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À la Semaine de mode de Paris, Courrèges fait son retour, espérant de nouveau incarner la mode du futur

Semaine de mode: Des mini, du blanc et du vinyle... Courrèges est de retour
courrèges.com

Ayesha Tan Jones porte une frange verte et ne se serait pas épilée les aisselles depuis l'été 2013. Elle fait partie des nouveaux visages choisis par la maison de couture Courrèges pour la représenter. Comme Donnika Anderson qui pose aussi pour la marque française, elle fait partie de l'agence Antimodel qui met en avant des mannequins qui ne sont "pas des porte-manteaux mais ont de la personnalité".

C'est un vent de fraîcheur qui souffle sur cette maison de couture. Courrèges se voulait en avance sur son temps, en 2015, elle veut encore toucher du doigt cet idéal. Ce mercredi 30 septembre, le jeune duo de directeurs artistiques recruté en mai dernier, Sébastien Meyer et Arnaud Vaillant, organise son premier défilé, un événement annoncé comme l'un des moments forts de la semaine de la mode parisienne par Vogue et le Harpers Bazaar entre autres.

Courrèges a marqué les esprits. Dès son lancement, les créations d'André, l'ancien ingénieur des Ponts et Chaussées, ont été le symbole de la révolution vestimentaire des années 60. Il a imaginé une mode moderne voire même futuriste dans ses coupes comme dans le choix des matières, s'inspirant volontiers de la conquête de l'espace. Puis, lorsque son créateur a pris sa retraite en 1994, Courrèges s'est volontairement endormie, comme Balenciaga, Paco Rabanne, Carven ou encore Schiaparelli, avant elle, des maisons réveillées par de jeunes et dynamiques directions artistiques depuis.

Rachetée en 2011 par un duo de publicistes, la maison Courrèges a commencé à retrouver des couleurs par une remise au goût du jour de son image de marque grâce entre autres à sa campagne de publicité avec Kendall Jenner, la demi-soeur de Kim Kardashian, en partenariat avec la marque de cosmétiques Estée Lauder, le design de la bouteille Evian ou encore une collection capsule pour La Redoute. Jacques Bungert et Frédéric Torloting, les patrons de Courrèges ont aussi su préserver l'héritage d'André et de sa femme et bras droit, Coqueline en rééditant d'anciens modèles plus ou moins repensés.

Car c'est là tout le succès de cette marque dont l'héritage est aujourd'hui encore très vivace. La mini-jupe, le vinyle ou encore la petite robe blanche. Les créations de cette maison ont durablement inspiré les podiums et la rue. Retour sur cinq éléments phare du style Courrèges

La silhouette en A

André Courrèges aimait particulièrement créer des vêtements dans des tissus "lourds", comme la gabardine, dont la tenue restait intacte malgré le mouvement du corps. La silhouette en A, parfaite pour ses mini-robes et mini-jupes, lui était chère. Si les vêtements restaient en place, le corps de la femme n'était pas pour autant contraint. Les créations laissaient voir bien plus du corps des femmes que d'ordinaire, portées parfois sans soutien-gorge, les larges ouvertures sur le dos, sur les côtés tranchaient avec la mode d'alors.

La mini

Dévoiler les jambes des femmes, voilà l'une des grandes innovations de Courrèges. Qui de la styliste anglaise Mary Quant ou d'André Courrèges a le premier dessiné la mini, difficile de trancher. La création de la première remonterait entre 1962 et 1964, inspirée d'un modèle vu à Saint-Tropez ou d'une présentation d'André Courrèges à Londres.

Le vinyle

Décliné en blouson, trench, mini ou même sur les accessoires, le vinyle est l'un des éléments phare de style la maison. Paula Reed dans les 50 silhouettes qui ont changé les années 60 fait d'André Courrèges, "le créateur de l'ère spatiale", un qualificatif que l'on comprend d'autant mieux lorsque l'on regarde son choix de matériaux.

L'amour du blanc

Si Coco Chanel a créé la petite robe noire, André Courrèges est le père de la petite robe blanche. Ce choix chromatique est l'un des traits caractéristiques de ses collections.

Le pantalon

En 1965, le créateur présente pour la première fois une collection de pantalons pour femmes. Sûr de lui, il essuie pourtant de nombreuses critiques. "La conception actuelle de la mode est démodée, expliquait le créateur au Figaro en 1965. La féminité doit changer d'aspect. Je veux voir une femme différente. La vie a tellement évolué. Pourquoi la façon de vêtir une femme ne subirait pas aussi une évolution? On n'a qu'à voir vivre une femme. Elle veut être l'égale de l'homme, elle assume souvent autant de responsabilités. Elle va de l'avant. Pourquoi resterait-elle en arrière vestimentairement? Il ne s'agit pas qu'elle porte un pantalon comme un homme. C'est toute une garde-robe qu'elle devra changer. Je crois fermement que la future mode sera dans la "tenue pantalon" qui s'adaptera pour toutes les heures et toutes les circonstances". André Courrèges ne croyait pas si bien dire.

"Sa carrière a peut-être été de courte durée mais son influence a été sismique", écrit Paula Reed dans les 50 looks qui ont changé les années 60 aux éditions Taschen. Le duo de jeunes créateurs qui ont pris sa place à la tête de sa maison parviendront-ils à faire aussi bien? A l'heure où l'on découvre de l'eau sur mars et que le rêve spatiale n'a jamais été aussi près, l'horizon imaginé il y a 50 ans par l'ingénieur des Ponts et Chaussées pourrait bien devenir réalité.

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