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Conditions de travail en télévision: Serge Postigo blâme le contexte économique

Conditions de travail en télévision: Serge Postigo blâme le contexte économique
Courtoisie: Agence Duchesne

Depuis quelques années, Serge Postigo se consacre beaucoup à la mise en scène et ne fait que sporadiquement des sauts à la télévision et au cinéma, mais il regarde quand même du coin de l’œil ce qui se passe sur les plateaux du petit et du grand écran.

D’ailleurs, l’artiste touche-à-tout tourne en ce moment dans une série, à propos de laquelle il ne peut encore rien dire. Et il a cumulé assez de rôles dans le passé, de 4 et demi à Penthouse 5-0, d’Urgence à Rue L’Espérance, pour être à même de remarquer que les conditions de travail des comédiens se sont dégradées et que les rythmes de tournage se sont intensifiés au fil des ans.

Or, à ses yeux, personne n’est réellement responsable de la situation. Postigo blâme plutôt le contexte économique qui prévaut actuellement, pour expliquer la dérive.

«Le rythme s’est accéléré sournoisement depuis les 15 dernières années, a constaté Serge Postigo. Ça ne s’est pas fait comme ça, en claquant des doigts. On en parle maintenant, mais c’est ainsi depuis très, très longtemps.»

«Honnêtement, bien malin serait celui qui pourrait dire c’est la faute de qui. C’est faire de la myopie que de dire que c’est de la faute des producteurs. Non, ce n’est pas juste la faute des producteurs; c’est la faute de l’économie en général. Parce qu’on parle de télé, mais c’est dans tout. Vous, les journalistes, êtes-vous aussi nombreux qu’avant? C’est partout pareil», a observé l’acteur, avant d’enchaîner:

«Si les producteurs compressent, c’est parce que l’argent qu’ils ont par épisode est compressé. Et si les diffuseurs donnent moins d’argent, c’est parce que les gens paient moins pour la publicité. Et s’ils paient moins pour la publicité, c’est parce qu’il y a moins de monde devant les écrans. C’est une roue qui tourne. Il ne faut donc pas pointer des personnes en particulier. Sauf qu’à un moment donné, il faut qu’il arrive ce qui est arrivé (NDLR : la mort du cantinier de Ruptures, Carl Shunamon), pour qu’on dise «stop» à cette spirale infernale. Maintenant, il faut qu’on se retourne de bord et que, comme pour les vices cachés dans une maison, on regarde le propriétaire qui était là avant nous. Dans ce cas-ci, c’est le producteur. Là, c’est tombé sur Fabienne (Larouche), mais c’aurait pu tomber sur quelqu’un d’autre.»

Serge Postigo assure en revanche que l’état des lieux n’est pas aussi alarmant au théâtre, où aucune étape de conception d’une œuvre ne peut être négligée ou éliminée en espérant sauver du temps.

«Non, pour la simple et bonne raison que le processus de répétitions a un biorythme qui ne peut pas être modifié, a-t-il exposé. Et un producteur n’aura jamais avantage à ce qu’un acteur ne soit pas prêt, ne connaisse pas son texte, ne sache pas sa chorégraphie. L’Union des artistes (UDA) impose des normes minimales d’heures de répétitions pour un spectacle, et ce ne sont pas du tout les mêmes enjeux. Au théâtre, le rythme ne peut pas être compressé, ou très, très difficilement, tandis qu’en cinéma, on peut décider qu’une journée, on fait 14 scènes au lieu de 11. Ça altérerait directement la qualité du spectacle et, donc, la vente de billets et les revenus.»

Au Théâtre St-Denis

Serge Postigo passera beaucoup de temps au Théâtre St-Denis dans les prochains mois. Car il bosse en coulisses de trois spectacles qui y tiendront l’affiche en 2015-2016 : le concert d’harmonies vocales du quatuor QW4RTZ (le 6 novembre), le premier one man show de Mario Tessier, Seul comme un grand (du 4 au 7 novembre) et la comédie musicale Mary Poppins, l’une des pierres angulaires du prochain Festival Juste pour rire (du 15 au 30 juin). Il nous a glissé un mot sur chacune de ces productions.

«QW4RTZ est une gang que j’ai rencontrée en 2009, si je ne me trompe pas, s’est remémoré Serge Postigo. Ils sont venus me voir et m’ont dit : «On aimerait travailler avec vous. On n’a pas de producteur, pas de show, pas de textes, pas de répertoire, pas d’idées, pas d’argent». Et j’ai fait : «You bet que ça me tente!» (rires) Parce qu’ils ont énormément de talent et, surtout, une drive, un amour de l’a capella. Avec eux, j’ai mélangé humour et chansons a capella, et j’ai écrit et mis en scène leur premier spectacle, qui revient au St-Denis pour la troisième fois.»

«Mario Tessier, lui, tout le monde le connaît. Lui et moi, on a travaillé à l’écriture de son show, de décembre à juillet. C’a été une belle expérience de carrière, une grande rencontre. C’est devenu un véritable ami. Mario et moi, on s’est vraiment liés d’amitié, d’amour filial, presque. C’est comme un frère! On a monté son one man show, et là, il est en rodage. Ça me fait tellement plaisir d’entendre Mario me dire : «Serge, il faut que tu lises les commentaires sur ma page Facebook, c’est hallucinant!» À date, on n’a eu que des commentaires élogieux sur ce spectacle. Mario est un artiste complet et un être humain à la hauteur de son talent.»

«Et Mary Poppins, je suis là-dessus à temps plein en ce moment, a complété le créateur. Dans la traduction, l’adaptation et le processus d’auditions. C’est la plus grosse comédie musicale que Juste pour rire n’aura jamais faite. Il y aura 30 personnes sur scène, toutes en costumes d’époque, des comédiens, des musiciens, des danseurs, de la magie, des gens qui vont voler partout dans la salle, et name it. La scénographie de ce spectacle-là va commencer sur le trottoir et se finir en arrière-scène. En ce qui me concerne, je veux essayer que les spectacles commencent avant les spectacles, que le spectacle soit un point culminant dans le processus expérientiel de l’événement. Pour ça, il faut que, dès qu’on arrive sous la marquise, on se demande ce qui se passe ici. Mary Poppins est un spectacle iconique, qui plait aux gens de 7 à 77 ans.»

Questionné au sujet du tollé médiatique qu’a généré sa décision de tenir des auditions ouvertes à tous pour combler les rôles de Mary Poppins, Serge Postigo a répété qu’il ne s’agit là que d’une tempête dans un verre d’eau.

«Pour moi, il n’y a pas de tollé, mais seulement quelques personnes qui se sont manifestées, a-t-il argué. Je vois en auditions des centaines de membres de l’UDA. Je ne dis pas quelques dizaines; je dis des centaines! J’aimerais qu’on me montre un spectacle à Montréal qui a vu autant de monde de l’UDA en auditions, membres et stagiaires. Et, en plus, je fais des découvertes extraordinaires. J’espère juste que ça va permettre une ouverture d’esprit. Il ne faut pas fermer la porte à qui que ce soit, membre de l’UDA ou pas. Comme l’a très bien dit Sophie Prégent, il ne faut pas oublier qu’avant d’être des membres de l’UDA, nous étions des non-membres…»

On devrait annoncer prochainement la distribution de Mary Poppins.

Pour en savoir plus sur la programmation du Théâtre St-Denis, consultez son site web officiel.

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