En déplacement à Vancouver pour un voyage d'affaires, l'ancien premier ministre Jean Chrétien n'a pas résisté, de son propre aveu, à l'envie de monter dans l'arène politique pour soutenir, le temps de quelques minutes, le chef libéral Justin Trudeau et quelques députés locaux.
« On ne peut pas dire que je sois officiellement en campagne, ce n'est pas le rôle d'un ancien premier ministre, a lancé d'emblée Jean Chrétien. Mais j'avais envie de participer quand même, remonter un peu sur le ring politique, j'aime ça », a-t-il confié en anglais, déclenchant les rires des journalistes et de la poignée de militants présents pour l'occasion.
À la question « Justin Trudeau vous a-t-il demandé de l'aide », Jean Chretien hésite avant de lâcher un « oui » franc. Et d'enchaîner immédiatement : « Mais je ne suis pas là pour ça. On dit de Justin qu'il n'est pas prêt, ce n'est pas juste », déclare-t-il.
Environnement privilégié
Selon lui, le chef libéral est tout à fait à sa place et possède assez de maturité et d'expérience pour être à la tête du pays. « D'abord, aucun d'entre nous n'a eu le privilège de dîner tous les soirs avec un premier ministre. Pierre Trudeau ne parlait sûrement pas de hockey en rentrant à la maison le soir », plaisante-t-il.
« Ensuite, ce n'est pas tout le monde qui avait comme grand-père Jimmy Sinclair, un grand politicien, ancien ministre de la Pêche, une grande personnalité », poursuit-il estimant que Justin Trudeau a baigné et bénéficié de cet environnement dès le plus jeune âge.
« C'est vrai, Justin n'est à la Chambre des communes que depuis sept ans. Mais Brian Mulroney n'y est passé qu'un an avant d'être élu premier ministre. Kim Campbell ? Quatre ans. Et même son vieux père ? Deux ans et demi... »
— Jean Chrétien
Parce qu'ils sont « plus modérés », « qu'ils regardent toujours des deux côtés de la barrière », Jean Chrétien estime que les libéraux sont le meilleur choix possible pour les Canadiens. « Et on a toujours fait cela dans les deux langues... pas comme certains que je ne citerais pas... comme Mulcair ! », a-t-il taclé.
Sur son intervention d'une trentaine de minutes, l'ancien premier ministre ne s'est toutefois pas exprimé en français.
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De meilleures relations avec la Chine
Dans un tout autre sujet, qui lui tient particulièrement à coeur, Jean Chrétien a également répondu à quelques questions concernant les relations entre le Canada et la Chine. « J'aimerais que le prochain premier ministre restaure de bonnes relations », a-t-il déclaré, se remémorant différents événements auxquels il avait participé.
« Un jour, 5000 personnes étaient réunies dans une grande salle à Pékin. Le premier ministre chinois a mis son texte de côté et a déclaré que le Canada était le meilleur ami de la Chine. Aujourd'hui nous sommes tout en bas de la liste et c'est terrible, notamment pour la Colombie-Britannique qui est notre porte sur le Pacifique », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il avait rencontré 17 fois le président chinois et qu'il avait été le premier dirigeant étranger à faire un discours sur les droits de la personne en Chine.