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«La 6e extinction – Comment l'homme détruit la vie»: l'essai coup-de-poing d'Elizabeth Kolbert (ENTREVUE)

«La 6e extinction»: l'essai coup-de-poing d'Elizabeth Kolbert (ENTREVUE)
Barry Goldstein

Essai percutant sur l’anéantissement de notre planète, La 6e extinction a remporté le Prix Pulitzer 2015, figuré dans le top 5 des meilleurs essais du Time, du Washington Post, du Guardian, du Globe and Mail, du Wall Street Journal et du New York Times, en plus d’être au nombre des lectures estivales du président Obama. La version française du travail colossal mené par la journaliste Elizabeth Kolbert vient d’être publiée au Québec.

Dès leur tendre enfance, les êtres humains sont confrontés au concept de l’extinction, en s’amusant avec les dinosaures, ces énormes créatures disparues de la surface du globe. Paradoxalement, les années passent et ces mêmes humains devenus adultes adoptent une série de comportements, individuels et de masse, qui mènent leur propre espèce à la sixième extinction majeure que la Terre ait connue.

Un phénomène global annoncé par une baisse de la biodiversité. La plus récente ayant balayé les dinosaures et les autres espèces de la fin de la période géologique. La prochaine, décrite en détail par la journaliste du New Yorker spécialisée en environnement, serait la plus dévastatrice de toutes : celle de l’humanité. Une fin graduelle qui s’observe par la disparition de plusieurs espèces.

Extrait:

« On estime qu’un tiers de tous les coraux bâtisseurs de récifs, un tiers de tous les mollusques d’eau douce, un tiers des requins et des raies, un quart de tous les mammifères, un cinquième de tous les reptiles et un sixième de tous les oiseaux sont en voie d’extinction. »

Fascinée par cette sombre réalité, Kolbert s’est lancée dans une enquête sur l’histoire de la vie terrestre. Une aventure qui l’a menée au Panama, en Islande, dans les îles du Pacifique, au Muséum d’histoire naturelle de Paris et en Amazonie, où elle a rencontré nombre de scientifiques qui récoltent des indices de notre déclin.

Des spécialistes soulagés de sentir l’intérêt de la journaliste américaine. « Je crois qu’ils étaient heureux de rencontrer quelqu’un qui les écoutait et qui voulait partager leur message à un auditoire beaucoup plus large que le leur. Ils sont très inquiets de ce qu’ils constatent dans leurs études », révèle l’auteure en entrevue.

Aujourd’hui, la question qu’on doit se poser est la suivante : est-ce que les gouvernements, eux, sont suffisamment attentifs aux bruits de fond d’extinction qui résonnent aux quatre coins du globe? « C’est difficile à dire. Je sais que le président Obama a lu mon livre, du moins en partie, alors j’imagine qu’il est à l’écoute. Il y a également une grande conférence sur le climat qui aura lieu dès la fin novembre à Paris. Évidemment, je ne pense pas que ce soit en raison de mon livre, mais il y a certainement du mouvement à propos des changements climatiques qu’on ne voyait pas il y a seulement un ou deux ans. »

Malgré tout ce qui a été dit dans les médias sur la révolution climatique, une frange de la population nie encore le déclin annoncé et refuse de poser des gestes pour le contrer ou le ralentir. « Je n’ai pas grand espoir que la race humaine fera les changements nécessaires pour éviter l’extinction… affirme-t-elle sans détour. Ces changements doivent être réalisés à très grande échelle. Mais j’espère encore qu’on me contredise. »

Auteure de plusieurs livres aux titres dramatiques (Field Notes from a Catastrophe, The Ends of the Earth), Kolbert n’abandonne toutefois pas l’idée de conscientiser le grand public avec ses écrits. « Je crois que les livres sont de moins en moins puissants, mais ils obtiennent encore beaucoup d’attention de la part des médias. Alors je pense qu’ils sont encore de bons outils pour changer les perceptions. Le prix Pulitzer a d’ailleurs aidé à mettre en lumière mon sujet et à obliger des gens à y porter attention au lieu de l’ignorer volontairement. »

Bien qu’elle ait écrit son essai avec un ton alerte, empreint de curiosité et de simplicité, l’auteure livre tout de même une œuvre extrêmement documentée, avec une quantité astronomique d’informations rigoureusement vérifiées, mais potentiellement rebutantes pour une part du lectorat. Même si elle pense le contraire. « Il n’y a rien de très compliqué dans mon livre. Ce n’est assurément pas plus complexe que ce que les gens lisent dans le journal chaque jour. »

Le livre La 6e extinction: comment l’homme détruit la vie est disponible en magasins.

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