirme M. Lebel, afin d'évaluer les conséquences d'un tel rejet dans le fleuve. Il rappelle que plusieurs espèces vivent dans le fleuve et que des gens y naviguent ou s'y adonnent à des sports aquatiques.

M. Lebel rappelle que le gouvernement fédéral a lancé l'initiative Prospérité maritime Québec dans le but de préserver le patrimoine maritime québécois et améliorer l'accès au fleuve.

« Nous allons continuer à suivre la situation de près, et nous allons continuer à agir dans le meilleur intérêt des Canadiens. »

— Denis Lebel

De son côté, le ministre québécois de l'Environnement a réitéré la position de son gouvernement dans le dossier.

« C'est loin d'être une situation idéale, mais il fallait regarder la balance des inconvénients, a déclaré le ministre de l'Environnement, David Heurtel. Si on ne fait pas les travaux sur cette conduite-là, il y a des risques que l'usine d'épuration soit elle-même affectée. Il faut réaliser ce qui arrivera si on doit fermer l'usine d'épuration et les conséquences de faire quelque chose comme ça. »

« La Ville de Montréal nous a indiqué qu'il fallait faire ces travaux-là, a-t-il poursuivi. On a analysé la demande de la Ville, on l'a analysée à la lumière des inconvénients que ça pouvait causer. »

Pour sa part, l'écologiste et candidat du Parti vert Daniel Green affirme que Montréal crée des risques inutiles en procédant maintenant, alors qu'ils auraient pu facilement être minimisés, même s'il admet que le déversement doit être fait pour procéder aux travaux requis.

« La Ville de Montréal aurait pu, par exemple, travailler au mois de février et on aurait pu déverser ces eaux usées quand il n'y a pas de migration de canards et d'autres oiseaux migrateurs, pas de chasseurs, de pêcheurs ou de plaisanciers sur le fleuve », a indiqué M. Green en entrevue avec La Presse Canadienne.

Vendredi dernier, la Ville de Montréal a confirmé qu'elle rejetterait le tiers de ces égouts dans le fleuve durant une semaine, mi-octobre, dans le cadre de travaux .

En deux jours, une pétition en ligne dénonçant le déversement prévu d'eaux usées dans le Saint-Laurent par la Ville de Montréal a recueilli plus de 55 000 signatures.

La prochaine séance du conseil est prévue pour le 26 octobre. En théorie, le déversement prévu aurait déjà dû être commencé depuis plusieurs jours.

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